Black Soul.

Partie 2.

"Le gouvernement des Etats-Unis a le plaisir de vous annoncer, à vous honorables citoyens, que suite à la réhausse du taux de criminalité malgré la Purge annuelle, celle-ci sera désormais mensuelle. Tous les mois, vous pourrez faire honneur à votre nation et purifier votre âme [...]"

L'information avait tourné en boucle ce jour là, retentissant dans les interphones de la ville, échauffant les écrans de télévisions et galvanisant les partisans de la Purge. Louis s'était levé précipitemment pour aller rendre tout son déjeuner en apprenant la nouvelle. C'était pareil à être plongé en plein cauchemar, du jour au lendemain, sans avoir son mot à dire, subissant encore et toujours les décisions des plus hauts placés. Bien sûr que le châtain ressentait cette haine, celle décrite par les tueurs, qui ne demandait qu'à être expulsée par un acte aussi violent que la véhémence de ce sentiment. Cette haine qui ronge de l'intérieur, monte à la tête et bousille le cerveau, éliminant la raison sur son sillage. Si Louis la ressent si fortement, cette fameuse haine qui pourrait être délivrée durant ces nuits, pourquoi ne participe-t-il pas aux purges ? La haine ne vient pas toute seule, elle est alimentée par des paroles, des gestes, des souvenirs... Et justement, les souvenirs, parlons-en.
La purge est efficace pour en créer, pas les meilleurs en revanche.
Louis n'était qu'un gamin de 12 ans tenant sa petite soeur dans les bras, observant la scène par l'espacement des portes mal fermées de l'armoire renversée dans laquelle ils avaient été cachés. La porte d'entrée était fracassée et seulement quelques secondes plus tard, un coup de batte et plusieurs coups de couteaux mettaient fin au souffle de leur mère. Son cri résonnait encore dans ses tympans.
C'était précisément la raison pour laquelle le jeune homme refusait de laisser cette haine tout contrôler, laisser une partie de lui aveuglée et déraisonnée prendre le dessus. Il ne voulait pas être comme ceux qui avaient pris la vie de sa mère, détruire des familles et des vies injustement, briser leur existence et massacrer leur destin.

Ce que venait de faire Noa ce soir ne changeait pas sa façon de voir les choses. Quand il y pensait, ses mains tremblaient légèrement de colère et ses dents se serraient automatiquement. On ne touchait pas à sa soeur, c'était la règle ultime pour ne pas le mettre hors de lui. Donc, certes il lui fallait quelque peu batailler pour ne pas se laisser guider par la colère et il irait très certainement lui coller son poing dans la figure une fois la purge levée. Mais le tuer, non jamais. Louis n'en serait pas capable, il ne pourrait juste pas.

Puis à cet instant, l'angoisse dominait tout son être. Cela faisait trentes minutes que Louis slalomait entre les différentes maisons et villas, observant tout ceux qui étaient dehors volontairement sans se faire repérer tout en veillant à la trappe qui donnait accès à la cave.

Il y eu une fois où un homme se dirigeait droit sur le jardin à l'arrière de la maison, arme en main, bras tendu à la hauteur de son regard, le châtain avait sa cible en ligne de mire. Mais il tremblait... Il tremblait tellement que cela lui était impossible de se stabiliser. Plus il se répétait que la vie de sa soeur pourrait être en jeu, plus il en frémissait. Un putain de cercle vicieux. Heureusement pour lui, les rideaux de fer barricadant la maison avaient semblé dissuader cet homme qui s'était éloigné.

Louis tentait d'éloigner des pensées trop négatives, mais se dire que cela ne faisait qu'une demie heure que la purge avait commencé, que dans trois heures elle serait à son apogée et qu'il restait en tout 11h30 à tenir, le faisait grimacer douloureusement.

Il n'eut pas le temps de souffler plus longtemps qu'il vit arriver une camionnette, les pneus crisant sur le macadam lorsqu'elle s'arrêta dans la rue et il était entièrement à découvert. Son coeur se mit à battre de plus belle.
　
« Bravo Tomlinson » souffle sa conscience sarcatistique, ce n'est pas le moment de jouer. Ce n'est pas un paintball ou lazer game version plus réaliste, tout ça n'est pas un jeu idiot malheureusement et s'il veux avoir une chance de s'en sortir, Louis a plutôt intérêt à prendre ses jambes à son cou. La garçon perçoit facilement que quelqu'un lui court après, le bruit de ses armes cliquetant créant un son alarmant, mais il a beau avoir pris quelques mètres d'avance, ce bâtard fait des grand pas et il le rattrape sans aucun effort. La chute le fait grogner et Louis tente tant bien que mal de gigoter pour se défaire de son emprise. Seulement, la sensation du canon froid contre sa peau le fige immédiatement. Il prend alors le temps de l'observer, de réfléchir pour trouver une quelconque solution. Il a bien son arme en main, en revanche son poignet est immobilisé par le genoux de son agresseur. Le visage de ce dernier est couvert, mais lorsque son regard s'ancre dans le sien, un frisson lui parcourt le dos. Un regard si expressif et si effrayant à la fois, il n'y a rien d'autre que la haine et la vengeance dans ces pupilles. Il est sans doute prêt à tout pour arriver à ses fins, est-ce que le châtain pourrait tenter de bouger son bras et ainsi être dans une situation équitable ? Sa bouche s'assèche et il déglutit difficilement en essayant de dégager son poignet millimètres par millimètres. Le son dur de la voix du masqué le fige une seconde fois, mais évoquer Noa après ce qu'il vient de leur faire lui fait froncer les sourcils en soutenant ce regard émeraude et réveille la colère temporairement remplacée par l'angoisse. Tomlinson secoue lentement la tête de droite à gauche en répondant d'une voix tremblante malgré la colère parce que, bordel, il a un flingue braqué sur le crâne. En une fraction de seconde, en une décision de la part de ce garçon, sa vie bascule aussi facilement que ça.

Ne m'associe pas à cette enflure.

Ses yeux azur dérivent derrière son assaillant lorsqu'un mouvement lointain l'interpelle. Il aurait du se douter qu'ils étaient plusieurs, mais Louis ignore complètement que les acolytes de son agresseur ne sont là que pour "bazarder les déchets nuisibles à la cible principale". Le châtain pense à sa soeur, il ne fait que ça, mais à cet instant précis, il panique pour elle. Avec ce gars sur lui qui braque une arme sur son front, comment est-ce qu'il peut faire pour lui venir en aide ?
Pour faire distraction ?
Comment peut-il y arriver en étant seul ?

Sa respiration s'accélère alors que les rouages de son cerveau s'enflamment, cherchant une solution, le poids du garçon sur son ventre ne l'aide pas à calmer son souffle, mais il trouve une réponse.
Les conduire directement aux personnes visées. Après tout, si ces délinquants lui laisse une chance de rester en vie et ne l'emmène pas aussitôt pour le livrer ou le torturer, c'est forcément qu'ils ont des personnes bien précises en tête à tuer ce soir.

Louis ferma les yeux pendant quelques secondes. Allait-il vraiment faire ça ? Envoyer son ex petit copain six pieds sous terre entre quatre planche ? Après tout, il était innocent, il n'avait jamais purger d'après ce qu'il lui avait dit. Allait-il être un de ses trouillard sur lesquels on ne peut pas compter ? Oui, sa décision était prise. Il était du genre rancunier et Noa l'avait trahit d'une façon impardonnable, puis il ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps sinon ces partisants de la purge allait découvrir l'existence de cette cave. Le châtain ouvrit brusquement les yeux et il attrapa la veste du garçon tout aussi brutalement de sa main libre pour attirer toute son attention, regrettant amèrement son impulsivité, il leva la paume vers lui pour s'excuser et se précipita d'ajouter :

Il.. faut passer sur le côté droit de la maison.. il y.. il y a un volet défaillant, ce sera plus facile et plus discret..

S'ils l'écoutaient, la cave se trouvant derrière la maison et du côté gauche, serait invisible à leur yeux. Louis ne pouvait plus qu'espérer, si seulement l'espoir avait encore sa place en cette nuit.