Renaissance

∞34∞

           
23 avril 2018

On se retrouve au square Saint Lambert à 18 pile sinon ça barde 😊

Elisa et ses vieilles menaces. Je regarde la montre sur mon ordinateur. Bon, ça devrait le faire. Il me reste une heure pour boucler deux dossiers et sauter dans le métro.

Je la vois déjà m'attendra de pied ferme, la poussette fermement amarrée à ses deux mains, occupée par ma mangouste adorée. Elle a presque deux mois et me vois mieux maintenant. Vu ma mine effacée des derniers temps, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne nouvelle pour elle.

On a beau s'appeler quotidiennement, s'écrire des messages, donner un autre ton à nos conversations téléphoniques, parfois, Ken me manque trop. Le temps passe si lentement, encore plus parce que je ne fais rien. Passées les journées au taf, je rentre et file me morfondre au fond de mon Vimle, à attendre que la tête de Ken (une photo prise sur le vif alors qu'il sortait de la salle de bain, un vrai bonheur) s'affiche sur l'écran de mon téléphone.

J'étais partie pour exclure les hommes et les sentiments amoureux de ma vie. Me voilà accro à Ken au point de tenir un calendrier où je barre chaque journée passée. Mon dieu, je fais vraiment ça ?

Elisa, désespérée par mon cas a décidé qu'à partir d'aujourd'hui, elle me sortirait.

Gaga, désespérant, se pointe certains soirs chez moi, délaissant un peu Lydia pour mes beaux yeux avec un pot XXL de Ben&Jerry's et un nouveau dvd à mater.

Hak's, que je n'ai plus revu depuis la soirée, me relance régulièrement pour que je les rejoigne après le travail au studio où ils fignolent leur projet. Il m'a aussi invitée à plusieurs soirées, chez lui ou Doum's quand il n'a pas la garde du petit Ismaël. Bizarrement, il ne m'a plus proposé d'aller à la salle avec lui.

Mais la présence de Ken me fait tant défaut que je n'arrive pas à vouloir m'amuser, ni essayer de le faire sans lui. Et j'ai tellement peur qu'on croie que son absence ne me fait rien si je venais à sortir et m'éclater.

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Ouais, je sais pertinemment que c'est con.

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-          Ma belle, te voilà enfin.

Elle abuse, il est à peine six heures passées de deux minutes. Je mérite réellement un châtiment pour si peu ?

-          Coucou toi, je dis à Elisa avant de me pencher au-dessus de la poussette.

Je caresse délicatement la joue rosie et rebondie de ma mangouste en la saluant avec mon plus beau sourire. Qu'elle me rend. Je craque. J'empoigne le guidon de la poussette et entame une petite marche à travers le square, Elisa trottant derrière moi.

Elle me parle de sa nuit d'amour, sa première depuis l'accouchement, avec Nathan, de la veille. Je lui fais les gros yeux alors qu'on a Luce avec nous qui n'a pas besoin de savoir que sa mère a vécu sa levrette la plus bestiale depuis longtemps.

-          Oh, ça va la coincée. Elle n'a même pas deux mois, elle comprend rien.

-          C'est ma mangouste, elle est plus intelligente que la moyenne, il se peut qu'elle ait déjà tout compris !!

-          Pff, mais toi alors ! Jamais dans l'excès quand il s'agit de ma fille. J'en peux rien si j'ai eu la chance de baiser hier soir !

Je claque mes mains contre les oreilles de Luce qui semble intéressée par ces deux illustres personnages la trimballant dans ce parc. Elle glousse joliment quand sa mère se met à rire.