Black Soul.

Partie 32.

Je comprends cette façon de voir les choses, mais on devient comme eux alors. On rentre dans cette catégorie de personnes qui peuvent être tuées parce qu'elles ne sont plus innocentes. Une vie reste une vie peu importe le jugement de bien ou mal que l'on peut y porter.

Louis n'avait pas eu cette vision des choses dès le début. À la mort de sa mère, il avait longuement hésité à laisser courir la haine dans ses veines. Mais il s'était rendu compte que cette même haine ne ferait que se retourner contre lui-même. Aveuglé, elle aurait prit le pas sur l'amour qu'il pouvait offrir à sa petite soeur. Le meilleur hommage qu'il pouvait rendre à sa mère était de faire honneur aux valeurs qu'elle lui avait inculqué. Il se démenait comme il pouvait pour les transmettre à Alli', c'était pour ces raisons qu'il s'en voulait tant d'avoir souillé ces valeurs ce soir.
D'ailleurs il n'avait pas relevé à haute voix le fait qu'Harry ignore ce qu'il lui avait dit par rapport à elle. Il savait que le garçon ne s'en fichait pas, mais qu'il s'agissait d'un sujet sensible. Il l'avait bien compris et n'insista pas. Tout comme le plus grand avait bien compris ce dont il avait besoin et sût bien lui vider l'esprit de par le voyage qu'il créa grâce à la sensation de ses doigts sur la peau du châtain.

Louis était réceptif, le moindre effleurement le faisait frémir. Sa tête se laissait aller sur le côté pour succomber davantage aux lèvres délicieuses d'Harry contre son cou. Il se sentait tellement bien. Son regard s'accrocha à leur reflet un peu effacé dans la baie vitrée. Il admira la façon dont le corps du plus grand couvrait entièrement le sien dans son dos. Comme s'il avait été fait pour se loger contre ce corps plus musclé que le sien. Son regard s'abaissa. Là-bas, entre les rues, peur et sang régnait. Pourtant vu d'ici, dans un silence percé par leurs souffles et le bruit de lèvres s'échouant sur un épiderme, les lumières scintillantes de la ville faisaient écho à des étoiles descendues sur terre. Harry venait de l'enfermer dans une bulle où l'atmosphère y était plus plaisante que celle de la réalité. Puis il y eut ces mots. Ceux qui coupèrent sa respiration un court moment et ce fut à ce moment que son coeur s'emballa beaucoup trop vite. Tout d'abord par ses gestes et maintenant par ses mots, Louis se sentait tellement respecté que cela en était douloureux au creux de l'estomac. Il ne pensait pas que cette difficulté à être à l'aise avec son corps se voyait tant, bien qu'elle était quelque peu diminué grâce à la pénombre. Sa main se réfugia sur celle d'Harry, posée sur son coeur, il combla le vide entre ses doigts avec les siens et fit descendre leurs mains liées sur son corps. Comme si Louis acceptait son corps à travers le touché de Harry. Il ne voulait pas être le seul à oublier, à vivre dans cette bulle. Mais il n'arrivait pas à mettre fin à cet instant presque magique où il se sentait à sa place. Sa main quitta celle de son second pour venir se caler sur sa nuque, tout en restant dos à lui. Sa tête reposa au dessus de sa clavicule et il laissa ses doigts dévier le long de la mâchoire du plus grand, terminant leur parcours contre sa joue. Ils se découvraient, sans barrière, sans réel but et à leur manière. Mais Louis finit par se retourner et lui faire face.

L'azur battant le fer à l'émeraude une nouvelle fois, il admira le garçon face à lui baigné dans la lumière de la lune. Il était magnifique et l'attraction de ce qu'il était en tant qu'individu prenait le dessus. Elle était bien plus forte que l'attraction physique ou du moins multipliait son intensité par mille. Louis dut se mettre sur la pointe des pieds pour que ses lèvres prennent la place de ses doigts, embrassant alors la ligne de sa mâchoire. Ses mains se perdirent sur son abdomen alors que son index reliait les grains de beauté sur sa peau, y créant de belles constellations imaginaires. Il le voulait. Ses lèvres se mirent à déposer de doux baisers sur son torse, alors que ses mains se posaient sur ses côtes et descendaient sur ses hanches au même rythme que ses lèvres avançaient vers son nombril. Le bout de sa langue traça les lignes de son V largement marqué. Le garçon avait un genoux à terre et en profita pour le débarrasser de son jean, relevant la tête vers lui pour s'assurer que c'était ce qu'il voulait également. Son jean gisant par terre, Louis remonta à la hauteur du plus grand. Il entoura délicatement sa nuque de ses bras avant de sceller leur lèvres les unes contre les autres, les yeux clos. Il retrouvait cette saveur qui lui avait peut être manqué. Leur corps se rapprochèrent et celui de Louis se retrouva plaqué contre la baie vitrée. Un geignement s'échappa de ses lèvres.

C'est froid.

Aussitôt dit, il se sentit porté par Harry. Ses jambes s'enroulèrent par automatisme à la taille du garçon qui le portait alors que ce dernier les conduisait dans la chambre. La même vue panoramique de la ville s'offrait à cette pièce et Louis s'autorisa à penser que c'était parfait.