Partie 43.

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Quand Noa se décida enfin à déguerpir, c'est en observant ses bagues tachées de sang qu'Harry remarqua l'intensité avec laquelle il l'avait presque défiguré. Il n'espérait qu'une chose, pouvoir nettoyer ses bagues comme elles le méritaient.
Il y tenait beaucoup et surtout celle à son index, ayant appartenu à son père.
Il rentra alors chez lui assez rapidement et se soigna lui-même, répondant au passage affirmativement au message de Louis qui lui avait demandé s'il pouvait passer ce soir-même et ce chez lui.
Comment pouvait-il refuser ?
Il n'avait absolument aucune idée du pourquoi il lui avait demandé ceci, ni même si cela avait un rapport avec le retour de Noa, bien amoché. En réalité, après ce que Louis lui avait dit ce soir-là, il s'était demandé s'il oserait se pointer devant lui à nouveau, après l'avoir vulgairement jeté de chez lui quelques minutes seulement avant le début de la purge. Peu importe, il le saurait à son goût bien assez tôt. Il se doucha une fois soigné et se glissa sous ses propres draps, Sam à ses pieds. Il avait environ deux nuits à rattraper.

Ce n'est que 14 heures plus tard qu'il fut réveillé par sa chienne qui frottait son nez contre sa joue, réclamant à manger. Il était exactement dix-neuf heures et Louis ne devrait pas tarder. Harry se leva donc de son lit et attrapa un jean slim noir ainsi qu'une chemise de la même couleur, qu'il ouvrit de trois boutons, cette dernière laissant apercevoir sa chaîne en argent bouger contre son torse musclé. Un coup de parfum, ses dents lavées, il descendit pour aller remplir la gamelle de Sam qui faisait semblant de pleurer dans la cuisine. Tout ça pour qu'Harry se dépêche. Il leva alors les yeux au ciel et caressa son beau husky gris et blanc avant d'aller se prendre une bière et s'asseoir dans le canapé, devant les infos nationales, discutant encore du nombre de décédés deux nuits auparavant. Il se vit même s'endormir devant, n'étant réveillé que deux heures plus tard par la sonnette. Louis. Enfin. Il se leva alors d'un bond et vint lui ouvrir, ne manquant pas de lui faire remarquer son retard non justifié de deux heures. Et Harry n'était en effet loin d'être dupe. Il voyait bien que le garçon se reprochait quelque chose. Ou du moins ressentait un poids sur les épaules. Il attrapa alors son visage de sa main droite et le força à le regarder, fronçant les sourcils. Il ne lui fallu qu'une ou deux minutes pour obtenir ce qu'il voulait ; des aveux. Redoutables certes, mais des aveux tout de même. Il ne répondit pas lorsque Louis enchaîna en lui disant ce que Noa n'avait su garder pour lui. Savait-il pour eux deux ?
L'avait-il dit dans le but de toucher Harry ? Ce dernier en doutait grandement.
Qui pouvait être au courant après tout ? Non. Il avait sûrement simplement voulu qu'on s'apitoie sur son sort. Mais le bouclé ne pouvait désormais lui mentir. Et encore moins en le regardant dans les yeux. En le voyant reculer d'un, puis deux, et finalement trois pas, Harry ouvrit avant de bien vite refermer la bouche. Il passa une main dans ses boucles, un peu déboussolé et soupira pour la énième fois de la journée, ne bougeant pas d'un seul pas.

Écoute.. quand je t'ai dit ça tu voulais t'enfuir de chez moi et puis.. ne t'a t-il, ta sœur et toi, pas jeté dehors dix minutes avant le début de la purge ?
C'est à moi que tu en veux ?
Parce que j'ai menti à un inconnu dont je ne savais rien ?
C'est à moi que tu en veux ?
De quoi ? De t'avoir sauvé la vie, Louis ? Si c'est ce que tu veux, m'en vouloir pour un vulgaire mensonge sans grande importance, bien à toi. Mais quand tu passera le pas de cette porte, souviens-toi qui t'a ouvert cette dernière il y a un mois de cela. Souviens toi également que si tu la passes, ce sera la dernière fois.

Il humidifia alors ses lèvres rosées de sa langue et serra la mâchoire ainsi que les poings, le long de son flan. Il n'avait pas quitté une seule fois Louis du regard et appuyait même ce dernier pour ne pas qu'il flanche. Il était véritablement sérieux. Si le garçon se décidait à quitter cette maison, ce serait pour la dernière fois. Qu'il retourne se jeter dans les bras d'un abruti qui lui-même l'a jeté dehors s'il en était son souhait. Harry ne comptait certainement pas retenir un pauvre garçon perdu entre son coeur et sa raison. En le voyant se diriger vers la porte d'entrée, Harry ne chercha pas plus à le comprendre. Il attrapa son paquet de cigarette posé sur le dossier du canapé et lui tourna le dos pour aller ouvrir la porte fenêtre et ainsi refermer derrière lui. Il se dirigea vers sa piscine chauffée et allumée de rose, ce qui pouvait être assez surprenant quand on voyait du bleu d'habitude, et retira lentement sa chemise noire, laissant alors apparaître ses cicatrices à la fois sur le devant et l'arrière de son corps. Elles étaient multiples. À la fois dues à la cigarette mais aussi à la lame qui pendait autour de son cou en guise de collier, juste à côté de la petite croix argentée.
Contradictoire.
Son jean retiré, il s'alluma une cigarette avant de se glisser lentement dans la piscine creusée, s'adossant ainsi au rebord de la piscine, observant le ciel étoilé au dessus de sa tête. Il pensait souvent à ses parents ainsi qu'à Gemma en fixant les étoiles tout aussi étincelantes que l'était leur âme. Il était dos à sa maison et n'entendait plus aucun bruit. Louis était parti. Il était parti et avait emporté avec lui tous les souvenirs qu'Harry aurait pu avoir de lui.

Après tout, ça ne pouvait qu'être une bonne chose. Si le garçon s'était attaché aussi fort à lui que la veille mais ce sentimentalement parlant, il aurait fini par souffrir et se retrouver à la case départ. Louis méritait beaucoup mieux que cet abruti de Noa, Harry le savait. Louis méritait encore mieux que lui. Louis méritait tout sauf ces deux garçons emplis de haine pour l'un et pour l'autre. Simplement, avec Noa, Louis pourrait sûrement être sûr que ce dernier ne se collerait pas lui-même une balle entre les deux yeux comme Harry avait plus ou moins prévu de faire dans les mois à venir. Peu importe. Toute cette histoire n'était que terminée. Louis avait décidé de partir et cette décision ne pouvait qu'être la meilleure pour lui-même, pour son esprit et encore plus pour son coeur.
Si Louis ne finissait pas torturé par lui-même, il aurait finit par l'être par quelqu'un comme Noa, voulant à tout prix se venger du tueur ambulant qu'était Harry.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant