Partie 61.

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Je pense alors que si tu as été atteint de ce syndrome, j'ai fortement dû être atteint de celui de Lima. Attention, n'en viens pas aux conclusions hâtives, je n'ai pas dit que j'éprouvais un quelconque sentiment. De l'empathie ?

Il releva alors à nouveau son regard vers son fameux otage et en observant malgré la faible luminosité, sa réaction, il décida de se rattraper. Louis venait de lui taper l'arrière de la tête, faisant alors mine de bouder, ce qui fit rire son amant.

N'allons pas trop vite en besogne d'accord ? Je sais que tu adores me faire des déclarations d'amour mais je n'en suis pas encore à ce stade. Et puis tu sais, je préfère les actes aux paroles.
C'est pour moi l'essentiel d'une relation, bien qu'il faille tout autant de communication.

Louis, même s'il avait été touché, vexé, ne l'aurait sûrement pas dit à Harry qui essayait simplement de faire comprendre, de se faire comprendre et le bouclé le savait tout autant. Pour l'instant, ça lui convenait. Seulement il arriverait un moment où il ne supporterait clairement plus le fait qu'il se mute tout autant que lui seulement pour sa part : éviter de faire se braquer l'homme dont il tombait certainement secrètement amoureux de lui. Harry savait aussi pour cette part de Louis. Il n'était ni stupide ni prétentieux, simplement assez intelligent pour se rendre compte de ce qui se tramait sous son nez, qu'il ne cessait d'ailleurs de toucher lorsqu'il était gêné. Louis l'avait sûrement remarqué. Il décida alors de rebondir sur la réponse de ce dernier à propos de ce qu'il lui plaisait chez lui, les joues légèrement rougies.

Et bien.. tu m'en vois ravi. Enfin.. touché. Ça me fait plaisir. De te faire ressentir ce genre de choses. J'aime te voir épris Louis tu sais, j'adore ça. Ça me rends un peu plus fou de toi. Je n'oserais imaginer m'imaginer dans les bras de quelqu'un d'autre actuellement. En réalité, ça fait un bail que je n'ai pas dormi avec quelqu'un, enfin, tu vois ?

Il n'avait pas lâché son regard une seule seconde. Contrairement au plus jeune, il avait voulu le regarder pleinement bien que ses paroles n'aient pas été bien intéressantes. Il avait d'ailleurs forcé Louis à le regarder, le sachant tout de même fan des étoiles qui ornaient la plupart des plafonds de ses propriétés. Il avait terminé ses mots sur un baiser adressé au coin de ses lèvres seulement, se recouchant bien vite sur le torse du garçon à l'entente de sa question. Il se demandait vraiment pourquoi il avait accepté cette stupide soirée confidence. Il était de plus, fatigué de cette journée éprouvante. Un travail épuisant, des ébats crevants et une bagarre anéantissante. Autant dire que sa journée avait été forte en émotions. Elle lui avait laissé autant de marques physiques que morales. Il remonta alors sa main qui caressait doucement le pectoraux droit du garçon pour la poser sur le côté de son cou, appuyant légèrement de son pouce le dessous de son oreille, voulant inconsciemment lui faire comprendre qu'il appuyait là où ça faisait mal et qu'il en était peut-être assez pour ce soir. Consciemment, il se racla la gorge pour dévoiler un peu plus de son passé à Louis qui avait l'air de regretter sa question, la main d'Harry se faisant légèrement plus brusque. Il cessa d'ailleurs tout mouvement et remonta ses lèvres de son torse pour venir parsemer la peau de son cou de baisers beaucoup plus durs que les précédents. Harry avait mal et Louis le savait certainement. Il s'arrêta alors d'un coup brusque et ferma les yeux, se laissant submerger par tous les souvenirs douloureux qui remontaient à la surface petit à petit.

Je.. enfin ce à quoi je faisais allusion à ce moment-là remonte à un petit bout de temps. Quand ma famille est décédé, je suis longtemps resté enfermé ici à broyer du noir, essayant de compter sur mes doigts le nombre de personnes que je tuerai bientôt de mes propres mains pour m'avoir arraché la meilleure partie de moi. Je pense n'être sorti de chez moi seulement pour aller promener Sam qui était la seule et unique chose qu'il me restait d'eux. Je ne sortais pas de ma propriété si ce n'était pour aller dans les bois ou au cimetière.
J'étais littéralement brisé.
Que ce soit de l'intérieur comme de l'extérieur. J'ai maigri, beaucoup même. J'étais laid. Je pense avoir vécu les pires instants de ma vie.
Quand j'ai enfin fini par revoir le peu de monde qui me restait, que j'ai recommencé à sortir et à vivre, j'ai rapidement fini en complète débauche.
La soir de notre rencontre, tu m'a demandé si la barre de pôle dance qui se trouve dans la pièce au fond du couloir m'était réservé ou bien si d'autres personnes s'en servaient. Désolé de te décevoir, je ne suis absolument pas apte à te faire un quelconque show.
J'ai fait venir des filles. Un bon paquet. Des mecs aussi. Autant dire que je me suis tapé les trois quarts de la ville. Mes parents auraient honte s'ils savaient que la réputation de leur nom est désormais salie par la vie de débauche de leur fils. Que veux-tu ? J'ai été incapable de me relever correctement pour ne plus avoir à tomber. J'ai trébuché, un bon grand nombre de fois.
Puis je me suis relevé, j'ai repris mes études et j'ai décroché mon actuel emploi. Je suis interne à l'hôpital sur la grande avenue. Ne ris pas s'il te plaît. Gamin, je ne rêvais pas d'avoir autant de sang sur les mains. Du moins, pas de cette façon. J'en suis où j'en suis, peu importe l'avis des gens, il ne m'importe absolument plus.

Harry rouvrit finalement les yeux en se rendant compte que ces derniers étaient rouges et se releva pour attraper le paquet de cigarettes qui se trouvait sur la table de nuit. Il en coinça une entre ses lèvres, enfila son boxer qui trainait au sol et alluma sa cigarette avant de reposer le briquet et se diriger vers la porte fenêtre qu'il fit rapidement coulisser pour venir refermer à moitié avant de s'appuyer sur la rembarre de son balcon donnant sur son immense jardin qui lui donnait sur la forêt qui séparait son quartier de la ville. Il inspira alors la fumée calmement et la recracha une bonne minute plus tard, observant cette fois les étoiles dans le ciel au dessus de sa tête. Il ne fallut qu'une minute ou deux à Louis pour venir le rejoindre, un plaid sur le dos. C'est volontiers qu'Harry lui fit signe de s'approcher avant de l'attraper par la hanche et venir le placer devant lui, entre la rembarre et son corps frêle. Il déposa alors un baiser sur le crâne du garçon avant de reprendre une taffe de sa cigarette et enrouler son bras libre autour du buste de Louis qui observait à son tour les étoiles en silence. Peut-être avait-il compris qu'il avaient assez discuté pour ce soir.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant