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Point de vue Ken

Engoncé dans mon siège du tromé, je repasse en boucle ma fin de soirée. Et réalise qu'elle s'est déroulée absolument pas comme je me l'étais imaginée.

Je me suis pointée chez elle  à trois heures du mat avec l'envie irrépressible (ou débile ?) de l'embrasser sans trop lui laisser le choix, et de voir ce que ça donne. Mais en grande couille-molle que je suis devenu avec les go, j'ai rien fait de ce que prévoyait mon plan de base. Surtout que je l'ai retrouvée devant chez elle, le visage ravagé par les larmes.

J'ai ravalé profondément mon envie égoïste de goûter à ses lèvres et je suis resté avec elle, l'écouter me raconter ses récents déboires avec la vie, cette pute. J'étais loin d'imaginer tout ça, et à mesure qu'elle m'expliquait ce qu'il lui était arrivé, mon estomac se tordait violemment.

Mais ce n'est pas là ou je voulais en venir, non pas que je reste insensible à ses problèmes, j'en ai encore la chair de poule quand je pense à cet enfoiré de première qui l'a larguée alors qu'elle devait une nouvelle fois vivre un échec, seule cette fois, le supportant sur ses frêles épaules. Mais à mesure que je restais près d'elle, à l'écouter, la réconforter comme je pouvais, à tenir sa petite main dans la mienne, sans réussir à la lâcher, j'ai compris que j'étais en train de me mettre dans la merde.

Après Andrea, j'ai pris la décision de ne plus m'attacher, encore moins de tomber amoureux. Et de ne me concentrer que sur d'éventuels plan culs, réguliers ou occasionnels, peu importe. Mais comme je m'y attendais, tout ne se passe pas comme prévu.

Bon ok, elle m'a dit qu'elle n'était pas prête, qu'elle pensait aussi que c'était mieux qu'on ne se voit plus. Mais je la crois pas. Et je suis un mec borné, elle le sait pas encore.

Pendant que je l'observais, ma rétine profondément ancrée sur chaque parcelle de son visage si harmonieux, en train de se livrer comme si elle m'accordait une part de sa confiance, au fond de moi, j'ai ressenti des tonnes de trucs. Qui m'ont fait me sentir léger le temps de quelques longues minutes. Et puis j'ai atterri et j'ai  réalisé que ce serait pas aussi simple que ça. D'ailleurs elle m'a prévenu .

Alors comme le lâche que je suis, j'ai décalé en prétextant un rencart avec le crew. À 8h du mat', la bonne blague. C'est rare qu'on arrive à se retrouver si tôt, en dehors des périodes de studio ou les tournées. Mais rallonger mon temps passé auprès d'elle ne faisait que m'enfoncer un peu plus dans ce qu'elle m'a indirectement "interdit" pour le moment.

Mais je veux la revoir.

Parce qu'au fond, je perds pas espoir.

Je finirais par sceller mes lèvres aux siennes, et lier sa vie à la mienne.

J'en ai la ferme intention en tout cas.

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Point de vue Justine

Lessivée, le foie en vrac, je me jette sous la douche. Je lave longuement mes cheveux, comme s'ils faisaient un mètre de long. Je masse mes bras, mon ventre, mes cuisses, le bas de mon dos. J'ai tellement pas le temps d'aller en institut m'offrir un massage de 2h30 aux huiles essentielles de jasmin et de noix de coco, que je m'en occupe moi-même.

Bon, c'est pas la même limonade, mais quand je ressors de la douche, je me sens apaisée.

Prête à aller me coucher pour une bonne journée de sommeil.

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Il est 18 heures. J'ouvre un œil, puis deux. J'ai dormi presque 10 heures. C'est que j'en avais besoin. Dehors, au travers des volets, je distingue que la nuit s'étale doucement sur la ville.

RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant