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Je suis déjà bien trop alcoolisée pour me rendre compte que je suis la plus ridicule ce soir, sur cette piste de danse improvisée en plein milieu du salon, entre plusieurs groupes de gens qui ont l'air de tous se connaître.

D'habitude, dans les soirées de Nouvel An, y a toujours des gens qui n'ont jamais vus d'autres gens invités. Parfois ça matche, parfois pas.

Je suis la seule inconnue pour toutes ces personnes, apparemment, vu comment ils me regardent bizarrement. À moins que ce soit pour ma danse apocalyptique sur ce morceau de Drake ?

Alors, matchera, matchera pas ?

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J'aurais dû me tenir plus éloignée que ça du buffet des boissons. Autant celui de la bouffe ne m'attirait pas plus que ça, l'estomac coupé, mais celui de l'alcool était for attirant. Fontaine à punch, cruche à Margarita, marmite de Mojito, bouteilles en tout genre... C'était bien trop tentant de se limiter à un seul breuvage. Alors, une lampée pour les papilles. Une deuxième pour le gosier, une troisième pour le plaisir, et quelques autres pour la route.

Avec la fatigue et ma batterie dans le rouge, je ne vais pas tenir plus longtemps debout c'est sûr. Alors allons trouver la fameuse piaule où je pourrais envisager un sieston. Gaga m'a lâchée, il est en grande discussion avec une petite brunette absolument trop mignonne. En tentant de rejoindre le couloir sans trop jouer des coudes, je me fais un commentaire. Non, deux.

1. Je ne fais clairement pas tâche dans mon Sweat-Jogging-Basket, je suis pas la seule - bon, ok ce sont des mecs.

2. Ma gueule n'a pas dû leur revenir, je n'ai parlé avec absolument personne. Ah si, le grand black qui m'a dit de faire comme si j'étais chez moi.

Alors allons-y.

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Le couloir, plongé dans le noir, est inoccupé. J'ouvre la porte au fond après m'être retrouvée bredouille sur les autres, sans trop faire gaffe à ce petit panneau accroché à la porte. J'allume la lumière, et sans trop m'y attendre, je me retrouve nez à nez avec un lit à barreaux, squatté. Par un petit bout, debout mais tangent, les poings resserrés autour des bâtons de bois. Il me regarde, je le regarde. Pendant de longues secondes. Je ne dis rien, de peur de l'effrayer. Lui, pousse des petits cris, semblables à des gazouillis d'oiseaux, sans me quitter de ses grands yeux bruns.

Après une longue hésitation, je m'approche du lit et esquisse un sourire.

- Coucou bonhomme, ça va ?

Évidemment, je ne dois pas m'attendre à une réponse. Imaginez, il me répond "bien et toi ?". Rencontre du Troisième Type.

Comment ce petit bout arrive à rester ici, alors que dans le salon à côté, c'est le gros foutoir ? Et personne ne le surveille ?

Je m'accroupie pour être à sa hauteur, et continue d'observer ce petit bout, rieur maintenant. Il est adorable. Je lui tends mon index que je passe entre les barreaux. Ça ne fait pas un pli, il s'en saisit directement en poussant un nouveau petit cri aigu.

Alors qu'il serre mon doigt, et qu'apparemment, ça le fait marrer, je sens une larme rouler sur ma joue rougie par l'alcool et la fatigue. Puis une seconde. Mais devant ce gosse, je tente de faire bonne figure, alors qu'au fond de moi, c'est le bordel et je pourrais m'effondrer. Mais il n'a rien demandé, encore moins à assister à un affligeant spectacle.

Je prends appui sur mes genoux de sorte à pouvoir remonter le mécanisme du mobile, suspendu au-dessus du lit, qui diffuse une berceuse reposante et apaisante pour ce petit bout.

Reconnaissant la mélodie d'Au clair de la lune, je me mets à chantonner par-dessus, avec ma voix caverneuse, le résultat de quelques décilitres de boissons alcoolisées ingurgités. Et tandis que je recrache par cœur les paroles, mon organe vital se serre, l'espace d'un vers.

RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant