Partie 72.

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Pas une seule fois Louis aurait pu imaginer que ce regard assassin aussi sombre qu'une nuit sans lune lui serait encore destiné. Sa pomme d'Adam bougea lentement lorsqu'il déglutit avec difficulté. D'après ses paroles, il comprenait clairement que c'était fini, qu'il ne voulait plus le revoir et que leur petit bout de chemin jusque là venait de s'interrompre pour laisser place à une falaise qui les plongerait dans l'oubli. N'avait-il pas le droit au moindre faux pas alors qu'Harry avait lui-même joué en faisant planer le doute sur le lien de parenté avec sa cousine ? Il savait que ce n'était pas réellement comparable, mais il trouvait sa réaction beaucoup trop injuste et exagérée. Ce n'était qu'une simple danse. Cependant, le plus grand réussissait à le faire culpabiliser et le rendre honteux. Il avait envie de lui répondre qu'il était perdu quand il s'agissait d'eux, qu'il ne savait pas s'il se faisait des idées à chaque fois qu'Harry semblait lui attribuer une importance dans sa vie, puisqu'il finissait par lui dire des choses qui brisaient ses espoirs. Comme la fois où il lui avait déclaré que ce qu'il ressentait pour lui était de l'empathie. Le plus jeune voulait lui crier qu'il lui faisait confiance et qu'il en avait largement eu la preuve rien que lorsqu'il l'avait cru pour lui et Tom.
Qu'il était désolé d'avoir du mal à y croire à cause de son estime de lui tellement basse qu'il se demandait bien ce que pouvait trouver quelqu'un pour l'apprécier ou l'aimer. Mais sa bouche resta clause et toutes ces voix demeuraient muettes. Il restait choqué de sa réaction et Harry ne lui laissa pas le temps de s'en remettre qu'il le bouscula pour rentrer à l'intérieur. Il détestait rester sur un conflit comme celui-ci, mais l'appel de son prénom ne suffit pas à lui faire rebrousser le chemin. Louis ne voulait pas retourner à l'intérieur, autant se préserver si c'était pour le voir appuyer sa décision par des actes. Alors ses pieds le guidèrent sur le chemin qui contournait la maison pour arriver jusqu'au parking improvisé. Il ne mit pas longtemps à repérer la voiture du plus grand et se laissa glisser contre celle-ci pour ressasser les derniers évènements pendant plusieurs minutes, heures... il n'en savait rien. La présence soudaine d'Harry le fit sursauter, il n'avait pas daigné relever la tête en entendant des pas s'approcher. Peut-être qu'il aurait dû, ainsi il aurait pu apercevoir sa démarche qui trahissait le nombre de verres qu'il avait du avaler et se préparer à ce qui l'attendait. Mais rien ne put adoucir la violence avec laquelle son geste et ses paroles le blessèrent, intérieurement. Louis s'accrocha à son avant bras lorsqu'il le releva sans lui laisser le temps de le faire par lui-même, chiffonnant sa chemise près du col. Il avait l'impression qu'il venait de se servir d'une part de son passé qu'il lui avait confié pour le blesser encore plus fort que le faisait déjà ce type de propos. Venait-il vraiment de faire ça ? Ça l'écoeurait. Louis monta côté passager sans dire un mot. Il valait mieux qu'il garde tout ce qu'il pourrait dire pour lui, aussi difficile que cela soit-il. Il partait bien trop au quart de tour dans ce genre de dispute où il en voulait à la personne. Il était sur la défensive et pouvait très bien laisser libre cours à des paroles qui dépassaient sa pensée et qu'il regretterait plus tard. Ses nerfs étaient à fleur de peau et les mots qui franchiraient ses lèvres seraient seulement dans le but de l'énerver encore plus. "Pourquoi tu me prends autant la tête alors qu'on est même pas ensemble." lui brûlait les lèvres. Et il était pratiquement sûr et certain que ce côté de sa personnalité, plus précisément son sale caractère une fois énervé, ne collerait pas du tout avec celui d'Harry.

Louis cessa de regarder par la fenêtre lorsqu'ils arrivèrent chez lui. La route l'avait calmé malgré l'atmosphère pesante. La scène qui se jouait dans le rétroviseur sur lequel il avait posé ses yeux était habituelle, ce quartier était loin d'être bien famé notamment une fois la nuit tombée. Il ne s'y attarda seulement quelques secondes puisque la voix du plus grand le sortit de ses pensées. Un sourire sarcastique menaça d'étirer ses fines lèvres suite à ses paroles. "Pour d'autres occasions", comme celle de son propre enterrement sans doute. Le monde qu'il côtoyait ne lui donnait pas une quelconque occasion pour s'habiller de cette façon. C'était futile de toute manière, si on en oubliait le prix du costume. Il avait beau lui être toujours aussi reconnaissant pour lui avoir donné la chance d'aller à une telle soirée en sa compagnie, ce n'était clairement pas les vêtements sa première préoccupation à cet instant. Tout simplement parce qu'il avait vulgairement ruiné cette chance avec la relation qu'il entretenait au passage. Ruiné le Harry que ce dernier lui avait laissé entrapercevoir, effleuré du bout des doigts, pour qu'il lui soit retiré brutalement.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant