14. Petite sœur

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 Être fâchée avec Asher c'est épuisant. Surtout quand c'est lui qui est en colère. Devoir faire un effort pour se tenir loin de lui est insupportable. Je suis soulagée que la répétition se soit bien passée. Je suis soulagée qu'il soit venu me voir juste après. Ça m'enlève un poids. Surtout avec Samaé, surtout cette semaine...

Je ne sais pas s'il y pense. Je n'ai pas l'impression qu'il se soit réellement rendu compte que la date approchait à grand pas. Tant mieux. Même si la chute risque d'en être encore plus brutale.

De toute façon on a l'habitude, ça revient tous les ans...

Pour un dimanche, mon petit bout de chou fait une bien grande grasse matinée. Enfin quand j'y réfléchis c'est normal, hier avec Asher on l'a empêchée de dormir. Alors elle s'est levée et on a regardé un dessin animé tous les trois. Elle n'a pas l'habitude de se coucher aussi tard, et avec le voyage son petit corps doit être tout perturbé.

Je profite de ce moment de calme pour ranger ce qui traîne dans l'appartement. Samaé n'est pas extrêmement désordonnée mais elle reste une enfant et ses jouets traînent un peu partout. Je les ressemble tous dans leur caisse et je m'attaque à la cuisine. Le fait de ne pas avoir de lave-vaisselle et ma flemme légendaire ça ne fait pas bon ménage. Toute la vaisselle de d'hier s'entasse. Heureusement que je n'ai qu'un jour de retard, finalement, je finis rapidement. Alors une fois ma cuisine plus ou moins propre je décide de trier mes cours.

J'attrape mes classeurs et je trie par date et par matière. C'est particulièrement long, particulièrement décourageant. Mais j'aime ce que je fais. Licence de lettres pour faire, je ne sais pas réellement quoi mais si les études me plaisent, les débouchées me plairont.

Il y a des feuilles de cours sur toute la table quand l'interphone se met à sonner. Je me précipite pour arrêter la sonnerie pour qu'elle ne réveille pas Samaé. Qui peut bien sonner un Dimanche ? Chez moi en plus ?

Je décroche.

« Magnes toi le cul d'ouvrir la porte on se les gèle dehors !

— Marine ?

— Ouvre connasse !

— Avec plaisir ma soeur adorée, je t'ouvre tout de suite, je ne gagne pas du temps pour te laisser encore un peu dehors.

— Ouvre putaiiiiiiin ! »

Je ris, et ouvre.

Je l'attends à la porte ouverte pour ne pas qu'elle frappe.

Je la vois monter les marches quatre à quatre et arriver devant moi comme si elle avait pris l'ascenseur. Moi il me faut toujours du temps pour récupérer si je monte rapidement jusque chez moi ! Parfois je me demande si on est réellement jumelle. Ou si elle a prit toute la sportivité à la conception.

« Qu'est-ce que tu fais ici ? Je lui demande.

— Je n'ai pas le droit de passer voir ma soeur et ma nièce ?

— Je croyais que ma chère soeur était trop occupée à faire ses études de cinéma.

— Je suis en vacances mais surtout... »

Nous y voilà...

« Surtout je voulais savoir si ça allait aller.

— C'est pas tout de suite.

— C'est cette semaine Emma. »

Je soupire.

« Va t'installer et on en parle si tu veux.

— Non, je veux pas te forcer ! Enfin, je... Je vais m'installer...»

Je ne veux pas en parler. Je n'en ai pas besoin. Je ne vais pas mal, pour l'instant. Inutile de raviver une douleur pour rien, elle sera assez raviver le jour même.

Des Cendres sous les CieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant