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Point de vue Ken

-          Mais t'es sérieuse ? Tu sais...

-          Piloter une moto ? Affirmatif, mon cher. Mon permis prend la poussière, autant que j'en profite.

-          Mais le permis Scoot, rassure-moi ?

Mais cette meuf, putain, elle me fait halluciner. Et là, elle va m'annoncer que...

-          Que nenni, pour les fiottes le permis scoot. Non, je te parle du permis moto, le vrai !

Je dois devenir blanc, parce qu'elle rit, juste pour se moquer. Je suis toujours monté que sur des scoots, au mieux, le T-Max de Fram.

-          Bon, je te rassure, on va rouler dans le désert, ils vont pas me proposer une Z750 ou une R1.

Hein, mais c'est quoi son charabia ?

-          Non, monsieur, le max qu'on ait, c'est une XT 660 R.

-          Parfait, elle s'exclame toute heureuse.

Le mec qui tient la boutique de location nous montre le modèle en question. Hein, mais elle sait conduire un engin pareil ?

-          Justine, t'es sûre ?

Je blêmis et Gaga, qui ne loupe rien de la scène est écroulé de rire, le bâtard. Elisa se tait, elle a l'air de kiffer l'idée comme moi, c'est-à-dire pas des masses. Mais ça a l'air tellement de leur faire plaisir aux deux, que je veux bien me sacrifier. Je suis venu passer du temps avec ma go, et sur une moto, je sais qu'elle m'échappera pas.

Elle négocie avec le loueur, tend son papier rose, Gaga aussi, lâchent des billets pour la caution et suivent le mec à l'arrière-boutique pour choisir l'équipement.

-          Toi non plus, c'est pas ton truc le deux-roues, me demande discrètement Elisa.

-          Bof, mais je sens qu'avec Justine aux commandes, y a moyen de s'éclater !

-          J'aimerais en dire autant de Gaga, mais je l'ai vu rouler une fois, je me suis jurée de ne jamais monter avec lui.

-          Si vraiment, on aura qu'à échanger, je propose à contrecœur.

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Parés, le casque enfilé sur la tête, on se retrouve dans la cour, devant deux grosses bécanes qui ont l'air d'avoir déjà pas mal bourlinguées dans le désert voisin. Justine piaffe d'impatience, fait mine d'écouter qu'à moitié les instructions du loueur alors je tends l'oreille pour elle, on sait jamais.

Mes mains moites glissent sans peine dans une paire de gant datant surement de Mathusalem. La sensation du cuir usé et pouilleux presque est vraiment écœurante, et c'est vraiment parce que je tiens à mes mains et que j'aime Justine que je me lance dans ce putain de bail.

-          Grimpe, crie Justine, sa voix recouverte par le bruit sourd du moteur en branle.

Ça me fait bizarre de monter derrière une fille, encore plus derrière ma copine. Comme si les rôles s'inversaient et que c'est elle qui détient une sorte de pouvoir, habituellement réservé aux hommes sur un engin de ce genre.

Elle aurait loué un camion et m'aurait montré son permis poids-lourd, ça m'aurait fait le même effet.

Si vous la voyez, à Paris, juchée sur des talons, ou moulée dans une robe à tomber, vous ne croiriez pas qu'il s'agisse bien d'elle, avec ces grosses bottes de motard, cette veste en cuir et ce casque cabossé.

RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant