8. You don't own me

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 Je me lève encore plus tôt que j'étais sensé le faire. Et pourquoi ? Probablement me faire virer. Et quand ça sera fait, Emma viendra me narguer avec ses regards noirs de déception et ses "je te l'avais dit". Trois jours, j'aurai tenu trois jours. Je crois que c'est un record. Jamais un de mes patrons ne m'aura virer aussi vite...

Je suis plutôt dégouté et en même temps je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine fierté. J'aurai apporté un peu de joie à Rana qui se sent réellement seule, et puis je ne tiens pas à être employé par un gars qui se croit tellement supérieur qu'il empêche sa petite amie de vivre.

Mais ce qui me rend curieux, c'est l'excuse qu'il va utiliser : je ne suis pas assez poli avec les collègues ou clients ; je ne suis pas assez compétent pour le travail demandé ; j'ai été absent trop de fois... J'ai déjà tout entendu pourtant chacun de mes patrons arrive à être original. Et Hélios doit encore plus de creuser les méninges parce qu'un « t'approche pas ma copine, t'es trop bogoss » ça ne passerait pas en tribunal.

Je ne fais aucun effort sur mon apparence. Pour juste me faire virer, ça ne sert à strictement à rien. Alors j'attrape mes vêtements de la veille, ils ne sont pas sales puisque j'ai travaillé toutes la journée et qu'ils ont passé leur temps dans les vestiaires.

Je regarde l'heure. 5h30. Il est si tôt ! Je soupire et pars en direction de ce putain de café où je ne remettrais certainement jamais les pieds. Au fond de moi je suis vraiment dégouté, plus que je ne le voudrais...

Je ne profite pas de l'air matinal qui pourtant est particulièrement agréable. L

J'apprécie beaucoup, la fraîcheur de l'automne mais mon esprit est transporté au café... Je ne profite pas non plus du calme ambiant puisqu'à cette heure, la populace se dirige vers la grande ville où ils travaillent tous.

Je marche le long des trottoirs la tête baissée en direction de les chaussures. Les passants m'évitent plus que je ne les évite moi. La musique dans les oreilles, me dirigeant vers mon arrêt de mort... Je n'ai aucune envie de faire un effort pour m'écarter devant qui que ce soit.

Je crois que je n'ai jamais eu une allure aussi lente même lors de ma première journée en tant que «branleurs de didons». Je n'ai vraiment pas envie de quitter ce boulot. En trois jours à peine je me suis lié d'amitié avec des personnes en or. Malgré Octave, je crois que dans ce café j'ai les meilleurs collègues que je n'ai jamais eu.

Lorsque l'enseigne apparaît sous mes yeux je m'arrête. Mes pieds obéissent à mon coeur, mais pourtant l'heure tourne et il faut que mon cerveau reprenne le contrôle de mon corps. Je prends une grande inspiration pour me donner un semblant de courage et je me lance vers le bâtiment. Je passe par l'entrée des employés et je me dirige immédiatement vers le bureau de Simard, à l'arrière du café.

La porte de la pièce est entre-ouverte. J'aperçois mon futur ex-patron assis à son bureau, concentré sur quelques papiers.

Je frappe.

« Entrez Asher. »

Je m'exécute, la mort dans l'âme.

« Vous devez probablement savoir pourquoi vous êtes là.

— Excusez-moi, mais je n'en ai pas la moindre idée. »

Je ne mens qu'à moitié.

« On m'a rapporté que vous harceliez sexuellement vos collègues. »

Mes yeux s'écarquillent réellement surpris. Je m'attendais à tout, sauf à ça. Et Hélios semble le remarquer parce qu'il fronce les sourcils.

« Mais qui vous a raconté une telle absurdité ? Je demanda, tentant de garder mon calme.

— Une personne en qui j'ai confiance. »

Des Cendres sous les CieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant