7. No good for you

81 18 13
                                    

 J'ai passé mon week-end à travailler avec Rana. J'ai passé mes plus belles heures en sa présence. Si Emma avait été là j'aurai certainement voulu que le temps s'arrête pour vivre une éternité dans une seconde de perfection. Mais elle n'était pas là. Elle a passé son week-end avec Samaé, elle a toujours fait ça. Et deux jours sans elle, ça se sent. Elle m'a tellement manqué que je suis heureux d'aller la retrouver, un Dimanche soir, chez elle, malgré mon caractère casanier.

J'ai le permis mais pas de voiture. J'ai a peine de quoi payer mon loyer, alors un véhicule, il ne vaut mieux pas y compter dessus. Heureusement, nos appartements ne sont pas extrêmement éloigner et j'aime marcher dans les rues calmes de notre petite ville.

Respirer l'air frais, un clope à la main, il n'y a rien de mieux pour se calmer et s'apaiser. J'observe mes pieds dans leurs grandes boots. Mes chaussures noirs se confondraient presque avec le trottoir, mal éclairés par les lampadaires grésillant.

J'ai de grands pieds, ce qui est proportionnel avec le reste de mon corps. C'est parfois pratique d'être grand, mais souvent, je trouve que c'est trop. Il y a toujours un juste milieu et j'ai dépassé la limite il y a longtemps. Je pourrais me casser le bras rien qu'en tombant de ma hauteur, c'est dire...

Je tire une bouffée de cigarette et je l'éteins immédiatement. J'aperçois l'immeuble d'Emma, elle va encore rouspéter que je pue la clope. Je ramasse mon mégot pour le jeter dans une poubelle et j'accélère le pas. J'ai hâte de la retrouver.

Au pied de la tour, je ne sonne pas. Samaé doit certainement être couchée, je ne voudrais pas la réveiller. Emma m'a donné le code, alors je m'en sers. Elle habite au deuxième étage, sans ascenseur. La cage d'escalier est particulièrement étroite, deux personnes pourraient à peine se croiser. Je ne peux pas dire que je suis claustrophobe mais je ne suis pas à l'aise dans les lieux étriqués. J'aime la nature et les grands espaces. L'espace vaste et infini.

Petit, je voulais être astronaute pour pouvoir l'explorer. Me sentir libre de voyager où je le souhaitais. Toucher du doigt l'immensité de l'infini. Je rêvais de m'enfuir. De m'envoler aussi loin que les oiseaux. De m'oublier dans la symphonie de la musique. Écouter jusqu'à m'en percer les tympans, chanter jusqu'à m'en casser la voix. Je voulais disparaître, me perdre. J'ai toujours voulu partir loin de tout, pour rejoindre ma mère. Mais je me suis toujours interdit d'abandonner Emma, et encore plus après ce que je lui ai fait.

Je n'ai vraiment pas l'âme d'un sportif, et malgré les cours de boxe que j'ai régulièrement pris au lycée je n'ai aucune endurance. Et après avoir monté les marches quatre par quatre j'arrive devant la porte de son appart' essoufflé.

Je frappe le moins fort possible et Emma m'ouvre immédiatement. Elle se jette dans mes bras sans chercher à savoir si c'était réellement moi.

J'accepte son étreinte sans broncher. Je le lui rends même. Elle est le seule que je laisse m'approcher de cette façon. Elle est la seule de qui j'apprécie ces explosions de joie et amour.

« Tu sais que tu aurais pu te jeter dans les bras d'un voisin ? Je plaisante quand elle me lâche.

— J'ai des voisins qui te toisent dans l'ascenseur au lieu de te dire bonjour, donc il y avait une probabilité quasiment nulle que soit l'un d'eux.

— Quasiment, pas totalement.

— Tu veux avoir raison hein ?

— Mais j'ai raison. »

Elle me frappe et je laisse échapper un petit cri de douleur.

« Chut ! Samaé dort.

— T'as qu'à pas me frapper aussi !

Des Cendres sous les CieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant