Fuite

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Je me réveille en sursaut, les restes de mon cauchemars toujours dans la tête. Je ne m'en souviens pas, seule reste une sensation de danger. Sensation qui ne disparaît pas une fois que j'ai retrouvé mon calme. Je me sens observée, et après un rapide coup d'œil je vois bien que ce n'est pas mon amour, qui dort paisiblement près de moi. Je me lève donc doucement pour ne pas le réveiller et me rends à la fenêtre. La sensation est toujours là, et je me dis que l'assurance que personne ne nous observe des jardins me rassurera.

Sauf que c'est tout le contraire qui se produit. Un homme habillé en noir est en train d'escalader la façade. Ce n'est qu'en baissant les yeux après quelques secondes que je le repère. Heureusement, la fenêtre est restée fermée, il n'a donc pas vu que je l'ai repéré.

Un pic d'adrénaline me fait réagir au quart de tour. Je fonce vers le lit et réveille rapidement Erwin en le secouant. Je lui explique en chuchotant :

– Un homme escalade le palais. Il va entrer, j'en suis sûre. Il faut partir, maintenant !

Il se réveille immédiatement, sur ses gardes lui aussi. Il va jeter un rapide coup d'œil à la fenêtre, puis me prends la main et sors de la pièce sans un mot. Il m'entraine vers la porte arrière du château, mais je le retiens.

– Non ! Ma mère et ma sœur sont toujours là !

Je vais donc réveiller rapidement ma famille et leur explique la situation. Mère hésite à nous suivre, mais à ce moment on entend un bruit de verre brisé venant de la pièce d'à côté - ma chambre et celle d'Erwin -.

Un soldat entre à ce moment là dans la chambre, sans frapper. Il dit, essoufflé :

– On a repéré plusieurs individus s'infiltrant dans le palais. Je ne sais pas comment c'est possible mais ceux des remparts n'ont rien vu. Ils doivent dormir. Je m'en occuperai dès qu'on se sera occupé de ces assassins. Vous devriez partir en attendant que le crise soit passée.

Elle comprends à ce moment-là l'urgence de la situation et se lève elle aussi à toute vitesse.

– Les enfants, partez maintenant. Il ne sert à rien que je vous suive, je ne suis pas en danger.

Elle tourne ses yeux vers moi :

– C'est après toi qu'ils en ont. C'est certain. Par sécurité, partez tous les trois, trouvez un bateau et quittez l'archipel. Je pense que ces gens en veulent à ton titre, Jana... et ils ne s'arrêteront que quand ils t'auront eue.

Elle prend le temps d'aller fermer la porte à double tour. Des cliquetis inquiétants émanent de la serrure sans qu'elle ait le temps de reprendre la parole.

Ma mère prend alors la main de ma sœur et nous fait signe de la suivre discrètement vers son armoire, qu'elle ouvre. Elle déplace quelque chose à l'intérieur, et un passage s'ouvre dans le fond du meuble.

C'est un passage dont je ne connaissais pas l'existence, mais je suis ravie de l'apprendre aujourd'hui. Nous nous engouffrons tous dedans, et ma mère referme derrière nous.

Nous commençons à ce moment-là à entendre le fracas des armes de l'autre côté de la porte du passage. Puis un bruit sourd, et des pas s'approchent.

La torche que ma mère a pensé à prendre éclaire un tunnel assez étroit mais suffisamment haut pour que nous n'ayons pas à nous baisser.

Nous avançons en courant pendant environ cinq minutes dans ce passage, et quand Erwin arrive à un cul-de-sac, ma mère lui souffle qu'il y a une poignée à gauche de la porte.

Mon promis ouvre cette dernière avec facilité et nous débouchons dans l'arrière-cour du château. Nous allons ensuite jusqu'au portillon qui permet l'entrée et la sortie des marchands et autres vendeurs.

Nous faisons signe aux hommes qui sont sur les remparts, et l'un d'eux descend en vitesse dès qu'il nous reconnaît.

– Il y a un problème, Ma Dame ?

Il s'adresse à ma mère, et elle lui répond rapidement :

– Oui. On s'est introduit dans le palais. Je veux que tu prévienne tous les  soldat, qu'ils partent à la recherche de l'intrus. Va aussi faire seller nos chevaux. Nous vous attendront dehors. Ramène trois hommes et Jaren avec toi.

– Bien Ma Dame.

Il part en trombe, visiblement désolé de n'avoir pas repéré l'agresseur.

L'idée d'emmener Jaren avec nous est bonne, c'est le commandant de la garde, et il nous protègera.

Nous sortons donc, pour que si l'assassin est toujours à notre recherche à l'intérieur il ne puisse pas nous trouver, et nous attendons à une centaine de mètres de l'enceinte.

Les soldats arrivent peu de temps après, tenant nos chevaux par la bride.

Nous enfourchons chacun notre monture, après que Jaren nous ait confirmé qu'il avait prit de la nourriture pour arriver jusqu'à la fin du voyage.

Car quand ma mère a donné ses ordres, j'ai compris qu'elle veut que nous partions vraiment loin. Mais je n'ai pas l'intention d'abandonner l'île après une simple tentative de meurtre. Je ne savais pas que des gens voulaient ma mort, mais j'aurais dû m'en douter et être plus prudente. Surtout après les derniers mots de mon père.

Je me rends cependant bien compte que je ne peux rester au château cette nuit, tant que la personne qui s'y est introduite n'a pas été retrouvée.

Je décide donc d'aller jusqu'au port avec eux, mais je resterais ensuite pour prendre ma place. Je ne peux pas fuir comme cela au moindre problème, c'est tout simplement hors de question. Je sais que nous serons à destination demain matin très tôt. La cérémonie est censée commencer demain soir, j'aurais donc le temps de revenir ici avant le début.

J'ai suivi les autres qui se mettent en route en réfléchissant, mais ils ne ménagent pas leurs montures. Je fais donc partir Dune à leur poursuite et les rattrape au galop.

Nous galopons ou trottons tout le trajet, sans qu'un seul mot soit échangé. Tout le monde est tendu, et tous ont envie d'arriver au port le plus vite possible.

Nous arrivons donc quelques heures plus tard, le soleil n'est pas encore levé. Nous avons vraiment mené un train d'enfer et tous les chevaux sont trempés de sueur. Je descends et m'avance vers ma mère en tenant toujours Dune par la bride.

– Mère, je vous remercie de vouloir nous mettre en sécurité, mais je ne peux pas quitter l'île. J'ai un devoir à accomplir ici, je ne peux pas le fuir. Ces gens ont besoin de moi. Et ce n'est pas parce qu'un fou a tenté de me tuer que je dois renoncer. Au contraire, je dois être là demain à la cérémonie, et montrer qu'ils n'ont pas réussi à m'atteindre.

– Mais Jana ils réessaieront. Et un jour ils risquent de réussir.

– Cela n'arrivera pas avant que j'ai un héritier, je peux prendre des précautions pour cela.

Je reçois alors un énorme coup sur la tête et la dernière chose que je vois avant de m'évanouir, c'est ma sœur et Erwin qui s'effondrent à leur tour.

Et puis le noir.

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant