Enseignement

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Les questions sont très théoriques, et grâce à la formation que j'ai reçue en tant qu'héritière d'Edonis, je me débrouille bien à part pour tout ce que qui est maniement des armes. En effet, même en théorie je n'ai jamais rien appris de cette discipline complexe. Et j'avoue que cela m'angoisse un peu de prendre des coups, mais je garde à l'esprit que je n'arriverai à rien chez moi sans me battre.

Après le test, le directeur m'explique que les élèves logent dans un internat qui prend toute une aile du bâtiment, assez proche de la salle des dragons. Les chambres sont petites mais individuelles, et les repas se font en commun dans une grande salle du rez-de-chaussée.

La principale difficulté pour moi sera de m'intégrer aux autres jeunes, car je ne serai pas dans la même classe pour toutes les disciplines, et que l'année est déjà bien entamée pour eux.

Cela dit, mon emploi du temps sera au final basé essentiellement sur l'apprentissage des armes et du temps passé avec Ashkore, car j'ai déjà eu les connaissances dans les autres matières de par ma naissance.

Je dois commencer le lendemain, et j'avoue avoir hâte, malgré une certaine angoisse.

En attendant, le directeur me présente un élève en quatrième année du nom de Tumael, qui aura pour tâche de m'aider à m'intégrer et de me donner des "cours" de soutien si besoin.
Nous passons l'après-midi tous les deux, Aren étant rentrée chez elle et Larina étant avec sa propre mentor.

Nous commençons donc par visiter intégralement le bâtiment, et je suis impressionnée par la taille des salles, mais aussi par les connaissances de mon guide sur l'histoire de cette île et plus particulièrement de cette ville : chaque pièce entraine une ou plusieurs sur tel meuble ou tel tableau, ou même sur la vue que nous offrent les grandes fenêtres.

Il me montre également une chambre parmi les autres, petite mais bien agencée, et qui a une vue magnifique jusqu'à la mer. Je n'ai pas d'affaires à poser, mais je prends soin de retenir l'endroit où elle se trouve et je me promets de tenter de trouver un moyen de gagner de l'argent pour me refaire une garde-robe.

Ensuite, Tumael tient à me présenter sa dragonne noire, Anou.

Nous nous rendons donc dans la salle où les grands animaux peuvent se reposer et Ashkore me rejoint en me voyant entrer pendant que Tumael appelle sa dragonne, un peu plus grande que le mien.

Ashkore m'arrive presque à l'épaule, tandis que la femelle noire fait quasiment ma taille.

Elle sent la main que je lui tends avec intérêt et souffle bruyamment, ce qui nous fait rire.

– Elle t'aime bien on dirait, dit-il ! Tu veux aller voler ?

– Oh, euh... eh bien je ne sais pas si Ashkore supportera une autre excursion avec moi sur son dos aujourd'hui, et puis je préfèrerai commencer à apprendre à combattre si ça te vas. Je... Je ne l'ai jamais fait, alors que j'ai l'habitude d'être avec un dragon.

Je ne veux surtout pas donner l'impression de ne pas m'occuper de mon protégé, aussi j'enchaîne :

– D'ailleurs, quand les nourrissez-vous ? Et où puis-je trouver la nourriture ?

– C'est très simple, au début nous nourrissons les dragons avec une réserve de viande qui se trouve aux cuisines, mais une fois qu'ils sont assez grands, nous les laissons chasser à leur guise. Ils savent ce qu'ils préfèrent, et les fermiers connaissent les gestes pour les faire partir s'ils veulent s'attaquer à un troupeau.

– Vous leur apprenez des choses par les gestes alors ? Ce n'est pas la voix ?

– La voix joue beaucoup aussi évidemment. Mais les gestes sont plus simples à une certaines distance, et les dragons sont très sensibles aux mouvements. Nous avons donc deux façons de communiquer avec eux.

Je hoche la tête. J'avais procédé de la même façon avec Dune quand j'avais dû le dresser.

– Tu veux te battre alors ? Ajoute Tumael. On va voir ce que tu vaux, dit-il avec un sourire. Suis moi.

Je fais une dernière caresse sur le nez de mon dragon puis sors de la salle.

Je suis contente de voir qu'il me suit avec Anou et s'envole avec elle. Ils vont sûrement chasser, c'est une bonne chose qu'il soit au contact de plusieurs de ses congénères, ils vont lui apprendre des techniques qu'il n'aurait pas pu acquérir autrement.

Et ça me rassure sur le fait que s'il n'a pas eu de contact prolongé avec ses semblables pendant un moment n'a pas altéré sa capacité à être sociable.

Nous nous rendons donc dans la partie de la cour  dédiée à l'entrainement.

Contre un mur, il y a des râteliers pleins de différentes armes en bois où en métal, mais aussi en un matériau que je ne connais pas, qui ressemble à du verre sans en être réellement.

Tumael saisi une épée bâtarde en bois et je l'imite. J'aurais tout le temps de tester les autres types d'armes plus tard.

Il me place en face de lui puis commence :

– Bon, mets-toi en garde. On va voir ce que ça donne.

Je tente ce qui me semble le mieux, mais à son soupir je vois que ce n'est pas gagné.

Il s'approche et pointe mes pieds avec son arme d'entrainement :

– Commence par mettre tes deux pieds parallèles. Vers ce que tu veux frapper.

Puis il me fait fléchir légèrement les genoux, tourner le bassin car "de profil, la cible est plus petite" et remonter un peu mes bras.

Une fois qu'il est satisfait de ma position, il se replace face à moi, à environ deux mètres.

– Maintenant attaque, quand tu veux.

Il est lui aussi en garde, et j'observe sa position en essayant de déterminer quel partie de son corps est la plus vulnérable.

Je finis par tenter un coup de taille* aux jambes, mais il se contente de sauter et pose la pointe de son épée de bois sur mon cou

– Tu es morte, me dit-il avec le sourire. Leçon numéro un : ne pas laisser l'adversaire voir à l'avance où tu vas frapper. C'était clair que tu visais mes jambes car tu les fixais, et tu t'es baissée. Il y a une meilleure solution. Réessaye.

Il corrige à nouveau ma garde et nous nous entrainons ainsi tout le reste de la journée, j'ai d'abord appris les attaques, puis les parades et esquives.

J'apprends que la leçon numéro deux est de ne pas rester immobile plus d'une seconde. Il faut bouger tout le temps, ce qui implique d'être plus endurant que l'adversaire, souvent.

Tumael ne me ménage pas, et j'ai déjà des bleus quand nous nous rendons aux cuisines pour prendre à manger. Mais je ne me plains pas, je m'y attendais. Il est normal que je me fasse rétamer le premier jour.

Je pense également que la bâtarde n'est pas l'arme qui me conviant le mieux. Je demanderai à mon guide de me faire essayer les autres armes en dehors des temps de cours moins particuliers.

En effet, le jeune homme a beau en savoir bien plus que moi, il n'est encore qu'apprenti.

Je me rends donc dans ma chambre, fatiguée mais heureuse. J'ai hâte de rencontrer les autres élèves, je me sens comme une enfant.

Demain, la journée est concentrée sur le combat apparemment, corps à corps le matin et à distance - donc archerie - l'après-midi.

Après m'être rincée rapidement sur tout le corps, je me couche dans un véritable lit pour la première fois depuis plus d'un an. C'est une sensation bizarre. Mais je n'ai pas le temps de m'y attarder, car à peine ma tête a-t-elle touché l'oreiller que je m'endors.

* Un coup de taille est un coup porté avec le coupant de la lame et non la pointe. Je sais que la plupart d'entre vous le savent déjà mais on ne sait jamais^^

La poursuite (en réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant