Partie 8.

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Les doigts perdus dans la fourrure du chien qui avait débarqué quelques minutes auparavant, Louis lui donnait l'attention qu'il semblait lui demander en le regardant de ses grands yeux et en remuant la queue. Il avait toujours aimé les animaux, mais n'avait jamais pu en avoir. L'entretien d'un chien coûtant trop cher et l'allergie aux chats de sa mère l'ayant empêché d'en avoir. Harry se tenait face à lui, débitant des paroles qui touchèrent quelque peu la fierté du châtain surtout lorsqu'elles furent appuyées avec un léger rire. Il passa outre le fait que le garçon aux yeux verts se permettait de juger son caractère sans même le connaître. Cependant il était vrai que ce que Louis lui avait dit plus tôt n'était pas digne de courage. C'était d'ailleurs un bon signe, cela voulait peut-être dire que son assaillant l'avait cru. Il haussa alors de manière nonchalante les épaules, sans réagir non plus au commentaire sur sa taille, ce qui était très rare.

Mais j'ai de beaux yeux, se moqua-t-il presque gentiment de lui en reprenant ses paroles qui avaient été dites dans la camionnette.

Louis observait les gestes et la façon de sourire du plus grand. Évidemment que son assaillant ne pouvait pas se contenter de répondre si oui, ou non, il acceptait ce qu'il lui demandait. Le châtain se foutait pas mal qu'il le prenne pour un demeuré, mais il aurait aimé qu'Harry ne complique pas les choses. Malheureusement pour lui, d'après le sourire qui se dessinait sur ses lèvres charnues, c'est exactement ce qu'il allait faire. Et il en fut totalement désarçonné. Louis fronçait légèrement les sourcils en cherchant une explication crédible, restant silencieux. Comment était-il possible qu'il connaisse son identité ?
Le connaissait-il depuis le début ?
Était-il une de ses cibles depuis le commencement pour qu'il se soit renseigné sur lui ?
Avait-il pris un malin plaisir à jouer de lui et le soigner pour finir par le tuer ?
Lorsque le châtain suivit son regard et qu'il tomba sur son porte feuille non plus dans sa poche, mais sur la table basse, un soulagement profond l'envahis, calmant immédiatement toutes ses pensées paranoïaques. Calme qui ne dura pas bien longtemps. Son coeur se mit à battre excessivement vite alors qu'il se laissait manier comme un pantin désarticulé.
Ils se dirigeaient vers la porte.
Est ce qu'Harry venait réellement d'accepter ou allait-il le jeter dehors comme un malpropre ?
Il se retrouva rapidement bloqué entre le mur et son assaillant, sans réussir à déterminer laquelle des deux options le garçon allait choisir bien qu'il soutienne son regard. « Bon sang, mais pourquoi ne parlait-il pas ? » Sa propre respiration commençait à s'accélérer alors que sa main gauche se posait sur le t-shirt pour le prendre. Il détestait cette facilité qu'avait Harry à le déstabiliser. Ses gestes prévoyants et quasiment attentionnés contrastaient avec ses paroles hautaines et quelques fois moqueuses. Louis détourna légèrement la tête, échappant ainsi à cette haleine alcoolisée qu'il ne supportait plus depuis qu'elle faisait bien trop partie de leur quotidien. Depuis que son père avait trouvé refuge avec originalité dans l'alcool pour noyer sa peine.

Ses yeux azurs percèrent la nuit noire à travers les vitres rectangulaires de la porte. Cette nuit dans laquelle il venait habituellement chercher du réconfort, trouver un air nouveau qui ne semblait pas atteint de la pollution comme en journée se transformait ce soir comme un gigantesque trou noir prêt à l'aspirer. 6 km. En se dépêchant il pouvait les faire en une heure au plus vite, voir un peu plus. Mais cette nuit, il devrait prévoir de se cacher, de faire des détours.. cela prendrait beaucoup trop de temps s'il avait la chance de ne pas se faire tuer avant. Il serait bien utile à sa soeur une fois mort, tiens. Louis n'était pas du genre à perdre espoir facilement, mais il fallait se l'avouer, cette nuit c'était mission impossible.
 
Il reporta son regard sur Harry. Ce gars jouait de l'emprise qu'il avait sur lui. Louis avait l'impression d'être la petite souris entre les pattes du chat vicieux qui s'amusait avec sa victime. Sa mâchoire faillit se décrocher quand il apprit ce qu'il avait dit dans son sommeil forcé, haïssant plus que jamais sa somniloquie. Cela lui avait mainte et mainte fois joué des tours, mais cette nuit, c'était une catastrophe. Harry avait beaucoup trop d'avance sur lui, il connaissait sa situation, son prénom et tout ce qui figurait dans son porte feuille, peut être même bien son groupe sanguin, allez savoir. Alors que lui, il ne connaissait rien sur Styles à part le fait qu'il habite dans un quartier reclus.
Son air intouchable et supérieur à tous le fit souffler. Il n'avait pas choisi de s'évanouir, merci bien. Tomlinson enfila le t-shirt qu'il lui avait donné avec difficulté à cause de la blessure quand il fallut passer le bras droit, nageant dedans une fois enfilé. Quand il daigna répondre, ce fut des mots sarcastiques et ironiques qui passèrent la barrière de ses lèvres.

Bien sûr, j'ai choisi le canapé du mec qui m'a menacé pour faire une petite sieste tranquillement histoire de faire passer la nuit un peu plus vite.

Louis secoua doucement la tête de gauche à droite comme pour chasser son agacement et se concentrer sur le plus important.

Cette gamine dans la cave est ma petite soeur, garde tes commentaires pour toi, anticipa-t-il. C'était le seul endroit où j'ai pu la cacher en étant dehors 10 minutes avant le début de la purge alors qu'on était censé être en sécurité.
 
Harry devait bien saisir son agacement et sa malheureuse capacité à prendre tout à vif, pouvant difficilement simplement ignorer. Louis l'observait attendant un quelconque mouvement de sa part lui montrant que la vérité le satisfaisait et qu'il acceptait de l'y conduire. Mais rien, aucun mouvement de la part du plus grand comme s'il attendait une suite. D'accord, il voulait l'entière vérité, un bout de l'histoire ne lui suffisait pas. Le châtain ravala sa salive, bien moins confiant sur le pourquoi étaient-il dehors 10 minutes avant la purge devant cette maison. Il aurait pu mentir, mais ce n'était pas la peine d'en rajouter.
Ce n'était visiblement pas passer la première fois. Louis passa une main agitée dans ses cheveux en lançant un regard circulaire autour de lui et il se mordit la lèvre inférieure. Est-ce qu'il allait signer son arrêt de mort et celui de sa petite soeur en disant toute la vérité ? Après tout, peut-être qu'Harry le testait et qu'il avait déjà tout dit dans son sommeil. L'angoisse reprit à nouveau toute la possession de son corps alors qu'il parlait à nouveau.

Ce que je faisais devant la maison des Smith ? On était bel et bien chez eux, sans pour autant faire parti de leur famille, mais Noa nous a mis à la porte. Et pourquoi on était chez eux ? Ça je ne vais pas te le dire parce que j'ai encore plus de chance d'y arriver en y allant à pieds si tu refuses de m'y conduire qu'en te le disant puisque tu vas surement me flinguer.

Bien trop effrayé par le danger que la tournure des choses pouvaient prendre suite à ses paroles, Louis posa son regard sur la clé de voiture pendue au porte clé mural et sans réfléchir plus que ça, il s'en empara et ouvrit la porte d'entrée, son murmure résonna à peine dans l'entrée.

Il n'y a pas de temps à perdre.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant