Soulagement

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Quelques jours après l'enterrement, Erwin revient de sa visite à son grand-père à quelques îles d'ici avec ses parents et son grand frère. Il apprit la nouvelle dès son arrivée et me rejoignit immédiatement dans notre chambre.

Il entre en coup de vent et vient s'asseoir près de moi sur le lit, m'attirant à lui pour que je pose ma tête sur son épaule.

– Tu vas bien ? Me demande-t-il, inquiet.

J'esquisse un sourire à la vue de son empressement. Il a toujours su me faire rire, depuis que nous sommes enfants, et personne ne me  remonte le moral comme il le fait.

– Mieux depuis quelques secondes. Non, plus sérieusement ça va... au fond on s'y attendait un peu. Mais ça reste difficile à digérer... Même si tout ce qu'il y a à faire m'occupe l'esprit et m'aide à passer à autre chose.

Il soupire. La perte de celui qu'il considérait comme un deuxième père l'affecte également, je le vois bien. Je vois également qu'il culpabilise, pour une raison inconnue.

– J'aurais dû être là. Finit-il par dire. Pour lui. Mais surtout pour toi. Je suis désolé mon amour.

– Tu ne pouvais pas savoir.

Je dépose un baiser sur ses lèvres, qu'il me rend. Nous ne nous éternisons cependant pas dans cette voie. Aucun de nous n'en a vraiment envie en ce moment.

Je lui prends la main et l'aide à se relever.

– Allons manger, lui dis-je. Tu dois être épuisé du voyage. La mer n'a pas été trop agitée ?

C'est à son tour d'esquisser un sourire.

– Ne t'en fais pas ça c'est très bien passé. Mon grand-père va bien, pour son âge, et le tien a été le plus accueillant possible, tout comme ton oncle. Ils ont dû apprendre la nouvelle d'ailleurs maintenant... Je pense qu'ils sont déjà en route.

Il a sûrement raison... les derniers mots de mon père à mon intention me reviennent subitement alors que nous nous engageons dans le couloir. Si effectivement il vient ici, je vais devoir être prudente.

Je me prends à espérer que ces mots ne soient dus qu'aux délires de l'agonie, mais quelque chose me souffle que ce n'est pas le cas. Je décide cependant d'attendre son hypothétique arrivée pour m'en préoccuper, je serai attentive à ses intentions voilées et tenterai de le percer à jour. Mais pas ce soir.

Je suis ravie de retrouver l'homme que j'aime malgré la tristesse qui m'étreint toujours de temps à autres, et je compte bien en profiter pour me changer les idées. Et puis, l'avenir de l'île repose sur ma capacité à ne pas laisser la peine affecter mon travail, il est donc primordial que je reste forte.

Nous arrivons dans la salle à manger sans échanger un mot de plus, et sans que nos mains se soient séparées non plus. Nous sommes simplement heureux de nous retrouver et savourons la présence de l'autre, son odeur, la texture de sa peau.

Le repas se passe dans une relative bonne humeur, puisque la famille de mon aimé est moins affectée que la mienne par la perte qui vient de secouer le château. Ils se montrent cependant très compatissants envers moi et me prient de transmettre leurs condoléances à ma mère et à ma sœur.

Une fois que les assiettes sont vides, nous remontons dans nos appartements. Je fais seulement un crochet pour remettre le message de ma future belle-famille puis rejoins mon aimé au lit.

Nous discutons quelques temps avant de nous coucher sereinement l'un contre l'autre. Je ne m'étais pas sentie aussi bien depuis la mort de mon père, et le fait que je formule clairement le mot dans ma tête veut bien dire que je suis en bonne voie pour me remettre. Et c'est une très bonne chose car je dois être officiellement intronisée le lendemain.

Toute la cérémonie est prête depuis le jour du décès mais j'ai absolument tenu à attendre le retour de mon promis. Comme maintenant il est là je n'ai plus d'excuses pour me défiler.

Car oui, cette cérémonie me donne un trac comme jamais je n'en avais connu avant. Certes j'ai déjà endossé le rôle depuis longtemps officieusement, mais prendre vraiment mes responsabilités, avec le sceptre et tout le reste... ça me fait peur.

Je dors pourtant comme un demong* dans les bras de mon aimé, comme à chaque fois qu'il est près de moi dans notre grand lit. Je me rends compte seulement maintenant à quel point son absence des dernières semaines m'a pesé.

C'est sur la pensée qu'il est maintenant à mes côtés et le sourire qu'elle fait fleurir sur mes lèvres que je m'endors.





* Les demong sont des mammifères hibernant plus de la moitié de l'année, ne s'éveillant qu'au plus fort de l'été pour emmagasiner le plus de nourriture possible. Ils ont environ la taille d'un chat mais leur morphologie et plus porche de celle des rongeurs de notre monde.

Voilà, un chapitre moins long que le précédent et toujours avec peu d'action mais je vous l'ai dit ça va arriver sous peu, ne vous endormissez pas encore^^

Je vous dis donc à dans quelques jours pour la suite, qui j'espère vous plaira autant que le début de l'histoire !

P.S. : je ne le dis pas souvent, mais n'hésitez pas à laisser vos avis, remarques, questions et critiques en commentaires, ils sont toujours les bienvenus !

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant