Intervention

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C'est aux premières lueurs de l'aube que je sors du sommeil.

Les gens commencent à circuler dans les rues mais nos gardiens ne sont toujours pas sortis de leur maison.

Les autres prisonniers dorment toujours, je suis donc seule avec mes pensées.

Erwin me manque. Toute mon ancienne vie me manque en fait. Je prends la pierre autour de mon cou entre mes doigts, et ma peine reflue un peu, aspirée par le collier.

Je sais qu'elle reviendra à chaque fois que je repenserais à ce moment mais pour l'instant je veux juste la paix intérieure, que l'Anatare peut m'offrir.

Je remarque à ce moment seulement qu'aucune des personnes que j'ai vues sur cette île n'en porte. Il ne doit pas y avoir de gisements ou alors ils n'ont pas découvert les propriétés de ces pierres.

Je sors de mes réflexions en entendant les deux hommes revenir. Ils me dévisagent sans aucune sympathie et je leur rends leur regard, ce qui me permet de mieux les détailler.

L'un est plutôt chétif, bien que plus grand que moi. C'est celui qui menaçait ma cadette quand ils nous ont eues. L'autre est bien plus costaud et me paraît encore plus vicieux que son complice.

Ils réveillent les autres prisonniers en les secouant sans douceur, et tout le monde se remet debout.

Nous avons droit à un bout de pain chacun, puis l'attente reprend, exactement comme la veille.

Sauf qu'à un moment dans la matinée, un homme assez vieux s'arrête et négocie également avec le plus petit des deux hommes.

Cela n'aurait eu aucune importance si je n'avais pas vu que c'est ma sœur qu'il désigne.

Mon cœur accélère. Je ne peux pas les laisser nous séparer ! Je vois le plus petit des deux hommes s'approcher d'elle après un signe de tête de l'autre, et commencer à défaire la chaîne qui la retient pour lui passer des liens plus propices au voyage.

Je ne réfléchis même plus et saute sur son dos en criant, complètement paniquée :

– Lâchez-la !

Ce mouvement m'est permis car les chaînes sont assez longues pour nous permettre de faire nos besoins derrière l'estrade.

L'homme tente de me décrocher, oubliant ma sœur par la même occasion. Mais je suis bien agrippée, et rien me fera lâcher.

Il tire sur ma tunique, espérant me faire venir avec, mais je serre les jambe autour de son torse sans même m'en rendre compte.

Mais il y a une chose dont je n'avais pas conscience : je montais à cheval depuis ma plus tendre enfance. Et cela avait doté mes jambes d'une force que je ne soupçonnais pas.
Je sens soudain des côtes céder sous mes cuisses. L'homme tombe et je roule un peu plus loin, encore étonnée de ce que je viens de découvrir et à moitié sonnée par ma chute. La scène à duré moins d'une minute.

Je reprends mes esprits au plus vite. La sanction ne va pas tarder à tomber.

Larina est détachée, et je lui hurle de s'enfuir pendant que le deuxième homme s'empare de moi et m'entraîne derrière l'estrade. Elle n'a pas l'air de m'entendre. Elle doit être choquée par ce que j'ai fait.

J'ai le temps de voir des clients se précipiter pour secourir le gardien et lier à nouveau ma cadette à l'estrade avant de passer en bas et que la place disparaisse de ma vue.

Les larmes coulent en cascade sur mes joues, je ne suis même pas sûre de savoir pourquoi.

L'homme qui m'entraîne prononce ses premiers mots en m'attachant solidement à un des piliers de bois qui soutiennent la structure d'exposition des esclaves :

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant