Partie 76.

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« Le tuer. Je vais le tuer. »

Ces quelques mots essayaient, en vain, de franchir la barrière des lèvres meurtries du châtain qui se sentait ballotté de droite à gauche au rythme d'une démarche hâtive. La force lui manquait beaucoup trop pour pouvoir articuler la moindre syllabe et ne serait-ce que parler d'une voix audible. Il se contenta alors de se laisser aller dans les bras de celui qu'il avait reconnu comme étant Harry grâce à sa voix et son odeur, tombant dans un état second pour tout le reste du trajet qui l'empêchait de ressasser ce qu'il venait de vivre.
De toute façon, ça n'avait pas pu arriver. C'était un simple cauchemar, voilà pourquoi il n'arrivait pas à ouvrir les yeux, qu'il se sentait épuisé et qu'il dormait à moitié. C'était un cauchemar qui l'avait réveillé en pleine nuit et il tentait de se rendormir. La fatigue lui faisait tourner la tête et lui donnait l'impression d'être porté, une impression, rien d'autre. L'odeur d'Harry, elle était là parce qu'il devait dormir contre lui. Comment était-il arrivé contre lui ? Il ne se souvenait pas, il ne voulait pas savoir. Dormir. C'était tout ce qu'il voulait, dormir pour ne plus penser.
Tout son esprit était en pagaille et totalement désorienté, il créait des pensées désordonnées et incohérentes. L'effet du choc était présent et le faisait passer par toutes sortes d'états, lui donnant l'impression de vivre hors de la réalité et l'empêchant de réagir. Tout était confus, embrouillé, le châtain ne savait plus vraiment ce qui était arrivé, ni quand, où, comment. Cependant l'eau chaude du bain raviva ses sens pour le ramener à cette réalité auparavant troublée par son inconscient. Pour le moins qu'on puisse dire, ce fut brutal, terrifiant, douloureux. A peine il avait ouvert les yeux qu'il voyait son corps dénudé une nouvelle fois et un contact contre sa joue. Incapable de saisir le contexte et de réaliser que c'était pour son bien, pour s'occuper de lui, Louis ressentait simplement cette peur paralysante de revivre ce qu'il avait vécu ces dernières heures au creux de son ventre. Peu importe que ce soit Harry, il n'avait pas voulu être déshabillé, il n'avait pas pu anticiper ce toucher qu'il ressentait actuellement contre sa peau. Il n'avait rien pu faire pour se défendre lorsque Noah était au dessus de lui, là il le pouvait alors c'est ce qu'il fit. Sa main refit surface de l'eau avant de s'élever dans les airs pour s'abattre deux fois consécutives contre la joue du plus grand à côté de lui sans aucuns remords sur le coup. Le regard blessé et dur dans celui émeraude d'Harry, il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour lui demander de le laisser. Ses yeux suivirent la silhouette plus grande et large que la sienne quitter la pièce.

Ce n'est qu'une fois la porte refermée qu'il ferma les yeux. Ce geste ne changeait rien, c'était réel, c'était arrivé. Les paupières closes lui permettaient seulement de dresser un tableau noir devant ses yeux sur lequel les souvenirs d'un blanc criard se dessinaient beaucoup plus nettement, où chaque détails apparaissaient précisément. Son ex petit-copain l'avait violé et malgré les choses horribles qu'il avait pu lui dire ou faire, jamais il n'aurait pu imaginé qu'il lui aurait infligé une telle atrocité. Les membres tremblants, Louis s'enfonça dans la baignoire pour être submergé par l'eau qui la remplissait. Il se sentait brisé autant mentalement que physiquement, la douleur de son cœur en lambeaux qui continuait de battre par il n'en savait quel moyen l'étouffait. La souffrance qu'il ressentait dans chacun de ses organes prêts à imploser sous cette intensité douloureuse se transformait en monstre qui semblait mettre toutes ses forces pour déchirer sa peau de l'intérieur, comme si son corps ne pouvait pas la contenir, mais rien, la souffrance physique n'était rien comparé à tout ce qui affluait dans ses entrailles. Il voulait que cette bête noire s'extériorise, qu'elle lui laisse un peu de répit et cesse de l'écraser comme un poids invisible. Dans l'espoir de provoquer cette fissure qui laisserait couler le supplice en dehors de son corps, Louis griffa son ventre, du plus fort qu'il put, plusieurs fois. Il n'y avait aucun soulagement. Il pensa un instant à rester trop longtemps sous cette eau, faire en sorte que l'eau s'immisce dans ses poumons, marquant son passage d'une brûlure presque insoutenable jusqu'à ce que son dernier souffle quittant ses bronches le fasse hoqueter une dernière fois. S'il se noyait, il noyait la bête noire avec lui. D'un geste brusque, Louis se redressa pour émerger de l'eau, faisant ruisseler rapidement les gouttes sur son corps et éclaboussant les bords de la baignoire. Il reprit une bouffée d'oxygène qui avait commencé à lui manquer sans qu'il ne s'en rende vraiment compte. Non, il ne pouvait pas faire ça, pas plus à sa petite sœur qu'à Harry même s'il venait de gifler ce dernier. Les larmes commencèrent à rouler sur ses joues et son corps à être secoué de sanglots silencieux pendant qu'il sortait de la baignoire. Il attrapait fébrilement la serviette et se séchait avec avant d'enfiler les affaires que lui avait laissé le plus grand, il aurait presque trouvé un réconfort au fait de voir son corps se perdre dans le sweat trop grand. Les forces commençaient à lui manquer, mais il réussit tout de même à rejoindre la chambre d'Harry, sans parvenir à arrêter de pleurer. De toute façon, pour le peu de dignité qu'il lui restait, il n'était pas à ça près. Louis s'apprêtait à lire du dégoût dans le regard du garçon, à la place, il se retrouva dans ses bras en quelques secondes. Ce geste fit redoubler ses sanglots, ne sachant pas vraiment si c'était parce que ça faisait du bien de pouvoir se laisser aller contre son pilier, de savoir qu'il y avait toujours une personne sur qui il pouvait compter ou bien si c'était parce qu'il ne voulait pas se sentir prisonnier ainsi, se demandant comment le plus grand pouvait le prendre dans ses bras alors qu'il était dégoûtant. Que ce soit l'un ou l'autre, sans doute un mélange des deux, le châtain ne supportait pas ce contact, il craignait de ne plus jamais pouvoir totalement les apprécier. Alors le plus petit se débattit une fois de plus pour l'éloigner, il avait peur, il ne voulait pas être touché, il n'acceptait pas de pouvoir ressentir un brin de réconfort dans ses bras alors qu'il ne méritait plus rien, ne valait plus rien. Il se débattait et le frappait au même rythme que ses émotions se bousculaient et le heurtaient en lui, jusqu'à ne plus en pouvoir. Ses yeux fatigués se relevaient vers lui pendant que ses paroles lui parvenaient aux oreilles, il ressentit un soulagement en apprenant qu'Alliyah allait bien. Un soulagement de courte durée en entendant la suite, ce qu'il avait prévu de faire et ce qu'il ressentait par rapport à ce qui c'était passé.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant