∞30∞

1.8K 93 199
                                    

Point de vue Ken

Un bruit venant d'en bas, celui d'une porte qui grince me réveille. Ou est-ce la faute de cette place vide à côté de moi ?

Une gouttelette de sueur vient s'écraser contre mon cou brûlant.

Ou bien est-ce que c'est ce cauchemar qui m'a réveillé ?

Je me redresse, passe à plusieurs reprise les mains dans mes cheveux pour les coller en arrière. Ils sont trempés.

Les bougies allumées ce soir par Justine continuent pour la plupart de donner une teinte chaleureuse à la pièce. Mais mon cœur, froid, trouble cette ambiance tamisée. A moins que le retour de cette princesse de la nuit me réchauffe à nouveau ?

-          T'étais où ?

-          J'avais soif... et faim, elle rajoute en baissant la tête.

-          J'veux bien te croire.

Elle s'assit à califourchon sur moi, belle comme jamais dans son kimono en soie rouge. Il lui fait un corps grave sexy et la rend scandaleusement désirable. Son regard mutin se charge du reste.

-          Ça ne va pas, elle demande en relevant enfin ses yeux sur moi.

-          Si, si...

-          Je vois bien que ça ne va pas.

Comment peut-elle en être si sûre ? Mon visage trempe dans la pénombre de la pièce, seulement encore éclairée par quelques bougies vaillantes.

-          J'ai fait un cauchemar, je finis par lâcher. En me réveillant, t'étais pas là.

Son regard profond, me sonde. Elle se baisse puis dépose un doux baiser sur mon front.

-          T'as eu peur que je me sois barrée ou quoi ?

-          Ce serait pas la première fois que tu me fais le coup.

-          Pour aller où, elle se défend. Me perdre dans les ruelles de Marrakech ? Rentrer à Paris en dromadaire ?

-          Je sais ap'... t'es tellement... toi.

-          T'inquiète, je suis là et je compte pas m'enfuir. Pas après tout ce que tu m'as dit ce soir.

Ses petites mains glissent le long de ma poitrine et mes abdos et s'amusent à dessiner de longues formes indescriptibles. Ce qui, diable, a tout de même son petit effet. Mon épiderme se retrouvé parsemé de points de chair de poule et mon afflux sanguin se concentre maintenant en un seule et même endroit.

Elle remarque la bosse éloquente sous le tissu tendu de mon caleçon.

-          Je suis là, elle répète en caressant doucement mes joues.

Je m'accroche à ses deux avants bras pour prendre appui et me relève pour la prendre dans mes bras, la serrer fort et humer longtemps son cou dégageant une délicate fragrance fruitée. Sa longue mèche, celle bordant son visage, qu'elle semble avoir laissé pousser depuis un moment, lui tombe devant les yeux. Je la lui coince derrière l'oreille.

-          Je le sais, je le sens bien là...

Un de ses deux seins se retrouve enfermé par ma paume, qui effleure l'extrémité de chair tendue. Elle grogne. Je me laisse retomber et l'observe en contre plongée. Qu'elle est belle, bordel.

Elle se penche vers la table de chevet et en ressort un emballage argenté, qui sous l'effet des bougies posées sur le petit meuble, déploie des millions de reflets scintillants. J'en retrouve deux d'entre eux, chacun ancrés dans les yeux de ma belle. Je la laisse dérouler la membrane sur mon second moi, tendu comme un arc, prêt à remettre le couvert et déjà débarrassé de son textile devenu inutile.

RenaissanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant