Point de vue Justine
Le vent froid, claque contre mes joues, devenues brûlantes à force de courir. Sans but, ni destination. Juste courir. Laisser mes larmes me fendre l'épiderme, presque à vif, de mes deux joues rouges. J'essaie de me contenir, me dire que je chiale sans doute pour rien. Mais la conversation avec ma mère, ne s'est pas vraiment réellement bien passée.
Je ne pouvais pas lui mentir plus longtemps. J'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai décidé de l'appeler. Plutôt que de me remuer le ciboulot à trouver la formulation parfaite, qui ne le sera jamais, pour lui annoncer par message, je me suis dit que de le lui dire à voix haute serait quand même plus adulte.
Si mes souvenirs sont bons, ça a donné quelque chose comme :
- Maman, c'est Juju.
- Ça va ?
Son ton était super méga inquiet, ça s'entendait.
- Ouais... enfin...
- Je m'en doutais. Il se passe quoi ? C'est ton travail ? Gilles ?
- Maman, promets-moi juste de ne pas te mettre dans des états pas possibles, et essayer de relativiser, je vais bien.
- Ma fille, tu continues encore une seconde de plus ces mystères, et je prends le premier avion pour Paris.
Apeurée par sa menace, qu'elle serait bien capable de mettre à exécution, j'ai obéi et je lui ai balancé, de but en blanc :
- Gilles est parti.
- Mais... il s'est passé quoi ?
- Ça fonctionnait bien, je t'assure. Mais notre troisième tentative d'avoir ce bébé a échoué.
- Oh, ma chérie...
Je n'en voulais pas de sa pitié.
- Comme si ça suffisait pas, une semaine avant l'intervention à l'hôpital, quand on a appris que l'embryon n'avait pas tenu le choc, il...
Ma voix s'est serrée et une première larme a coulé. La première d'une longue série. Je me suis raclée la gorge, pris sur moi et j'ai réussi à prononcer ces quelques mots, entre deux hoquets nerveux :
- Il a pensé que finalement, notre couple ne valait pas le coup de se battre contre la nature, qui décidemment s'acharnait à nous barrer la route du bonheur.
- Justine... je suis tellement désolée...
J'ai cru l'entendre à son tour sangloter. Mais ma mère, c'est un bonhomme. Un vrai. Qui a rarement des sentiments, et les montre encore moins. Mais faut croire que ma triste vie l'a pour une fois touchée. Enfin, je me suis sûrement fait des films.
- T'inquiète, Mam's, on s'y fait.
- Je savais que...
Mon cœur s'est arrêté. Je l'ai senti se tordre sur lui-même, comme un torchon qu'on essore jusqu'à ne plus avoir une seule goutte qui tombe.
- Tu savais quoi, j'ai repris, froide comme la banquise.
- Je savais que ça finirait par arriver.
- Comment ça ?
- Tu lui mettais une pression, à ce pauvre Gilles !
J'ai pris sur moi, grave, pour ne pas laisser tomber mon téléphone, ni laisser mes jambes fléchir sous le choc de ses aveux.
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Renaissance
FanfictionDes fois, dans la vie, tout ne se passe pas comme on l'aurait imaginé. Ne le dites pas à Justine, elle risquerait de ne pas vous vouloir que du bien. Elle l'a bien compris, qu'on n'a pas toujours ce qu'on veut. Et vit avec cette foutue idée comme e...