Des Cendres sous les Cieux

48. Joyeux anniversaire

Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Asher. Depuis une semaine Will et moi préparons une surprise pour lui. Une toute petite parce qu'il n'aime pas être au centre de l'attention. Mais une toute petite quand même parce que je sais qu'il aime au fond qu'on le surprenne, qu'on se démène pour organiser quelque chose pour lui, parce que ça lui fait prendre conscience qu'on tient à lui.

J'ai bien sûr invité Alia et Samaé pour qu'elle puisse également profiter du concert le lendemain. J'ai demandé à Myrtille de venir, à Guillaume, au groupe, et Marine. Le groupe a été ravi de participer. Guillaume ne pourra pas venir, il n'est pas dans le coin. Myrtille et Rana ne m'ont jamais répondu. Et ma jumelle sera fidèle à son poste de casse-pieds, évidemment.

Will a bien compris qu'il ne fallait rien organiser de dingue. Une petite soirée entre amis, un peu de nourriture et de boisson, de la musique et c'est tout. Nous avons longuement hésité quant au lieu de notre surprise : chez moi, chez Asher, ou au garage. Nous avons conclu qu'amener Asher au garage serait le moins suspect. Une dernière répétition est l'excuse parfaite pour n'éveiller aucun soupçon.

Notre plan se déroule en deux temps. Will finissant les cours à treize heures trente, il commencera à décorer le garage et acheter le nécessaire pour nous sustenter. Puis je prendrais le relais et je tiendrais le compte des arrivées pour tenir au courant Will qui sera en train d'occuper Asher. J'espère que tout le monde sera à l'heure parce que si Will doit s'éterniser mon meilleur ami comprendra rapidement qu'il y a quelque chose qui ne va pas. En théorie il n'y a rien de compliqué, la surprise est simple alors la liste de tâches qu'on a à respecter est simple également.

Ce matin j'ai demandé à Asher si l'on pouvait se retrouver plus tôt dans le parc. Je ne lui ai pas dit pourquoi, mais je sais qu'il sait. Tous les an il me répète qu'il ne veut pas de cadeau et tous les ans je lui en offre un, évidemment. Il sait à quel point j'aime offrir et faire plaisir. Et je sais qu'au fond... il apprécie tout de même.

Je me prépare, le sourire aux lèvres. Je suis fière du cadeau que je trouve chaque année et celui-là ne fait pas exception. Mais cette année, le cadeau est également empli d'un nostalgie naissante. J'ai le coeur qui se serre en y pensant parce qu'il me rappelle que je ne verrais plus Asher quotidiennement.

J'attrape le petit paquet et je me dirige en direction du parc. J'ai préféré qu'on se retrouve directement là bas pour que je puisse lui sauter dans les bras. J'arrive bien avant lui alors je m'installe dans l'herbe.

Pour un seize février, le temps est doux mais l'air reste frais et revigorant. Je m'allonge et je ferme les yeux. Je me vide la tête et je laisse le soleil caresser ma peau. Je profite de ce moment de paix parce que pour l'instant, tout va bien. J'ai appris à profiter parce que je sais que la tristesse n'est jamais très loin. La vie est faite de haut et de bas successifs qui durent plus ou moins longtemps. Il faut apprendre à accepter tous ces sentiments parce que c'est nécessaire puisqu'ils existent. C'est de cette manière qu'on apprend à relativiser. Les réprimer c'est les enfuir et c'est comme ça que l'on crée la frustration et de l'inconscient. C'est comme ça que l'on se rend réellement malheureux. Je l'ai appris à mes dépends à la mort d'Astéria, quand Asher a eu une période de déni, qui n'a pas simplement été une étape du deuil, puis un gros mental breakdown. Je l'ai appris à mes dépends quand j'ai eu l'impression après sa mort que la vie ne serait plus que noire et douloureuse mais que petit à petit le bonheur est revenu se blottir contre moi. J'ai compris à ce moment que tout pouvait être traversé, avec la bonne aide, le bon soutien et le bon état d'esprit. On devrait nous apprendre à assimiler nos sentiments au lieu de nous demander de les cacher et de les refouler parce qu(on vit avec eux, parce qu'ils font qui nous sommes.

Je souris doucement. Je ne pense plus à rien et je suis tellement détendue que je manque de m'endormir. Mais un bruit fort dans mon oreille me tire de mon demi-sommeil :