Black Soul.

Partie 22.

Louis eut l'impression de revenir des heures en arrière, en se retrouvant une nouvelle fois le canon pointé sur sa tête. Tout avait dérapé si vite, par sa propre faute. Ses deux orbes azures dévisagèrent le détenteur de l'arme braquée sur lui, même lors de leur premier face à face, le plus grand n'avait pas semblé aussi enragé. Le châtain avait fini sur le sol avant même de comprendre ce qu'il se passait, mais il y restait, figé et incapable de détourner le regard. Comme s'il venait de voir une créature s'échapper d'un livre fantastique et apparaître sous ses yeux. Louis était conscient que chaque personne avait sa propre façon de réagir à la mort d'un proche. Haine, souffrance, déni, un mélange de toutes ces émotions même. Certains ne peuvent pas en parler et évitent le sujet comme la peste, d'autres en parlent presque avec détachement pendant que d'autres encore ne peuvent se résoudre à passer à autre chose et gardent ces larmes et tristesse dans la voix. Certains se raccrocheront à quelque chose, quelqu'un et réussiront à aller de l'avant sans pour autant oublier alors que quelques-uns resteront enfermés dans ce malheur, ne souhaitant parfois que rejoindre l'être perdu. Il comprenait et respectait chacune de ses réactions, il n'y en avait pas une à juger ou à dénigrer. Cela n'empêchait pas Louis de rester consterné face à tant de violence.

Le garçon ne se releva pas immédiatement après le départ de Harry, encore bien trop cloué au sol par la stupéfaction. Il essayait de mesurer l'ampleur de ses paroles et son acte. Pour ses paroles, il comprenait, son habitude à aller droit au but n'avait pas sa place dans cette situation. Cependant, Louis s'en rendait compte trop tard, il avait été un idiot en se focalisant sur son besoin de comprendre les actes du plus grand et non sur ce que ce dernier pourrait ressentir face à une telle question.

Le châtain ne voulait pas attendre dans la pièce jusqu'à ce que l'alarme indiquant la fin de la purge retentisse. Il avait besoin d'aller éclaircir les choses, il ne pouvait pas mettre Harry dans cet état puis rentrer chez lui une fois la nuit de purge passé comme si de rien n'était, surtout après tout ce que le garçon aux yeux verts avait fait pour lui. C'était étrange et peut-être stupide parce qu'après tout, cela aurait sûrement été mieux pour eux deux que tout s'arrête là. Pour que Harry puisse oublier que quelqu'un connaisse sa faiblesse et le confronte à cette dernière et pour que Louis oublie toute cette violence tournée vers lui qui avait été mélangée au désir. Mais rien qu'à l'idée de ne rien faire, une envie de vomir lui montait à la gorge.

Le jeune Tomlinson sortit alors de la pièce et trouva celle où se trouvait le propriétaire de la maison grâce à la fumée blanchâtre qui contrastait avec l'obscurité de la salle. Il s'y rendit alors, s'arrêtant contre le mur après avoir franchi la porte. Ses yeux détaillèrent la ligne dure de sa mâchoire et ses épaules tendues, il était toujours en colère et si ça se trouve, Louis allait en rajouter avec ses explications. Mais il ne pouvait tout simplement pas jouer la politique de l'autruche.

Il avait fait une erreur, Harry allait-il le condamner pour ça ?
Il mit du temps avant d'ouvrir la bouche, se contentant de regarder son vis-à-vis dans les yeux comme s'il y cherchait la réponse à sa question. Les excuses n'arrangeraient rien et si Harry les considérait comme les remerciements, c'est-à-dire en les ignorant royalement, ce serait encore pire. Louis sentait la nervosité courir dans ses veines, pourquoi se sentait-il si mal de savoir que le plus âgé allait le détester quand ils se quitteraient et qu'il n'aurait jamais aucun autre moyen de se rattraper ?
Le châtain se mit alors à marcher le long de la pièce en prenant la parole, venant tapoter la laine du tapis de billard du bout des doigts en étant à l'opposé de Harry.

Je voulais comprendre ! Je ne voulais pas te blesser encore plus. Je voulais juste... comprendre pourquoi tu as agi comme quelqu'un de cruel et pourtant être une toute autre personne à certains moments. Je voulais en connaître un peu plus sur toi et il n'y a pas de pitié, c'est simplement que j'ai appris à t'apprécier au fil de la nuit et pas juste parce qu'on s'est embrassé. Mais j'ai compris, c'est bon, je ne saurai rien sur toi et si je veux te demander quelque chose, ce serait quelque chose du genre est-ce que tu veux bien m'apprendre à jouer au billard ?

Il ravala sa salive, ayant soudainement la bouche sèche. Louis n'avait tellement pas l'habitude de parler à haute voix de ce qu'il ressentait, même si ce n'était que de l'appréciation qu'il sentit son coeur battre plus vite et ses doigts trembler légèrement.