Des Cendres sous les Cieux

28. True reflections

 Aujourd'hui, Emma et Marine sont allées chez Alia pour voir Samaé. Je me retrouve seul et je ressasse mes mauvaises pensées. Enfin celles qui la concernent elle. Je n'ai toujours pas revu Rana depuis ce jour où j'ai tout fait foirer. Et elle n'a répondu à aucun de mes SMS. Plus le temps passe et plus je m'inquiète. J'ai peur qu'elle ne me pardonne jamais et je ne sais plus quoi faire... J'ai tout essayé... J'ai besoin d'aide mais je n'ose pas en demander à Emma. La relation que j'entretiens avec elle ne lui plaît pas, et je ne veux pas la mettre mal à l'aise. Je n'ai pas de frère, pas de réels amis en dehors de ma chère Emma. Je n'ai pas de père, personne à qui me confier. Alors je ressasse.

Pendant quelques instants j'envisage de contacter Will mais en y réfléchissant bien, la situation serait inappropriée. Je sais que je lui plais, il me drague et m'embrasse, il sait qu'il me plaît, puisque je lui rend ses baisers. Alors si je lui parlais de Rana, la fille... La fille...

J'aimerai faire disparaître les mots qui assaillent, mais je ne peux pas. Je ne peux pas effacer ce que je ressens... Rana, la fille avec qui je veux être...

C'est plus qu'évident que je veux plus que son amitié... Mes propres pensées m'arrachent un sourire timide. Heureusement que je n'avais cette conversation qu'avec moi-même, sinon j'aurai avouer à haute voix, pour la première fois, que j'ai envie de plus que son amitié. Même si je saurai m'en contenter.

Cette pensée est si nouvelle, si soudaine qu'elle me chamboule moi-même. C'est la première fois que je me l'avoue. En fait, il me semble que je n'avais jamais réalisé. Je pose une main sur ma poitrine. Mon coeur s'emballe et me fait presque mal. Cette réalisation n'a rien de bon. J'aurai pu être heureux de mettre une mot sur mes sentiments mais... non.

Je veux être en couple avec une fille qui me déteste et qui est déjà en couple elle-même. Pourtant l'idée ne me semble pas impossible, juste douloureuse. Et paniquante. Mon coeur s'emballe de pair avec ma respiration. Emma a raison, mes crises de panique sont revenues. Je ferme les yeux et me concentre sur les joies dans ma vie. Samaé, Astéria, Emma, Maman. Samaé, Astéria, Emma, Maman. Mes bonheurs se sont restreints au fil des années mais les plus importants sont restés bien en place. Au fur et à mesure que mes pensées tournent sur mes quatre sources de bonheur, mon corps se calme et ma panique s'envole.

J'ai besoin d'air. Faire les cent pas dans mon appart' est une mauvaise idée si je veux éloigner ma panique.

J'attrape ma veste rapidement et je sors. Il commence à faire trop froid pour mon petit bomber mais j'ai la flemme de remonter. J'attrape une cigarette et l'allume. Le temps qu'elle se consume, je me concentre sur ma clope. Je me détends complètement quelques instants. Je tire dessus puis souffle la fumée comme s'il n'y avait plus que ça dans ma vie. Quand celle-ci est terminée, je me force à ne pas allumer une nouvelle cigarette et je regarde le décor qui m'entoure.

Le superbe tableau offert en début septembre a totalement disparu. Les feuilles couleur feu sont quasiment toutes tombées au sol et ont perdu leurs éclats. Elles sont devenues violettes, marron et... mortes. Pour un dimanche après-midi, je trouve qu'il y a peu de famille de sortie. Certainement à cause du froid. Les changements de températures sont tellement brutaux que personne ne sait comment s'habiller, personne n'a encore sorti les vêtements d'hiver.

Je marche dans une sorte d'humeur hypnotique, sans me rendre compte je passe devant la boutique d'Ibrahim.

Maintenant, le dimanche l'épicerie est fermé, quand j'étais enfant je pouvais m'y réfugier n'importe quel jour à n'importe quelle heure. Aujourd'hui il a décidé de passer plus de temps avec sa femme.

J'ai une soudaine illumination. On est dimanche, il est donc chez lui ! Celui qui se rapproche le plus de mon père, c'est lui. C'est bien le seul qui puisse m'apporter un conseil. Je lui envoie un SMS pour lui demander si je peux passer.