Partie 6.

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« Inconscience.        Souffrance.
   Inconscience.        Souffrance. »

C'étaient les seules informations que le cerveau de Louis réussissait à traiter, les yeux mis clos, quand ces derniers n'étaient pas fermé, la lumière dansante dans un flou presque artisitique et ce même visage masqué se dédoublant de façon irrégulière.

« Connard. »

Celle ci s'ajouta à la courte liste lorsqu'il sentit des claques le ramener dans la phase "souffrance" avant de sombrer à nouveau pendant tout le trajet, bien trop secoué de droite à gauche pour résister plus longtemps. Entre l'éveil et les vapes, ce fut une chaleur apaisant ses tremblements qui le poussa à faire un effort pour se blottir davantage contre cette source de chaleur, bien trop harassé pour se rendre compte qu'il ne se nichait contre rien d'autre que ce qui était le corps de son assaillant. Ce n'est qu'une fois allongé sur une surface toute sauf agréable qu'il se rendit compte qu'actuellement, il était sûrement très loin de l'endroit où tout s'était passé. Loin de sa soeur, dans un état tellement lamentable qu'il lui serait impossible de tenir sur ses deux jambes. Ruminer n'arrangeait en rien la douleur lancinante, mais le châtain n'arrêtait pas pour autant.

Il faisait chaud, froid, il avait la sensation que son coeur s'était déplacé dans l'épaule et que chaque battement était douloureux, puis que son cerveau se soit transformé en usine surmenée, avec des machines grinçantes et cheminées fumantes.
Ne sachant pas faire la distinction entre ce qu'il pensait et ce qu'il disait, Louis crut halluciner lorsqu'il réalisa que la terreur le bâillonnait alors qu'il voulait le soigner, encore plus lorsqu'il sentit une brûlure reconnaissable entre mille, celle qui se faisait d'habitude sentir dans sa gorge et son estomac, s'infiltrer dans la plaie. Mais alors ce fut le summum lorsqu'il entendit les paroles d'Harry.
Indigné, il eut envie de laisser libre court au flot de paroles mêlé d'insulte qui se résumerait à des « Ma chochotte ? Mais t'es entrain de mettre de l'alcool sur une plaie ouverte et profonde sombre crétin ! Vivement que la situation s'inverse pour que tu voies ce que ça fait, quoi que non je ne veux jamais te revoi.. Recoudre ? Non ! Surtout pas ! » étouffé par le tissu, se faisant un plaisir de baver dessus malgré le regard noir à la fois blasé et empli d'avertissement de son assaillant devenu sauveteur. Ne se souciant guère plus de ce qu'il pouvait ou non faire ou dire pour ne pas faire de faux pas et sauver sa peau. De toute façon, l'aiguille eut raison de lui.

Les paupières papillonnantes, Louis ouvrit petit à petit les yeux, se remémorant tout ce qui était arrivé depuis le début de la purge. La télé parlait d'une quelconque affaire économique qui ne l'intéressait pas au vu de la situation, mais il se réveillait doucement avec une étrange sensation de bien être et cette impression d'être en sécurité, seulement cela ne dura pas.
Toutes ses inquiétudes revinrent au grand galop. D'un côté il y avait le problème avec sa soeur qu'il devait à tout pris rejoindre, et de l'autre il y avait la situation actuelle à gérer parce que, merde, il était quand même dans la baraque du type qui avait tué quelqu'un cette nuit, l'avait kidnappé en quelque sorte puis soigné.
Pas étonnant que le châtain ne s'en sorte pas avec le méli-mélo dans sa tête.

Son regard se posa sur le profil de son assaillant qui avait d'ailleurs retiré son masque, laissant place à une vision bien moins horrifique et plus agréable à regarder. Harry semblait en pleine réflexion, sans avoir encore remarqué qu'il était éveillé. Louis se demandait à quoi pouvait-il bien songer, ce garçon n'était visiblement pas toujours habité par la haine qu'il n'avait pas eu de mal à voir quelques heures plus tôt. Mais une question le taraudait, pourquoi diable l'avait-il emmené dans sa foutue maison pour le soigner ? Il y avait forcément quelque chose de moins bienveillant dissimulé par ce geste pour un tueur. Le jeune Tomlinson se rendit compte que ses mains n'étaient plus attachées et que la porte était à environ une cinquantaine de mètres. Sa blessure était pansée et s'il n'y touchait pas, elle ne lui faisait pas mal. Alors Louis tenta de se lever d'un bond, sans même vérifier que la corde autour de ses chevilles avait été coupée et lorsqu'il manqua de s'écraser sur la table basse tête la première à cause de l'élan, il se rendit compte que ce n'était pas le cas. Échec.

D'un geste rapide et souple, il eut à peine le temps de voir Harry se lever du fauteuil dans lequel il était installé qu'il se sentit brusquement poussé en arrière. Il s'écrasa sans ménagement contre le cuir du canapé, laissant échapper un geignement au passage. Louis ne remarqua qu'à cet instant, relevant les yeux sur celui qui le dominait de toute sa hauteur, que leur t-shirts respectifs avaient disparus. Ses yeux descendirent sur son propre torse puis vagabondèrent sur les différents tatouages encrés sur celui de son bourreau, avant de remonter sur son visage d'un oeil farouche.

Tu as l'intention de me violer ou bien tu es juste un voyeur ?

Peut-être que le fait d'avoir été soigné par lui retirait à Louis la peur de se faire tuer par cette même personne, déliant alors sa langue comme il le ferait dans n'importe quelle situation. L'air narquois qui prit possession du visage d'Harry lui fit très bien comprendre la débilité de ses propos. Oui, il regardait peut-être trop de thrillers. En même temps tout était imaginable les nuits de purge. Il resta quelque temps à le regarder droit dans les yeux, s'obligeant à ne pas regarder ailleurs, se jaugeant tous deux du regard. Louis finit par se redresser lentement en posture assise, toute crainte envers Harry n'ayant pas disparu surtout vis à vis de la position de faiblesse du châtain en ce moment, puis il se baissa pour défaire les noeuds à ses chevilles de ses propres mains. Il profita du fait que le bouclé ne pouvait pas voir son visage pour réfléchir à la façon dont il allait devoir s'y prendre pour retourner là où sa soeur se trouvait. Il allait devoir avouer une part de vérité, le mensonge qu'il lui avait lancé à la figure plus tôt n'était plus crédible pour lui faire une telle demande. Louis se racla la gorge avant de se lever pour faire face à son assaillant. Est-ce qu'il pouvait réellement lui dire une part de vérité ?
Il est facile de mentir avec des gestes ou des paroles, mais en saisissant le regard que porte une personne sur le monde, il est possible de l'identifier ou du moins identifier ses intentions. Avec Harry, Louis avait l'impression qu'il pouvait savoir beaucoup de choses grâce à son regard qui venait d'ailleurs de se plisser comme si le garçon avait deviné qu'il cherchait à lire en lui.

Il faut que je retourne là-bas, est ce que.. tu peux m'y réemmener ?

Louis ferma les yeux en se traitant d'idiot, putain, bien sur que non il n'allait pas faire ça. Il se reprit alors :

Enfin, juste m'indiquer le chemin pour y retourner ? S'il te plait.

Si jamais il refusait, Louis était dans la merde. En étant inconscient tout le trajet, il n'avait pas la moindre idée du chemin emprunté pour venir ici. Il ne savait même pas s'ils étaient encore en ville ou en périphérie. La vie de sa petite soeur se retrouvait entre les mains de cette terreur et cela donnait la nausée à Louis de se sentir aussi impuissant, bien qu'une part de lui savait qu'il n'y avait aucune trace de méchanceté pure ou perversité dans ces yeux émeraudes.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant