Discussion

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– Je... que demandez-vous ?

L'Anatare est la chose la plus précieuse que chacun de nous, et même si elle est pleine de certains souvenirs qui disparaîtrons à jamais si elle est détruite, je ne peux pas risquer de promettre n'importe quoi en échange.

– Eh bien... pas grand chose à vrai dire. J'ai déjà envoyé une demande de rançon à ton père. Il la paiera et tu rentrera chez toi. Tout ce que je veux de plus, c'est que tu instruise ton peuple. Je sais qui tu es, même si tu n'as pas dit ton nom, Jana. Tu es l'héritière du chef de la surface. C'est un grand roi, même s'il me méprise. Donc, je te demande d'apprendre ce que tu pourras sur nous le temps que ton père envoie l'argent pour te récupérer, et que tu le répète fidèlement à vos sujets.

Je comprends ce qu'il veut, et le lui offrirait très volontiers, malheureusement mon père ne sait pas ce que je viens de découvrir, et, comme l'a dit leur roi, il méprise les Yrrkshs. Pour lui ce sont des bêtes. Il ne m'écoutera pas, et ne me laissera pas parler dans le bon sens à notre peuple. Quant à la demande de rançon...

– J'aurais vraiment voulu accepter, mais mon père préfèrera venir avec une armée pour me libérer que vous envoyer l'argent que vous demandez. Sa plus grande armée.

– Dans ce cas tu prendras ta vraie valeur d'otage.

Cette réponse, directe, me rappelle à qui j'ai affaire. Ce roi m'a surprise par sa connaissance, mais je ne dois pas oublier que nous sommes encore ennemis, et que je suis captive. Ma position aurait dû suffire à ce que je ne l'oublie pas.

– Si tu me promets qu'en rentrant chez toi tu parleras de nous à ton peuple, tu récupère ta pierre. Sinon, je l'écrase. J'ai entendu quelque part que le propriétaire de la pierre détruite souffrait beaucoup. Certains en ont même perdu la raison.

Je baisse les yeux une seconde pour réfléchir puis me redresse :

– Par tous les dieux, passés présents et à venir, sur mon honneur je vous le jure.

C'est le serment rituel de notre peuple. J'aurais pu dire les leur, mais je ne les connais pas, et je pense qu'il sait que cette formule aura plus de valeur pour moi que des mots prononcés dans une langue que je ne comprends même pas.

–Très bien, dit-il. Debout.

Je me relève donc, et le roi fait signe au garde toujours derrière moi je me détacher. Je lui suis reconnaissante, bien que je ne sache pas pourquoi il fait cela.

Puis il lance le pendentif vers moi négligemment. Je le rattrape de justesse par la chaine, et j'ai peur pendant un instant qu'il ne se brise en glissant sur les maillons, mais j'ai de la chance. Il reste intact.

Je le rattache autour de mon cou, et le flot de douce énergie qui m'envahit me fait pousser un soupir de soulagement. Je ferme les yeux quelques secondes. Le poids familier du cristal autour de mon cou me rassure également. Cela doit se voir, car le roi Yrrksh éclate d'un rire moqueur :

– Que la vie doit être triste quand elle dépend d'un simple caillou... L'entrevue est terminée. Elle servira au cuisine en attendant la réponse de son père. Ne la maltraitez pas, mais je veux qu'elle n'ait pas la moindre occasion de tenter de s'enfuir.

Il a parlé dans ma langue pour que je sache le sort qu'il me réservait, mais il s'adressait à l'interprète, qui traduit pour le soldat. Ce dernier me prend par le bras sans douceur, et m'entraine avec lui dans une nouvelle suite interminable de couloirs...

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant