Promenade

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Mes journées étaient rythmées par le pas tranquille de mon cheval, entrecoupé de grands galops durant lesquels j'étais penchée sur son encolure, debout sur mes étriers. À aucun moment je ne me sentais plus libre qu'ainsi, les cheveux au vent.

Cela faisait plusieurs jours que je n'avais pas vu âme qui vive et le paysage, vierge de toute influence humaine, était presque magique. Je me dirigeais vers les montagnes qui se découpaient au loin sur le ciel, et autour de moi défilaient en alternance prairies et forêts. Je croisais parfois des animaux qui, pour mon plus grand plaisir, ne s'enfuyaient pas à mon approche.

J'atteignis le fleuve le quatrième jour, et en arrivant sur les berges de ce géant, j'arrêtai un moment mon cheval, contemplant la force déployée par l'eau pour se frayer un chemin jusqu'à la mer. Je repris ma route en longeant la rive, le temps de trouver un pont, et traversai deux jours plus tard, sur une veille arche de pierre, inutilisée depuis des années mais toujours solide.

Je me tournai à nouveau vers les montagnes, toujours sans me presser. Personne ne m'attendait avant au moins une semaine, et si tout se passait comme prévu j'avais encore seulement 4 ou 5 jours de voyage. J'étais partie il y a déjà trois semaines de cela, pour un périple qui devait me montrer tous les aspects de mon pays. Cela faisait partie de ma "formation", et tous ceux qui m'ont précédée en sont passés par là à mon âge.

J'avais cependant choisi un itinéraire qui, s'il remplissait cet objectif, me permettait aussi de passer un long moment seule, car la vie en ville et la tension constante qu'elle induisait commençaient à me rendre folle. Je m'étais donc réservée une dizaine de jours de solitude pour me relaxer et profiter simplement de la nature. Cette coupure m'avait fait le plus grand bien, mais l'idée de reprendre mes obligations me crispait involontairement, et Dune le sentait bien. Je me forçai donc à chasser ces pensées de mon esprit.

Ce fut chose faite lorsqu'il apparut devant moi. Il était magnifique.

Non. Plus que ça. Aucun mot ne pouvait décrire ce déploiement de puissance et de grâce légère. Bleu marine, presque noir sur le dos. Ses yeux flamboyaient, alors qu'il remontait du grand canyon que j'étais sur le point de traverser en battant de ses ailes immenses.

Dune fit un brusque écart qui me ramena à la réalité. Seules les longues années de pratique et mon entente quasi parfaite avec ma monture m'avaient maintenues en selle. Je savais que nous ne risquions rien, les dragons se nourrissent de petits oiseaux volants en grands groupes, à l'image des baleines dans l'océan. Sauf que les baleines ne mangent pas le krill rôti.

Il se posa non loin, et je continuai ma route, mes soucis complètement sortis de la tête par la magie de cette rencontre. Je ne cherchai pas à m'approcher du prédateur, car même si je ne figurais pas à son menu, je ne voulais pas risquer de l'énerver. Je ne pus cependant pas m'empêcher de jeter un coup d'œil derrière moi, et je vis une flopée de bébés voleter autour de leur mère. Elle avait dû m'entendre arriver et venait protéger son nid. Voyant que je n'étais pas une menace, elle m'avait simplement laissée passer.

Mais la véritable aventure commence trois jours plus tard, alors que...

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant