44. Nuits blanches

51 10 53
                                    

            Alia et moi rejoignons Asher et Samaé au parc de la ville. Quand mes deux meilleurs amis se sont pris dans les bras l'un de l'autre je suis restée bouche bée. Je suis de retour cinq ans en arrière, quand nous n'étions que tous les trois. Quand aucun drame ne nous avait séparé. Quand nous étions tous liés. Avant qu'ils se disputent et s'en veuillent. Mais bizarrement au lieu de me plonger dans un sentiment de nostalgie mélancolique agréable, ces pensées me laissent un arrière goût doucereux. Pour rien au monde je ne changerais ma vie, mais à cette époque j'ai fait tant d'erreurs, à commencer écouter les autres. On aurait pu éviter tant de malheur si je n'avais pas été stupide.

« Maman ?

— Tu vas bien ? »

Je sors de ma rêverie et je les vois, tous les trois, qui me regardent interrogateurs et inquiet pour Alia et Asher.

« Ouais, ouais. J'étais dans mes pensées désolée. »

Je sens qu'on tire sur ma manche.

« Fais-moi un bisous Maman. »

Je souris et ma penche vers ma fille pour l'attaquer de baisers. Quelques baisers plus tard, elle éclate de rire. Immédiatement mon coeur fond d'amour. Je souris en arrêtant de l'embrasser. Instantanément elle se met à me raconter sa vie. Se qu'elle apprend à l'école. L'anniversaire de sa copine Elsa, ou sa poquine comme elle dit. Comment sa maîtresse à Lyon est gentille avec elle. Ses progrès. Les encouragements auxquels elle a le droit. Maman Alia qui la gronde parce que parfois elle fait des bêtises. Les marchés qu'elle fait avec ses doudous... J'ai le droit au récit de toute sa vie, récit qu'elle a probablement déjà fait à Asher et Will hier puisqu'elle ne s'adresse qu'à moi, et j'adore ça. Pouvoir faire partie de sa vie à temps plein, c'est ce qui me manquait pour être parfaitement combler. Tout autre changement dans ma vie qui se fera dans ma vie ne sera que du bonus.

Pendant qu'elle me raconte tout en faisant de grand geste et des mimes, je la regarde les yeux brillants d'amour et de fierté. Je ne comprendrais jamais ceux qui ne veulent pas d'enfants, ou pire, qui ne les aiment pas. C'est tellement les êtres les plus pures de cet univers pourri.

« Sinon qu'est-ce qu'il a l'amoureux de Papa ? Il paraissait un peu triste. » demande-t-elle.

Je fronce les sourcils.

« L'amoureux de Papa ? je répète pour qu'elle m'explique.

— Oui ! Will ! »

Je ne peux m'empêcher de sourire et lorsque je répète je me tourne vers Asher :

« L'amoureux de Papa ? »

Asher est complètement embarrassé.

« Vous êtes ensemble ? interroge Alia.

— Non. Enfin, je sais pas trop. Je pense pas. Il est juste venu me voir parce que son père l'a mis à la porte, parce que je suis son ami et que je suis le seul qu'il connaisse qui pouvait le comprendre. Gay et un père de merde.»

Mon sourire taquin s'efface. Alia m'a raconté pour Will. Je suis dévasté qu'on puisse encore être homophobe... Comme j'ai un environnement sain, j'oublie que les abrutis existent encore. Comme je suis optimiste, j'oublie que ce monde est foutu. Comme je suis naïve, j'oublie que parfois, les gens aiment juste être méchants.

« Il va mieux ? »

Asher secoue la tête.

« Non. C'est dur d'être déçu et de décevoir ses parents surtout dans la violence. Tu peux me croire j'en connais en rayon en père de merde qu'on aimerait pouvoir réellement oublier... Mais en tout cas, Samaé l'a un peu aidé à oublier.

Des Cendres sous les CieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant