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Le retour au taf a été fait sans grande conviction, surtout quand le réveil a sonné hier matin sur les coups de six heures. C'est vrai que jusqu'à ce que mes trois compères débarquent à Marrakech, je n'en avais pas réellement perdu l'habitude, mais les trois jours restants, je les ai plutôt bien occupés à faire la marmotte le matin et profiter de la nuit avec Ken, Elisa et Gaga.

Hélène m'attendait de pied ferme et n'a pas vraiment tenu à ce que je lui raconte mon séjour marocain, mais plutôt que je me replonge fissa dans des demandes d'expertises et d'indemnisations.

Je n'ai pas pu revoir Ken depuis, mais on s'est eu par message hier soir. Je suis rentrée tard du taf, lui il y allait seulement, alors j'ai comblé mon manque par la présence de Gaga dans mon canapé, à s'envoyer un sachet de chez le traiteur hindou en bas de chez lui, devant un navet hollywoodien.

Là, je finis de me préparer pour rejoindre Hakim à la salle de sport où il m'attend pour un peu me remettre en forme après mes excès sucrés à Marrakech. Et à y réfléchir, ça ne pourra pas me faire du mal. Dans trois mois c'est l'été, j'aimerais pouvoir dégainer mon corps de folie en paix.

Ah ah. A prendre au 4587e degré, je vous voir venir.

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-          Wech la tipeu, à l'heure c'est ouf !

-          Je sais pas ce que tu insinues, je suis rarement à la bourre. Pas comme certains de tes gavas !

-          Ta pote est pas venue, il me demande sans prendre de gants.

D'où Hakim l'ours bressom prendrait des gants ?

-          Son mec rentrait pas avant minuit, elle avait la petite à garder, elle pouvait pas trop se démerder autrement. Mais ça la chagrine, je rajoute en me pliant d'un clin d'œil.

-          Ouais, bon, échauffe-toi, c'est grave important...

Je sens que je vais en baver. Qui a eu encore cette idée saugrenue ? Moi ? Ah merde, des fois, faudrait vraiment apprendre à me la fermer.

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-          T'es vraiment le pire tortionnaire que je connaisse.

-          Y a pas de réussite sans souffrir un minimum.

-          On parle d'un micro bourrelet là. Je suis sûre Ken l'a même pas remarqué !

-          P'tet mais le sport, ça sert pas juste à gommer la graisse.

Dubitative, mais au fond consciente qu'il a raison, je hausse les épaules avant de me pointer devant un sac de frappe au fond de la salle, entre les rameurs et une machine de torture.

-          T'as envie de frapper ?

-          Qui ça, toi ? J'sais pas... Ça peut m'être utile tu crois ?

Il ne dit rien tandis qu'il se penche au-dessus d'une malle contenant des gants de boxe. Il choisit, toujours en silence alors que j'essaie de reprendre le souffle et me tiens les hanches. Ça fait à peine quarante minutes que Hakim me traine de machine en machine et j'ai l'impression d'arriver au bout de ma vie, la vraie. Mon cœur martèle de ses battements puissants contre mes poumons, eux-mêmes en pleine suffocation.

Hakim me tend mes gants que j'enfile sans broncher. J'ai jamais frappé de ma vie. Je ne vois pas trop l'intérêt mais il commence à m'expliquer que ça peut faire que du bien.

-          T'as p'tet besoin d'évacuer, j'sais ap' moi...

Pourquoi il dit ça ?

-          Pas forcément.

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