Partie 1. + vidéo introductive

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22 mars. Le plus grand jour de l'année, à la fois libérateur et dévastateur, attendu avec impatience pour certains, durement contesté pour d'autres... Louis Tomlinson fait parti de cette deuxième catégorie de personnes, d'autant plus qu'il appartient à une classe sociale particulièrement visée en ce jour.
Pour lui, chaque année est identique à la précédente : la sécurité n'existe pas, la peur est sa seule alliée. Surtout lorsque l'on est grand-frère et que l'on ne possède qu'une arme de calibre six pour se défendre.

« Je ne comprendrais jamais ce besoin de sortir dans la rue, déverser la rage et la frustration accumulés sur des innocents comme si la vie d'une personne ne valait rien.
Pour qui se prennent-ils à décider si tel ou untel mérite la mort ou non ? La nature humaine est déjà bien assez minable, pourquoi l'encourager à refaire surface ?
Puis, ce jour diminue le taux de criminalité, certes, ce qu'on ne nous dit pas, ce que le gouvernement ne nous dit pas, c'est le taux de criminalité de cette nuit en particulier. Peut-être bien que le nombres de morts en une nuit ne serait pas très loin du nombre de mort en une année, ouais peut-être bien.
Après tout, les rues ressemblent à de véritables génocides, des corps agonisent dans des situations plus barbares les unes que les autres.
Où est-ce que se trouve le plaisir là-dedans ?
Cette nuit est comme un retour à l'état sauvage, et encore... Ces actes soit disant justifiés par la purification et la volonté du seigneur, je me permettrais bien de jurer en son nom pour de telles foutaises. La religion n'a jamais amené à la violence, ce n'est qu'un déguisement, une déformation des propos et une mauvaise interprétation volontaire que l'Homme se plait à croire. Peut-être parce qu'il s'est lui même pris pour Dieu à se croire au dessus de toutes les autres espèces et capable de s'approprier la nature.
La main de ma petite soeur tirant sur mon tee-shirt me sort de mes pensées revendicatrices. En levant les yeux vers elle, mon estomac se serre et l'angoisse de ne pas réussir à la protéger envahit tout mon être. Je me tirerai moi même une balle dans la tête si je n'y parvenais pas, c'est mon rôle, c'est ma petite soeur, de seulement 9 ans bon sang.
Elle me dit que papa ne va pas bien et quand je me lève du canapé, je l'apperçois avachit sur son lit. La bouteille de scotch est au sol et il bave à moitié sur l'oreiller, ivre mort, grommelant je ne sais quoi.
Chacun sa façon de passer la purge je suppose. Dans un soupir, je barricade la fenêtre au bois pourri par l'humidité, fermant la porte de la chambre derrière moi et la bloquant avec une commode assez lourde. Je sais bien que ce n'est pas ce qui les arrêtera, rien ne les arrête s'ils veulent entrer, mais au moins, mon père ne sortira pas bourré prêt à se faire tirer dessus comme la cible facile que le serait un lapin boiteux. Puis, je serai revenu demain matin pour le libérer, il n'y a pas de raisons.
En fait si, il y a plus d'une centaine de scénarios possible. Je préfère ne pas y penser.
H-1 avant l'alerte de la purge annuelle. Ce soir, on met plus de chance de notre côté. J'embarque ma petite soeur en tenant fermement sa main dans la mienne et après avoir baissé le rideau de fer installé trois ans plus tôt spécialement pour ces soirs annuels, on marche d'un pas pressé vers le quartier où réside mon petit-ami.
C'est un coin de la ville plus aisé, avec des murs plus épais que chez nous et moins visé par les purgeurs que l'immeuble branlant dans lequel on vit.
Il nous ouvre et je m'autorise à souffler un peu, je ne sais pas ce que je ferais sans Noa, il nous sauve sûrement la vie ce soir. Les minutes s'écoulent et l'heure fatidique s'aproche, trop rapidement à mon goût ou trop lentement.
Tout dépend du point de vue.
Cependant, je me rends vite compte que l'heure se rapproche bien trop vite quand, ma soeur et moi, on se retrouve dehors. A quinze minutes de l'alerte sonnant le début de la purge. Noa nous a foutu à la porte de chez lui, cet enfoiré nous met en danger de mort pour une putain d'histoire de poulet que je lui ai lancé à la figure parce que je n'avais pas faim et qu'il insistait. Le poids de mon corps s'écrase contre la porte sur laquelle je tambourine comme un aliéné, l'insultant puis le suppliant de reprendre au moins ma petite soeur pour la nuit, lui jurant qu'il n'entendra plus parler de moi par la suite si c'est ce qu'il veut. Je mise sur tout, la corde de la culpabilité, de la pitié, de la sensibilité.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant