Partie 50.

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Impuissant. C'était ainsi que Louis s'était senti à partir du moment où il était descendu et celui où ils étaient revenus à l'intérieur. La peur l'avait figé, le bruit des coups et la vue du sang l'avait tétanisé. Louis n'était pas certain d'oublier un jour la véhémence avec laquelle il avait frappé Noa. Tout ce que Harry renfermait en lui et comment cela prenait vie sous forme de tornade quand il décidait de le libérer. Il connaissait les limites et était capable de s'arrêter puisqu'il ne l'avait pas tué, mais Louis avait eu peur pour lui et de lui à cet instant. Effrayé de ce qu'il était capable de faire, de la façon dont la haine le menait par le bout du nez. Il n'avait cessé de se demander à quel coup le souffle de Noa s'arrêterait, à quel coup Harry aurait une mort de plus sur les épaules. Le châtain se foutait bien de Noa dorénavant, mais pas quand il frappait H. Il ne se fichait plus de lui, il le détestait au plus haut point. Louis découvrait qu'il ne supportait pas que quelqu'un s'en prenne à Harry. Il s'était lui même fait peur en ressentant à nouveau cette haine qu'il ravalait depuis la mort de sa mère. Les larmes s'étaient donc mises à dévaler ses joues, porteuses de peur, colère et culpabilité. Oui la culpabilité rongeait ses os, il se sentait coupable pour Sam, pour Harry, pour cette haine et cette violence qu'il avait involontairement ramené un soir où tout aurait bien pu se passer. Quand son ex lui avait parlé d'Harry alors que Louis le soignait méchamment, il lui avait sortit que le bouclé n'attendait que la prochaine purge pour tuer Louis. Ce dernier savait pertinemment que cela était faux, mais il s'en voulait pour le fait de ne pas se foutre des mots qu'avaient dit Noa ce soir. De réellement se poser la question si, oui ou non, tout ça n'était qu'une manipulation de la part du plus grand pour être sûr que le blond n'ait plus personne. Était ce possible d'être si bon acteur ?
Les yeux ne mentaient pas pourtant. Son amant lui avait confié de ne jamais faire confiance à qui que ce soit, est-ce que cela avait été une mise en garde contre lui-même ?
Louis se fatiguait, les deux voix qui se disputaient en lui le fatiguait. Une lui criait de ne jamais cesser d'être méfiant, que sa naïveté lui avait joué trop de tours, qu'il y avait forcément quelque chose de caché. L'autre s'époumonait à lui faire comprendre que chaque minute qu'il passait auprès d'Harry lui prouvait un peu plus à quel point il était sincère envers lui.

Ce ne fut que lorsque le plus grand entra dans la pièce que Louis fit taire ses pensées. Son coeur se serra à la vue de son corps, son visage et son regard abîmés. Il le suivit du regard pour finalement l'écouter parler. Louis le détailla d'un regard empli de tristesse pendant qu'il restait silencieux quelques secondes. L'hématome qui s'étendait sur sa joue, sa lèvre fendue, la coupure qui traversait l'arrête de son nez, l'entaille sur sa pommette, la mâchoire violacée. Son regard descendit sur son torse et ses bras. Les coudes tout écorchés, le sang presque noir sur ses clavicules, la peau arrachée là où les os saillaient sous la peau et avaient frotté contre le sol. Il n'imaginait même pas l'état de son dos. Quand est-ce que ce monde allait cesser de s'acharner sur Harry ?
Louis tendit lentement ses doigts tremblants vers le visage du plus grand, osant à peine l'effleurer, pour caresser les endroits intactes.

Moi aussi, si tu savais à quel point.
Je n'aurais jamais dû le ramener chez lui, il ne m'aurait pas suivi jusqu'ici si je n'avais pas fait ça.

La peur s'était calmée tout autant que la colère, mais la culpabilité restait. Surtout quand il tourna la tête vers Sam. Le châtain savait à quel point ces deux-là s'aimaient.
Il demanda la voix chevrotante.

Ça va aller ? Pour Sam ?

Louis reporta son attention sur le garçon devant lui et se leva en lui informant qu'il fallait s'occuper de ses blessures. Mais il garda ses distances avec lui en se rendant dans la salle de bain, le châtain en avait besoin. Harry savait bien mieux comment se soigner que lui, alors Louis se contentait de lui faire passer ce dont il avait besoin, le silence pesant et l'ambiance lourde à cause de son comportement distant. Lorsque la bouteille d'alcool faillit tomber par terre et que le plus grand la rattrapa d'un geste brusque, le plus petit sursauta et fit un pas en arrière. Il sentit le regard du brun sur lui, puis le vit reposer la bouteille d'un geste le plus doux possible. Harry était d'une telle patience avec lui que Louis finit par soupirer doucement. C'était ridicule, ce n'était pas en évitant tout contact avec lui que cela allait l'aider à voir plus clair, à démêler les noeuds dans sa tête. Louis avait bien plus besoin d'Harry qu'il ne voulait l'admettre, même après lui avoir fait peur comme il l'avait fait ce soir. C'était peut être ça le problème. Il ne devrait pas autant vouloir être à ses côtés après avoir été effrayé de la sorte. Louis se tourna vers le miroir et actionna le jet d'eau du robinet pour passer ses mains dessous. Il frotta le sang sur ses joues que le plus grand avait laissé en prenant son visage entre ses mains ensanglantées plus tôt. Puis il attrapa une petite serviette qu'il passa également sous l'eau tiède. Or, cette fois il s'approcha d'Harry, se postant derrière lui. Il passa avec le plus de douceur possible près des plaies pour nettoyer le sang séché. En relevant la tête vers le miroir, il croisa son regard émeraude. Sans le lâcher des yeux, Louis embrassa doucement son épaule, se retenant de passer ses bras autour de son abdomen et se serrer contre son dos pour ne pas lui faire mal. « Pardonne moi pour mon comportement, je sais que tu ne me mens pas.» criaient son regard et son geste. Il désinfecta ensuite les plaies que Harry ne pouvait techniquement pas soigner lui-même, retirant les résidus de graviers dans son dos.

Louis écouta pour la deuxième fois le plus grand lorsque ce dernier lui demanda de retourner dans la chambre pendant qu'il rangeait tout le matériel médical. Il s'arrêta auprès de la chienne endormie en passant doucement ses doigts sans son doux pelage, lui murmurant un "Tu vas t'en sortir.". Louis se dirigea vers la baie vitrée pour laisser ses pensées vagabonder et ricocher entre les étoiles. Il ne cessait de ressasser les émotions qu'il avait ressenti. Alors quand Harry finit par le rejoindre dans la chambre, il se tourna vers lui en l'interpellant par la première lettre de son prénom. Les bras étroitement serrés contre son propre torse, Louis hésita à parler, à se mettre à nu. Cependant, lorsque la main du plus grand se logea contre sa joue il ferma les yeux quelques secondes pour y puiser le courage dont il avait besoin avant de les rouvrir, plus brillants.

Tout à l'heure, j'ai réalisé tout ce que je serais capable de faire pour toi. Quand il te frappait, j'aurais accepté tout et n'importe quoi pour qu'il arrête et te relâche. De repartir avec lui, de le laisser vivre chez moi, tout... Tu me rends sacrément con.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant