Préparation

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Nous marchons le reste de la journée et quelques heures plus tard nous arrivons dans une partie de la forêt qui nous met très mal à l'aise toutes les deux. Même Ashkore regarde autour de lui avec circonspection, lui qui pourtant n'a aucun prédateur naturel.

Les arbres sont morts ou mourants, les nuages s'accumulent au-dessus de nos têtes et la tension monte un peu. Pour une raison inconnue, ce lieu ne me plaît pas du tout. L'ambiance qu'il dégage est très mauvaise mais je ne sais pas définir pourquoi.

Soudain, j'aperçois un mouvement à la limite de mon champ de vision.

Je sursaute et me tourne dans cette direction en faisant signe à Larina de s'arrêter. Mais j'ai beau scruter le sol et les arbustes, je ne vois rien. La tension monte d'un cran, l'adrénaline coule dans mes veines... mais je ne vois rien de suspect.

Je commence à croire que j'ai rêvé quand mon protégé tourne lui aussi la tête dans cette direction.

Quelques secondes plus tard, il se précipite brusquement vers l'endroit où j'ai vu le mouvement. Il enfoui la tête dans un terrier que je n'avais pas remarqué et ressort avec un rongeur dans la gueule.

Il le lance en l'air et le rattrape avant de l'avaler d'un seul coup en rejetant la tête en arrière comme le font les oiseaux.

Alors ce n'était que ça ? J'éclate de rire, imitée par ma cadette qui stressait également.

Je me sens un peu stupide d'avoir eu peur pour si peu, ceci dit l'ambiance n'incite vraiment pas à la sérénité, et l'adrénaline qui coule dans mes veines me rend un peu paranoïaque je crois.

Mais pourquoi je m'inquiète autant ? Nous avons un dragon. Il est déjà suffisamment gros pour dissuader la grande majorité des prédateurs de nous attaquer, et ce qui reste ne vit pas dans ce genre d'endroits.

Nous nous remettons donc en marche d'un pas un peu plus léger sans remarquer la fine silhouette qui se glisse entre les troncs à bonne distance derrière nous.

Nous finissons par voir la mer, et au bord, des maisons. La pierre claire qui compose les bâtiments contraste avec le noir du ciel au dessus. Le soleil se couche, et la lumière est magnifique. Mais nous allons devoir essuyer un orage et il vaut mieux que nous soyons à l'abris avant le début de l'averse.

Cependant en arrivant dans le village, nous nous rendons compte qu'il n'y a personne. Et la plupart des maisons sont effondrées. Ce sont des ruines.

Nous entrons rapidement dans un bâtiment au toit encore intact alors que les premières gouttes de pluie commencent à tomber.

Ashkore a heureusement la place d'entrer avec nous, mais nous sommes un peu serrés.

Nous mangeons les quelques fruits que nous avons trouvés sur la route pendant la journée et nous nous couchons. Je m'endors donc contre le dragon, et c'est une sensation étrange d'avoir un si gros animal qui veille sur nous. Mais je me sens en sécurité, avec sa queue repliée autour de Larina et moi.

Nous ne veillons pas à tour de rôle cette nuit-là, et le lendemain nous somme réveillées par le lever du soleil sur la mer.

Nous avalons rapidement un petit déjeuné fait des restes d'hier puis nous repartons, laissant Ashkore s'éloigner de temps à autres pour chasser.

Observer les battements lents et puissants de ses ailes, sentir la rafale de vent qu'elles provoquent quand il décolle ou atterrit, tout cela me touche profondément, et j'ai une grande envie de l'enfourcher pour connaître cette sensation de voler. Je me promets intérieurement qu'un jour je le ferai.

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant