Initiation

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Celui qui m'a sauvée monte sur l'estrade et m'aide à me relever. Je tiens à peine debout. Une fois que j'ai retrouvé mon équilibre, il me guide jusqu'en bas, puis vers une charrette que je deviné la sienne.

Tous les regards nous ont suivit mais je n'y prête aucune attention. Une seule question tourne dans ma tête : pourquoi a-t-il fait ça ? Je ne suis personne ici. Qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire que je meure ou non ?

Il me tend une gourde, et je m'empresse d'y boire le plus que je peux. Il m'arrête cependant bien avant que je sois désaltérée.

– Doucement, me dit-il. Je t'en redonnerai dans quelques minutes.

Je le laisse m'aider à m'asseoir à l'arrière de la charrette, et je pose enfin ma question :

– Pourquoi m'avoir aidée ? Je... Enfin vous ne me connaissez pas...

– Eh bien, d'abord je pense qu'il est stupide de gaspiller de la main d'œuvre, et ensuite tu as air intéressante à avoir et pour finir j'ai réellement besoin de bras chez moi.

J'accepte sa réponse d'un hochement de tête. Je n'ai pas envie de décevoir cet homme qui vient de me sauver la vie.

– Bon, en route.

Il monte à l'avant de l'attelage et fait claquer les rênes. La cariole de met en branle et je remarque qu'il a laissé la gourde à ma portée. Je bois à nouveau de longues gorgées du liquide salvateur. Je me sens déjà mieux. Le bruit des sabots sur la terre et le balancement du véhicule me bercent et je finis par m'endormir, épuisée par les derniers jours et les émotions des dernières minutes.

J'ouvre à nouveau les yeux alors que le soleil est à son zénith. Nous roulons toujours mais en me tournant vers l'avant je vois un grand bâtiment à environ deux cent mètres.

Nous nous arrêtons devant et mon nouveau propriétaire me demande de descendre d'un geste.

J'obéis, puis je le suis à l'intérieur de la bâtisse en bois.

Une fois la lourde porte franchie, nous sommes dans un vestibule à la décoration sobre et aux murs blancs. Il y a seulement un porte-manteau dans le coin à droite, et un meuble sur le mur de gauche.

L'homme ne s'y attarde pas et ouvre la porte située juste après le porte-manteau.

Je le suis toujours, et nous débouchons dans une cuisine spacieuse. Il y a des plans de travail et des placards sur tous les murs, le milieu de la pièce étant occupé par une grande table en bois.
Sur le mur en face de nous, une ouverture donne sur une salle à manger encore plus grande.

L'homme tire un rideau devant l'ouverture et se penche ensuite pour fouiller dans un placard. Il en ressort un beau morceau de pain et du fromage, qu'il pose sur la table dans une assiette.

– Mange, mais fais doucement. Je ne veux pas que tu sois malade. Quand tu as finis, lave l'assiette, range la et rejoins moi dans la pièce de l'autre côté de l'entrée.

Il passe devant moi et ressors, refermant derrière lui.

C'est étrange. On dirait qu'il me fait confiance. Je n'ai absolument pas l'intention de désobéir à ses ordres, mais ça me paraît presque trop facile pour quelqu'un qui en aurait envie.

Mais la nourriture sur la table m'appelle, et je cesse de réfléchir plus avant. Je m'assois et mange, en essayant d'aller le plus lentement possible. Je termine tout de même ce repas en très peu de temps.

Je nettoie ensuite l'assiette dans l'évier, la sèche puis la remet dans le placard avec les autres.
Je quitte la cuisine presque à regret et ferme le battant avant de traverser la pièce d'entrée et de toquer à l'autre porte.

L'homme me répond d'entrer, ce que je fais. Je suis dans une salle de travail, occupée en grande partie par un immense bureau de bois sombre couvert de divers papiers et documents. Les murs sont couverts d'étagères pleines de livres volumineux reliés de cuir. Il y a une seule fenêtre, sur le mur de gauche, et en face, une grande carte du monde est accrochée au mur, avec toutes les îles connues aujourd'hui.

L'homme est assit sur un fauteuil de l'autre côté du bureau, face à moi, en train de lire.

Il lève les yeux vers moi et dit :

– Bon, tu dois savoir quelques petites choses avant de commencer à travailler. D'abord, je m'appelle Denoran, mais pour toi ce sera "maître" ou "monsieur".

Je décide immédiatement que ça sera monsieur. Il m'a certes sauvé la vie, mais je n'ai pas envie de lui appartenir totalement. Et ce sera ma façon de le montrer. Il continue ses explications :

– Ensuite, je vis ici avec mon fils, Falek, qui a droit au même titre que moi. Il y a d'autres esclaves ici, pour s'occuper de la ferme et des champs. Tu feras la cuisine avec Aren et Gastin lors des heures de repas. As-tu une idée de comment être utile en dehors de ces heures ?

– Eh bien... Je peux m'occuper des animaux si vous en avez, surtout les chevaux. Je peux faire le ménage.

– Bien, tu feras tout ça. Je vais te faire faire le tour de la propriété, puis tu te mettras au travail, il va falloir nourrir le bétail.

Il se lève et passe devant moi.

Nous franchissons la porte du hall que je n'ai pas encore empruntée. Elle donne sur un long couloir éclairé par des torches à intervalle régulier. Des portes s'ouvrent de chaque côté et il me les désigne au fur et à mesure : les dortoirs où nous dormons, la salle d'eau commune, ses appartements à lui et ceux de son fils à l'étage, la bibliothèque...

Il y a une autre porte au bout du couloir, qui donne sur une cour recouverte en grande partie d'un potager, et fermée par des écuries à droite, une étable à gauche et en face par une très grande grange où doit être stocké une montagne de vivres.

– Voilà donc l'endroit où tu passera le plus de temps je pense. Je vais te confier à Aren qui t'apprendra les bases de l'entretient du bétail ici.

– D'accord... Merci beaucoup monsieur. Pour tout.

Il a l'air de comprendre que c'est surtout pour m'avoir sauvé là vie que je le remercie. Je me surprends à penser que la vie dans cet endroit n'a pas l'air si horrible, que je pourrais m'y faire. Si seulement ma sœur était ici aussi... Mais je refoule ces pensées négatives pour l'instant. Je dois me concentrer sur mes futures tâches.

Aren est une femme d'une quarantaine d'année, au cheveux noirs bouclés et aux yeux d'un vert magnifique. Elle m'accueille gentiment et je l'aide à nourrir les Fardunosts*, élevés pour leur viande. Nous passons ensuite à l'entretient des équipements équestres, selles, brides... qu'elle n'a pas besoin de m'apprendre, et nous terminons par l'entretient rapide du potager et la cueillette des légumes pour le repas du soir que nous allons préparer.

Nous sommes rapidement rejointes à la cuisine par Gastin, un garçon qui doit avoir une quinzaine d'années et qui était en train passer le balais à l'étage.

Nous faisons la cuisine tous ensemble dans une ambiance plutôt légère, nous servons ensuite le repas à nos maîtres avant de manger à notre tour dans la cuisine.

Le soleil est couché depuis longtemps lorsque nous allons enfin nous coucher, et je m'endors comme une masse, encore affaiblie par les derniers jours et fatiguée par le travail de l'après-midi.


* Les fardunosts sont le bétail le plus courant de ce monde. Ce sont de grands herbivores qui mesurent environ deux mètres au garrot et qui possèdent de petites cornes comme celles des girafes.

Salut à tous, alors oui ça fait presque une semaine que je n'ai rien posté, mais faut pas m'en vouloir j'ai été un peu surbookée et en manque d'inspiration ces derniers jours^^ Et puis je ne me suis pas imposé de rythme donc je fais ce que je veux au pire^^

Quoiqu'il en soit, j'espère que ce chapitre vous plaira, comme d'habitude, et n'hésitez pas à me laisser vos avis/questions/remarques en commentaires et je vous dit à bientôt !

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant