17. Pain

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Ma tête...

Mon coeur.

J'attrape mon téléphone pour vérifier si j'ai réussi mon hibernation. Six octobre. Raté. Je dois me rendormir. Je ne peux pas me lever. J'ai déjà envie de mourir. Si tôt dans la journée. Encore allongé dans mon lit je mords mes lèvres de l'intérieur et j'enfonce mes ongles dans mes paumes pour tenter de faire fuir la douleur. Évidemment c'est un échec cuisant. Rien au monde ne pourra jamais estomper cette douleur. Ni un quelconque remède, ni le temps.

On sonne à l'interphone. Je ne veux pas me lever pour vivre cette journée merdique, cette vie de merde. Je laisse sonner. C'est certainement de la pub ou un témoin de jéhova. Je me tourne sur le flan et dépose lourdement mon oreiller sur mon oreille.

On sonne de nouveau.

Allez-vous-en bordel ! Laissez-moi tranquille, laissez-moi en paix, laissez-moi ! Juste. Laissez. Moi !

J'attrape ma tête, mes cheveux et je retiens mes larmes, mes cris, ma souffrance.

« Asher ? »

Emma... Pourquoi tu es venue ? Tu ne crois pas que je souffre assez ?

Je la sens s'asseoir sur le bord de mon lit. Elle ne dit rien. Je ne veux pas ouvrir les yeux. Elle attend. J'attends. Soudain je sens sa douce main caresser mes cheveux. Par ce geste maternel elle m'offre tout son soutien mais j'ai juste envie qu'elle parte. J'ai le coeur et les entrailles serrés. Elle me fait souffrir mais je ne veux pas le lui dire.

« Comment tu te sens ? »

A ton avis ?

Je serre les dents pour ne pas être cinglant. Pas avec elle.

« Tu ne vas quand même pas venir travailler ?

- Bien sûr que si.

- Tu ne devrais pas.

- Je n'ai aucune raison de ne pas venir. »

Je n'ai tellement pas envie d'y aller. Je veux juste rester dans ce lit, à pleurer et mourir à petit feu.

« Asher... Hélios comprendra tu sais.

- Mais il n'y a rien à comprendre. »

Je me lève péniblement juste pour prouver que je peux le faire. Ma douleur psychique se transforme un douleur physique. A moins que ce soit du à ma gueule de bois...

« Asher, arrête.

- Arrêter quoi ?

- Ne viens pas aujourd'hui.

- Oh que si je vais venir. Je vais parfaitement bien, tout va bien, je n'ai pas besoin que tu t'occupes de moi comme si j'étais ton enfant ! »

Un long silence s'installe entre nous. Je garde les yeux rivés sur le sol. Je ne veux pas croiser son regard. Je n'ose pas. Je sais parfaitement que je l'ai blessée avec cette phrase. Elle n'est pas anodine.

J'entends sa respiration s'accélérer. Elle lutte. Contre ses larmes, contre son envie de me frapper.

Je suis une merde. Un déchet pour ce monde. Un boulet pour Emma. La pire des fréquentation pour Samaé. Je ne mérite rien de bon moi.

« Lève ton cul si tu vas bien alors ! » Gronde-t-elle.

Je m'exécute. Sous ses ordres je vais rapidement me laver, me changer, manger et je suis si vite prêt. Je lui obéis avec l'âme d'un robot. J'ai abandonné ma volonté propre.

Elle continue à aboyer ses instructions quand soudain je l'entends changer de ton :

« Tiens tu as ressorti tes guitares ? »

Des Cendres sous les CieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant