Rana. Rana. Rana.
Son prénom se répète en moi comme un disque rayé. Il résonne et se répercute dans mon esprit. Allongé sur le canapé qui me sert de lit, les yeux fixant le plafond, son prénom m'empêche de trouver le sommeil. Je me rassois d'un coup sur le matelas. Je me passe la main sur le visage, dans les cheveux. J'ai besoin de fumer.
Je me lève, j'attrape un briquet et mon paquet de cigarettes.
« Fumer tue.» Merci bien, sans vous, cher gouvernement, nous ne l'aurions jamais su. Celui qui a décidé de mettre cet écrito accompagné d'une magnifique photo de dents tombées ou de poumons noirs, a-t-il réellement penser que quelqu'un se dirait : « Non, fumer tue ? Mais pourquoi personne ne m'a prévenu ? J'arrête de fumer c'est décidé ! ».
Je m'approche de la fenêtre de ma chambre et je l'ouvre. L'air est glacial contre mon torse nu. Tant pis. Peut-être que la fraîcheur m'aidera à m'endormir.
Je prends l'un des rouleaux de tabac entre mes doigts pour l'insérer entre mes lèvres pincées. Je l'enflamme et m'y concentre dessus. Je me vide momentanément les pensées. Je me sens presque paisible.
La fenêtre de ma chambre donne sur la cours de l'immeuble. Elle est calme, apaisante. La résidence étant majoritairement des familles avec des enfants en bas âges, en pleine nuit le silence se fait roi.
Je lève les yeux. Le ciel est dégagé, laissant à ma vue la pleine Lune et les constellations. La pollution lumineuse est absente dans la cours. Les lampadaires ne s'allument qu'au mouvement.
Je contemple la nuit et son ciel bleu-noir. Il me rappelle mon père. Il connaît toutes les constellations par coeur quand je n'ai jamais réussi à en repérer une seule. Je n'arrive pas à distinguer l'étoile du berger. Cette bonne vieille Vénus, l'astre le plus brillant après le soleil et la lune. Mais personnellement, je ne vois pas de différence entre la planète et une véritable étoile.
J'aime observer ces boules de feu. Leur spectacle me régale. Et savoir que l'on observe des astres certainement déjà morts me fascinent. Le ciel m'hypnotise. Je l'admire autant que mon père l'aime.
Mon père...
Je secoue la tête. Je n'arrive pas à m'ôter mes problèmes de la tête. Quand Rana se met à m'échapper, mon père prend sa place. J'ai d'ailleurs l'impression de le voir, de l'entendre.
J'éteins prestement ma clope et ferme d'un coup la fenêtre. Je reste planté, les yeux fixé sur la vitre. Mon image s'y reflète. Je ne ressemble pas à mon père, pourtant j'ai l'impression de le voir. J'ai l'impression d'avoir la respiration haletante et mon coeur presque incontrôlable.
Il me hante et j'ai honte.
Je serre les poings, contracte la mâchoire. Je n'ai pas à avoir honte. Cette idée ne devrait même pas m'effleurer l'esprit. J'ai fait une bêtise - deux bêtises - mais je ne devrais pas regretter. Je ne devrais pas...
Mon coeur se serre de douleur. J'ai honte de regretter. Je me sens mal. C'est ma faute. Et je devrais être fier. Je le suis mais...
Je pose la cigarette dans son cendrier et je me laisse tomber dans mon lit.
Je suis fier. Je ne regrette pas. Je suis fier. Je ne regrette pas.
Si seulement je n'avais que moi à convaincre, ce serait beaucoup plus simple.
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Des Cendres sous les Cieux
General FictionGrâce à Emma, sa meilleure amie, Asher vient de trouver un travail. Sa vie peut recommencer. Enfin... Elle le pourrait si ses secrets ne planaient pas tout autour de lui. Si les secrets de ceux qui l'entourent ne venaient pas se mêler à sa souffranc...