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-          Maintenant que vous avez échangé vos alliances, promettez-vous fidélité, amour, soutien et respect, aujourd'hui, demain et pour le reste de vos vies ?

J'essaie d'essuyer discrètement une larme chaude et émotionnellement chargée, à l'abri de Ken qui me traiterait de grande fragile à l'instant même où il la verrait.

-          Oui, nous nous le promettons !

Un grand cri dans l'assemblée me réveille et m'ordonne de me concentrer sur la suite. Ça va être mon tour. Mon bonheur immense pour ces tous jeunes mariés laisse vite place au trac.

-          Bien, passons alors au baptême de la petite Luce. J'appelle le parrain et la marraine.

J'inspire longuement, espérant que mon émotion vive de l'instant d'avant ne se verra pas. Yoann, le photographe, embauché sur les conseils de Ken, a intérêt à me prendre du bon profil.

-          C'est à ton tour, me souffle Ken.

Je me retourne, noie mon regard humide dans le sien, vif pour nous deux. Tellement obnubilée à tenir du mieux que je peux mon rôle de marraine, j'ai pas encore eu le temps de l'admirer dans son costume et lui dire combien je le trouvais beau et séduisant la dedans...

-          J'y vais, c'est bon...

-          Viens par-là, vite.

Il emprisonne mes joues de ses mains douces, m'embrasse fougueusement et en profite pour – discrètement – essuyer ma larme rebelle de toute à l'heure qui a décidé de sécher sur place, pile sur les hauteurs de ma joue.

-          Merci.

-          Tu vas assurer grave, t'en fais pas.

-          Tu crois ?

C'est pas comme si on m'attendait.

-          Evidemment, quelle question. Jusqu'à aujourd'hui, t'as été une bête de tata, pourquoi t'arriverais pas à être marraine ?

-          Mouais, c'est vrai, je dis en me reboostant mentalement et intérieurement.

Ken me pousse vers le pasteur qui nous attend en posant sa main dans le creux de mon dos, nu.

Pour l'occasion, j'ai retourné Paname et ses millions de magasins pour trouver la robe parfaite pour aujourd'hui. C'est comme toujours mon Gaga qui a eu l'œil et l'a repérée, toute seule, sur son portant au fond de la boutique. Dans un dernier élan de désespoir, on a tenté notre chance dans des magasins de seconde main. Et bingo, la recherche haletante a porté ses fruits.

En avançant jusqu'aux parents et ma future filleule, je laisse mes doigts glisser sur le tissu doux et vaporeux à souhait qui descend jusqu'à mes chevilles. Je réajuste en deuspi le décolleté et replace la ceinture torsadée, juste sous ma poitrine, et espère que le croisé dans le dos des bretelles a toujours le même rendu que ce qu'il avait dans mon miroir en partant de chez moi y a trois heures.

Je laisse le pasteur faire son speech, je ne me concentre que sur les deux grandes billes bleues de ma mangouste qui me fixent depuis les bras de sa maman, coquette et apprêtée comme il faut. Gaga est aussi passé par là.

En écoutant le pasteur donner des conseils à Elisa et Nathan, je joue avec mon bracelet en or, celui offert par Ken pour mon trentième anniversaire. Si malheureusement, je n'avais pu être présente pour le sien en avril, lorsqu'il tournait au Portugal, il s'était rattrapé en étant présent de fou pour le mien. De minuit pile le samedi 21 juillet à vingt trois heures cinquante neuf le soir même. Il venait de Nyon avant d'enchainer pour le Lollapalooza le lendemain, et s'était donné la journée pour me faire kiffer le passage des trente ans. Je le redoutais, finalement c'est à peine si je l'avais senti passer.

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