5. I really like you

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 Je crois que j'ai passé la journée de travail la plus étrange de toute ma vie, hier. J'ai l'impression d'avoir été chaperonné par tout le monde. Entre les collègues, les clients et Emma, je sens encore leur regard posé sur moi. Bon, peut-être que pour les clients et les collègues ce n'est qu'une impression.

Si on ne s'est pas parlé avec Rana, nous n'avons pas cessé de nous chercher du regard et de nous sourire, ce que Emma à vu d'un mauvais oeil, je le sais. Mais elle prend sur elle, et n'a pas fait de remarque. Merci bien. De toute façon, aujourd'hui elle ne pourra faire aucune remarque, elle ne travaille pas. Elle a demandé à avoir ses jours de repos le samedi et dimanche.

Je stresse un peu de faire mon troisième jour tout seul. Même si théoriquement j'ai des potes au café, Emma ce n'est pas pareil. Je sais que quoi qu'il se passe elle sera là pour moi. J'ai une confiance aveugle que je n'ai accordé à personne d'autre dans ma vie. Mon seul pilier de toujours.

Juste avant d'entrer je me fixe un seul et unique objectif : parler à Rana. Les enfantillages ça va deux minutes, mais maintenant ça suffit. Les choses sérieuses doivent commencer. Je ne suis pas timide et je veux apprendre à connaître cette file alors aujourd'hui je me bouge et je lui adresse la parole.

Aujourd'hui je fais l'ouverture. Il est sept heure trente et j'ai envie d'une seule chose ; dormir. Dans les vestiaires je retrouve Axelle et Guillaume. Ce sont les deux seuls présents à qui je parle réellement. Je n'ai jamais réellement beaucoup aimé la sociabilisation, deux ou trois amis m'ont toujours suffit. En même temps on a rarement eu envie d'être ami avec moi. J'étais trop tout. Trop bizarre, trop différent, trop franc, trop froid !

Trop brisé...

J'ai appris à m'entendre avec les gens au lit, mais dès que le retour en société s'opérait je me renfermais. J'ai toujours vécu seul et je n'en ai jamais été dérangé.

« Asher ? »

Je me redresse et relève mes yeux vers Guillaume.

« Tu as déjà pris plusieurs commandes en même temps ? »

Sa voix est si peu assuré...

« Non Hélios ne voulait pas puisqu'il ne m'avait pas encore observé et donné de conseil.

— J'ai peur de tout oublier, se lamente-t-il.

— En le notant ça devrait aller, non ?

— Mais comment je vais me rappeler quelle table a pris quoi ? Et qui ?

— Panique pas petit Guigui, ais confiance en toi et tout se passera bien. Et tu écris des détails sur les clients en face des commandes. »

Je lui tapote l'épaule avant de sortir.

Honnêtement, je ne sais pas quels conseils lui donner parce que je n'ai pas une mauvaise mémoire, mais je n'ai jamais eu de mémo-techniques ou d'entraînement. A peine on entre dans la salle qu'on se fait agresser.

« Il est encore là le gros ? Je ne pensais pas que tu tiendrais sans manger toutes les commandes ! »

Ça y est, mon quota de patience a été atteint. Je vais me le faire. Il va voir le Octave s'il peut se permettre de critiquer des gens sur leur physique. Je fais un pas déterminé vers lui. Je vois bien dans son regard qu'il va obtenir ce qu'il veut, mais je ne supporte pas qu'on laisse ce genre de petit con s'en sortir s'en égratignure. Mais avant que j'ai pu avancer plus, Axelle s'interpose. J'ai l'impression qu'il y a une petite demande d'Emma derrière ce mouvement.

« Mon petit Octave, commence la blonde. Tu vas me faire le plaisir, l'honneur, de bien fermer ta grande gueule ! Et je te promets que la prochaine fois que tu insultes qui que ce soit, je vais voir Hélios, et ce n'est pas toi qui sortira gagnant ! »

Des Cendres sous les CieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant