Partie 3.

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Harry arqua un sourcil entre l'instant où le garçon au regard presque tout aussi noir que lui lui affirma de ne pas l'associer aux propriétaires de la maison et l'instant où il lui souffla gratuitement comment y entrer. En même temps avec une arme collée sur le front, pouvait-il réellement ne pas vouloir lui dire ? Sûrement, si ça avait été sa famille mais visiblement pas. Cependant, Harry n'était pas dupe. Il avait remarqué ce regard. Ce regard enfouit au fond de sa pupille, celui qui le suppliait presque de ne pas trop s'attarder dans le quartier. Il ne devait pas être innocent. Il devait forcément avoir un lien avec tout ça, avec cette famille, avec le meurtre de ses parents. Il appela alors Liam et lui ordonna presque, non pas de s'occuper du garçon au regard océan mais bel et bien de l'attacher dans la camionnette et surtout de le faire taire jusqu'à ce qu'il revienne. Ça revenait un peu au même, bien qu'il finirait sûrement la nuit vivant. Ces soirs de purge, Harry faisait peur. À ses victimes tout comme à ses coéquipiers ou quiconque qui croisait son chemin. Son regard était empli de haine et si un malheureux osait lui barrer la route sur sa quête de vengeance, il en ferait les frais, sans aucune pitié de la part du bouclé.

Du haut de ses vingt et un ans, le garçon n'a toujours pas avalé la pilule et traque sans relâche la moindre personne se rattachant au meurtrier de sa famille.
Revenons quatre ans en arrière. Alors que le garçon se fichait encore de la purge et qu'il croyait sa famille en sécurité, comme toutes les autres années, il s'était permis de sortir. Sortir avec des amis dans une boîte de nuit privée et en dehors de la ville. S'il avait su que pendant qu'il se bourrait la gueule dans une boîte de nuit minable, sa famille se faisait massacrer dix kilomètres plus loin, il ne serait sorti et ne serait d'ailleurs sûrement plus en vie. Chaque jour, chaque heure, chaque minute et bien plus chaque seconde, Harry s'en voulait. Il était un adolescent stupide et inconscient, ne pensant qu'à désobéir à ses parents, comme la plupart des jeunes de son âge. Depuis, il avait mûri. Beaucoup mûri. Il était peut-être devenu un meurtrier et sûrement une honte pour ses parents qui veillaient sur lui là-haut, mais il avait mûri. Il avait pris conscience de beaucoup de choses, d'ô combien la vie était précieuse.

Il relâcha alors le garçon et laissa son coéquipier s'occuper de lui avant de recharger son arme qu'il n'avait pas même pris le temps de charger, sachant avec pertinence qu'il ne s'en servirait pas pour Louis, dont il ne connaissait pas même le prénom. Deux minutes plus tard, il enfonçait la porte arrière de la maison joliment décorée pour la saison d'hiver et donc de Noël. Il en connaissait certains qui passeraient les fêtes seuls et d'autres qui ne les passeraient pas tout court.

Une balle, deux balles, trois balles.
Harry n'avait pas cherché à comprendre. Il savait tout de ses victimes et ne leur laissait donc pas l'occasion de se justifier sur leurs moindres actes. Il vérifia que tout le monde était bel et bien mort et quitta la maison sans aucune pitié, sans aucun remords. L'assassin de sa famille en avait-il eu ? Il en doutait. Il les avait torturés et tués par la suite. Harry lui au moins épargnait à ses victimes de souffrir, bien qu'il leur ôtait tout de même la vie. Il grimpa alors à l'arrière de la camionnette qui était déjà en marche et ils démarrèrent enfin. Il déposa finalement sa mitraillette au sol et observa Louis qui lui n'osait pas le regarder, détournant le regard. Il posa alors sa main droite sous son menton et l'obligea à le regarder, sans pour autant le laisser parler. Ça ne pouvait qu'être délicat en ayant un énorme morceau de scotch noir collé sur la bouche. Tous les autres parlaient à l'avant, sachant que le bouclé détestait être embêté les soirs de purge et d'autant plus avec ses victimes. Il voyait le regard empli de haine du garçon aux yeux bleus mais s'autorisa à sourire. Il murmura alors.

Tu as de beaux yeux. Ta pupille se dilate quand tu es énervé. Cependant ton regard ne te sauveras pas alors dis-moi.. que faisais-tu à l'intérieur de cette maison ?

Souffla Harry en lui arrachant le bout de scotch, le jetant rapidement au sol un sourire en coin. Un sourire vainqueur. Harry ne souriait pas souvent mais le fait de savoir que sa famille était vengée de jours en jours le faisait sourire. Penchant sa tête sur le côté, il attendit patiemment qu'il réponde en espérant ne pas devoir utiliser d'armes pour arriver à ses fins. Ce serait bête d'égratigner un si joli visage, pensa t-il.

Black Soul.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant