Les pas d'une dizaine de personnes foulaient le sol noir, glissant sur les tâches de sang laissées par les réfractaires avant eux. Le sang de Louis Tomlinson ne tarda pas à s'y mêler lorsqu'il refusa d'obtempérer au molosse qui le menaçait de son arme. "Il nous les faut vivants" avait-il entendu. Alors il ne se laisserait certainement pas conduire à cet abattoir sans résister et sans tout tenter pour s'en sortir. Le garçon ne s'avouerait jamais vaincu, il défendrait sa vie. La mort ne l'effrayait pas vraiment, ce qu'il y avait après, en revanche, lui faisait terriblement peur. Du moins l'ignorance de ce qu'il y avait après la mort. Mais Louis réfutait entièrement l'idée de mourir pendant une de ces nuits de purge. Sa mort ne porterait certainement pas honneur aux idéologies des nouveaux Pères fondateurs, il refusait d'être un trophée de plus pour l'égo surdimensionné d'un enfoiré qui se sentirait plus puissant qu'en ôtant des vies. Il ne laisserait pas la société américaine juger sa mort comme une bonne chose seulement parce qu'il était né dans les mauvais quartiers, il ne la laisserait pas donner sa vie aux riches seulement parce que les mentalités évaluaient l'importance d'une vie sur le nombre de zéro du compte en banque de l'individu. Le châtain voulait que sa mort soit causé par la force de la nature et non par une idéologie bestiale et entièrement déshumanisée.
Le violent plaquage au mur et le coup de crosse au visage qui le fit voir flou semblèrent vouloir tuer ses idées qui ne rentraient pas dans les rangs. S'en suivit cette lumière beaucoup trop forte, cuisante, braquée sur lui comme pour brûler ce qu'il restait de ses idées et lui prouver qu'il avait tort, qu'il n'était rien pour monter ses propres opinions contre les pères fondateurs. Cette même société venait de le mettre littéralement à genoux.
15 000 £. Ou le prix qu'une de ces enflures attribuait à la valeur de sa vie. Les neufs autres personnes à côté de lui, à genoux également, priaient, imploraient la pitié ou pleuraient, certaines insultaient les spectateurs face à eux. La rage, la peur, l'humiliation faisaient trembler son corps. Il n'avait à proprement parler aucune issue de secours. User de rapidité, neutraliser une arme et se battre ?
Cela aurait pu être une option, mais il ne savait ni tirer correctement ni se battre. Ce serait les premières choses que Louis se serait mis à apprendre après cette nuit si le temps lui avait accordé un peu plus de sa personne. Au moins, sa soeur était en sécurité si leur père ne buvait pas trop. Traîné de façon sauvage dans cette forêt, Louis s'autorisa à penser qu'il avait eu le temps de faire un câlin à sa soeur et de la voir rire une dernière fois avant d'être chassé comme un vulgaire gibier et de sûrement y laisser son dernier souffle. Ses yeux ne s'habituaient pas à l'obscurité, il avait été ébloui de manière beaucoup trop violente trop peu de temps avant. Le bruit de balles percutant des corps pas loin de lui se faisait entendre et accélérait les battements de son coeur sous la peur, ne faisant que rendre encore plus réel le sort qui l'attendait.Sort qui arriva bien vite.
Crispé, la respiration en retenue, Louis ne voyait même pas le visage de celui qui allait l'achever, il ne pouvait même pas lire dans ses yeux à quel moment il presserait la gâchette et mettrait fin à sa vie. Ce qui tardait à arriver, le jeune homme commençait à se demander si c'était une sorte de torture ou non jusqu'au moment où il la sentie. Juste sous ses doigts, le sens du toucher développé par le fait qu'il n'y voyait absolument rien. Dans cette situation, Louis aurait pu ne pas reconnaître cette marque, il aurait pu ne pas comprendre où ce gars voulait en venir en le faisant toucher son poignet, mais il y avait trop pensé ce dernier mois. Pas forcément à cette cicatrice spécifiquement, mais à cette nuit de purge si spéciale en compagnie de ce dénommé H qui se différenciait de tous ceux qu'il pouvait côtoyer en cours.
Son coeur battit à tout rompre, il voulût lui sauter dans les bras, mais il se retint. Certes, Louis ne baissait pas facilement les bras cependant à l'heure actuelle, l'espoir n'avait plus vraiment sa place et pourtant l'incroyable pour le châtain c'était bel et bien produit. Louis en aurait presque sourit à l'insulte du plus grand s'il n'était pas toujours aussi terrifié. Après tout, l'espoir de s'en sortir avait beau être revenu, ils n'étaient pas sortis d'affaire pour autant. Bien qu'il devait l'avouer, Louis avait bien plus confiance en les capacités d'Harry plutôt qu'en les siennes dans ce genre de situation. Alors il lui fit confiance le temps de s'échapper de cet endroit, une deuxième fois, gardant sous silence toutes les questions qui lui brouillaient l'esprit. Une main agrippée au t-shirt du bouclé pour être sûr de ne pas le perdre, Louis le suivit, lui et ses ordres, se retournant peut-être un peu trop souvent sur les corps qui s'écroulaient par terre alors que Harry lui tirait plus fermement le bras dans ces cas-là jusqu'à ce qu'ils soient dans la voiture.
Après de multiples regards dans les rétroviseurs pour voir leur poursuivants et s'être accroché à tout ce qu'il pouvait lors des brusques coups de violent, Louis s'autorisa à souffler tout en passant ses mains sur son visage. Il allait finir par faire une crise cardiaque. Et voilà qu'Harry avait l'air de s'énerver, ce n'était vraiment pas ce dont il avait besoin, vu son état il en faudrait peu pour que le plus jeune se mette sur la défensive et démarre au quart de tour. Louis tenta lui-même de remettre dans l'ordre tous les évènements de la soirée en fixant un point imaginaire face à lui, réalisant tout à coup ce que son présumé ami lui avait fait, ressentant toute la douleur de la trahison à présent.
Je suis pas suicidaire, j'ai juste des amis de merde, s'énerva-t-il en serrant les poings.
Louis chercha le regard de celui qui lui était venu en aide pour s'expliquer, tentant de se calmer. C'était vraiment étrange de retrouver ces prunelles émeraudes, il s'était lui-même convaincu qu'il ne le reverrait plus jamais.
L'ami chez qui j'ai passé la journée avait besoin d'argent rapidement. Il n'a pas trouvé de meilleure solution que me mettre sous somnifère jusqu'à l'heure de la purge pour faire un échange avec le conducteur d'un de ces camions qui s'occupent de ramasser des gens pour ce genre de... soirées mondaines.
Comment c'est possible d'encore faire confiance à quelqu'un ? finit-il par murmurer désespérément comme question à lui-même.La présence d'Harry à cette soirée, l'acheteur et ses 15 000 £, ses paroles lorsqu'il lui confiait qu'il connaissait l'endroit par coeur... tout lui revenait en tête, en même temps que ses interrogations douteuses. Louis s'enfonça dans son siège en lançant un regard farouche à son interlocuteur. Il venait à douter d'absolument n'importe quoi et n'importe qui, y compris de celui qui lui avait sauvé la vie à deux remises. Il avait cette vérité amère sur le bout de la langue, celle qui souffle qu'on ne peut se fier qu'à soi-même, qu'au final on est toujours seul.
Et toi alors, tu participes à ce genre de soirées ?
Tu fais parti de ceux qui ôtent la vie pour se divertir, parce qu'ils en ont les moyens ?Son ton méfiant et écoeuré se mélangeait à la déception. Louis ne pouvait pas croire que le plus grand fasse parti de ces enfoirés. Pourtant, un type qu'il connaissait depuis deux ans avait révélé son vrai visage ce soir, alors Harry, qu'il n'avait côtoyé qu'une fois, que savait-il vraiment de lui ?
En plus de la trahison, le châtain en voulait à ce qui avait été son ami pour avoir fait naître en lui cet instinct primaire de méfiance envers tout. Il n'était pas de nature naïve, mais maintenant il en venait à remettre en question la moindre parole.Une détonation.
Un pneu qui éclate.
Un juron s'échappa des lèvres de Louis, ils venaient de les rattraper.
Évidemment ils faisaient partie de ceux qui ne se voient rien refuser, qui n'autorisent pas que la moindre petite chose n'aille pas dans leur sens alors ils n'allaient rien lâcher. Les voitures étaient assez loin, mais leurs armes hyper puissantes venaient visiblement de crever un des pneu arrière de la voiture. Un regard azur et paniqué se tourna vers Harry. Allaient-il réellement devoir partir à pied se cacher dans des ruelles et jouer au chat et à la souris ?
Le plus grand allait sérieusement finir par regretter d'avoir sorti Louis de là. Le châtain détacha sa ceinture, prêt à la fuite. La nuit promettait d'être longue.

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Black Soul.
FanfictionDeux garçons. L'un aime la vie, l'autre aime la mort. Harry est un garçon suicidaire qui a perdu sa famille lors d'une purge. Il n'a qu'un seul but : les venger. Louis quant à lui vit avec son père alcoolique et sa petite sœur de 10 ans. Il n'a qu...