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Dormir avec Ken n'est pas le pire des trucs que j'aurais fait dans ma courte vie. C'est même à placer sur le podium.

Son grand lit est grave accueillant, et sa literie est bien choisie. On dirait que je suis passée commerciale pour Dunlopillo, mais j'étais vraiment trop bien dans ce pieu. Dans ses draps. Dans ses bras.

Il s'est mis très vite à ronfler. Les premières minutes, j'ai trouvé le bruit régulier de sa respiration chou. Et puis à un moment, je l'ai trouvé agaçant, mais heureusement, Morphée est venu s'occuper de moi et m'a fait oublier le bruit du moteur diesel à côté de moi.

Il est grave beau quand il dort. Je suis réveillée et je l'observe. A mon tour de jouer les psychopathes. Ses traits sont fins, et le grain de sa peau est quasi parfaite. De petits grains de beauté, discrets, parsèment de ci de là ses joues et le reste de son visage. J'adore. Et en plus, il en a un exactement au même endroit que moi. Un tout minuscule, juste sous le sourcil gauche.

Il bouge un peu, grogne, et sa main part à la recherche d'une parcelle de mon corps, au hasard. Pourtant juste à côté de lui, il est en galère. Je l'aide alors en me rapprochant le plus possible de lui, en gardant ma position. Sur le côté, la main retenant mon crâne. Il adopte la même position, une fois qu'il ouvre les yeux et cherche maintenant ma bouche du bout de ses lèvres. Cette fois-ci, d'humeur taquine, je le laisse clairement en chier. Il finit par m'attraper et me mordre délicatement la joue. Il suçote même le repli de ma mâchoire, en descendant jusqu'au cou.

Des millions de frissons m'envahissent. Je me laisse faire, et laisse s'échapper un long soupir quand il attrape, avec ses dents, un bout de mon épiderme, enflammé, du cou, et l'aspire entre elles.

Je frissonne comme si j'étais nue sur la banquise. Et un grand soleil, qui doit faire des milliards de degrés au bas mot, vient me réchauffer d'un coup.

- Re bonjour, Princesse.

- Bonjour toi... bien dormi ?

- Comme jamais ! Et toi ?

Je fais mine de réfléchir, il comprend que la réponse ne sera pas celle qu'il attend.

- Je ronfle, c'est ça ?

- Ouais, mais rien qu'un peu, je tente d'adoucir la critique.

- Mais t'as pu dormir au moins un peu ?

- Mais oui, banane. Et putain, ce que j'étais bien. T'as du goût en matière de couette, je me mets à rire.

- C'est juste à cause de la couette que t'as réussi à bien dormir, il me demande, vexé comme un pou.

- Tu me donneras l'adresse du magasin où tu l'as achetée.

Il est vexé, pour de vrai, je crois. Alors pour le dérider un peu, j'enfouis ma tête contre son torse, que je frotte doucement contre mon visage, et me mets à rire en le traitant de grand naïf.

- Bon, quand madame aura fini de faire de l'humour à deux balles, on va se les manger ces sushis ?

En rentrant avant, on était tellement fatigués qu'on avait pas la foi de les attaquer. Maintenant, reposés et d'attaques, on va en faire qu'une bouchée de ce sac, moi je vous le dis !

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Gaga m'appelle. Alors que je suis en train de croquer religieusement dans mon dernier maki.

- Ouais, mon Gaga, cha roule ?

- Je te dérange ? Qu'est-ce que tu grailles encore à quatre heures ? Un goûter de grosse ?

- Pas du tout, maki poulet avocat !

RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant