Partie 77.

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'Je me suis toujours demandé dans quelles circonstances mon coeur s'arrêterait de battre. Si je regretterai d'avoir cessé de me battre, ce qui arriverait ensuite. Ce qu'il y avait réellement après la mort.
Retrouverai-je mes proches ?
Verrai-je cette fameuse lumière ?
Rien de tout ça n'était arrivé.
Quand mon coeur a cessé de battre, j'ai simplement vu le monde s'arrêter. Les lumières s'éteindre. Je me suis retrouvé dans le noir. Mes yeux étaient-ils simplement clos ? Étais-je mort ? Et puis j'ai entendu cette voix, cette petite voix que je connaissais si bien, me criant de me battre, que ce n'était pas encore l'heure. Je ne l'avais pas vu ce soir là mais je l'avais entendu. Je l'ai entendu. Elle avait l'air si proche et si loin à la fois. Je savais que je n'avais simplement qu'à la suivre pour la rejoindre mais la vie en avait décidé autrement pour moi. Les lumières se rallumaient, les yeux se rouvraient, je me retrouvais a flotter au dessus de mon corps entre la vie et la mort, dans les bras d'un homme que j'avais longtemps affectionné. Il m'a sauvé ce soir là. Ils ont essayé de me sauver, deux fois. J'étais dans le coma, je le suis toujours. On m'a mis dans une chambre de réveil dans l'aile Ouest de l'hôpital dans lequel je travaille. J'ai stipulé sur un papier que je voulais qu'on me débranche si un jour toute cette merde arrivait. Je sais qu'il ne me restait que quelques jours seulement avant que ce soit le cas. Mon corps meurtri et blafard était avachi sur un grand lit dans une petite chambre dénuée de couleurs. Tout était blanc. Je fixais mon corps quand la porte d'entrée se déverrouilla pour laisser apparaître une chevelure longue et brune que je connaissais si bien. Dua s'assit sur le rebord du lit avant de prendre ma main et laisser les larmes rouler le long de ses joues roses. Je devais avouer ne jamais l'avoir vu dans un tel état. Peut-être le jour de l'enterrement de ma famille. Enterrement auquel je n'étais resté qu'une dizaine de minutes. Cette fois elle avait l'air d'autant plus dévastée. Sûrement parce que j'étais le dernier ? La dernière personne encore en vie ? Je l'écouta me dire que je ne pouvais pas l'abandonner, que je devais me battre, qu'il y avait encore des personnes qui comptaient sur moi. Je l'entendais. Je l'entendais s'excuser d'avoir jugé Louis et de m'avoir fait du mal. Ça me fit un peu de bien. J'aurais presque pu sentir mon coeur rater un battement, s'il ne battait actuellement pas grâce aux moniteurs. De longues minutes passèrent avant qu'elle ne s'en aille et que j'entende quelqu'un d'autre entrer dans la petite pièce. Louis. Il essuya rapidement ses yeux mouillés et vint lui aussi s'approcher de mon corps inerte. Il caressa lentement la peau de ma main avant d'entrelacer nos doigts. Je ne ressens absolument rien de tout ça. Je le vois juste faire. Comment tout cela a pu arriver ? Il me murmura alors de m'accrocher et s'en alla peu de temps après. Je l'observa sortir de la pièce avant de jeter un coup d'œil par la fenêtre. C'est à cet instant que je les vis tous les trois. Ma cousine, le garçon qui me rendait fou et sa petite sœur, monter dans une même et seule voiture. Je vis la brune lui donner une clef et je su. Je su de quoi il s'agissait, ce qu'elle représentait.  Je n'avais pas pensé à Sam. Comment aurais-je pu ne pas penser à elle ? Il y avait bien quelque chose, une lettre, un testament. J'avais rédigé ce dernier après la mort de ma famille, ce dernier stipulant que si il devait m'arriver quelque chose, Sam serait remise à Dua. Elle était la seule en qui j'avais confiance. Bien que je ne connaissais pas Louis à l'époque, je n'aurais pas pu lui laisser cette charge. Sam n'avait que quelques années. Elle n'était pas même à la moitié de sa vie et il était hors de question qu'elle finisse en tant que poids dans la vie de quelqu'un. Je pense à ça. A ce testament. J'aurais aimé modifier quelques petits détails. Céder de nouvelles choses à de nouvelles personnes. Peut-être en aurais-je l'occasion. « Que tu vives ou que tu meures, ça ne dépend que de toi. » cette phrase sortant de la bouche de mon père pendant que Gemma elle, me crie de me battre résonne dans ma tête. Comment aurais-je pu faire quoi que ce soit en étant là, allongé sur un lit simple mais aussi assis sur ce fauteuil, observant mon propre corps périr ?

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant