« Je crois que ça suffit pour aujourd'hui, Potter, dit-il froidement. Mais on devrait recommencer un de ces jours. Je ferai des bêtises et toi tu joueras le prof. »
Malefoy eut un rictus et s'approcha pour chuchoter en confidence :
« C'est le genre de trucs qui te branchent ? »
Harry fronça les sourcils, mal à l'aise, et il fut presque soulagé quand Malefoy se tourna pour partir. Mais comme celui-ci arrivait au palier, Harry ressentit le besoin de ne pas le laisser partir en pensant qu'il avait gagné.
« Peut-être qu'on devrait faire ça, Malefoy. Ça ferait plaisir à ton père de savoir qu'on passe des moments privilégiés ensemble, non ? »
Malefoy se retourna brusquement. Il avait l'air choqué.
J'avais raison, pensa Harry, abasourdi. Il aurait pu en rire. Lucius Malefoy avait vraiment dit à son fils de devenir ami avec lui.
« Qu'est-ce que... commença Malefoy. Ça veut di... »
Malefoy ne termina jamais sa question. Dans un grincement sonore, les escaliers tremblèrent sous leurs pieds, et puis donnèrent une ruade vers la gauche. Harry vit les yeux de Malefoy devenir ronds comme des billes tandis qu'il se trouvait poussé en arrière, en équilibre au-dessus du vide.
Harry trébucha et glissa en avant, s'agrippant à la balustrade tandis qu'il était projeté vers le vide et Malefoy. Tout se passa trop vite ensuite. Harry s'accrocha à la rambarde, solide et rassurante, et ses doigts saisirent la robe de Malefoy. Ses bras étaient trop écartés et son épaule lui faisait mal. On aurait dit qu'ils tournaient comme des toupies, et c'était probablement le cas. Le poids de Malefoy les attirait vers le vide. Harry ferma les yeux et tira, aussi fort qu'il put. La douleur dans son épaule se fit trop forte et la robe de Malefoy glissa de ses doigts.
Les escaliers tremblèrent, cognèrent quelque chose avec un grand bruit, et s'immobilisèrent. Harry avait la tête qui tournait et il se rendit compte qu'il avait fermé les yeux. Quand il les rouvrit la lumière des torches et des bougies disposées partout dans le château avait l'air bien trop forte.
Il avait l'impression que son épaule était en feu. La douleur partait du bout de ses doigts et remontait jusqu'à sa tête. Une respiration chaude chatouillait sa joue. Malefoy pantelait, écrasé entre la barrière et le corps de Harry.
Il n'est pas tombé. Entre la douleur et les mouvements étourdissants de l'escalier, Harry n'avait pas été certain d'avoir pu garder Malefoy en sécurité. Mais apparemment, il avait réussi. Malefoy allait bien, et les escaliers étaient immobiles, même s'ils n'étaient pas là où ils étaient censés être. Ils n'étaient plus connectés à l'autre volée d'escaliers, mais donnaient maintenant sur un couloir étroit à la gauche de Harry.
« Potter ? chuchota Malefoy. »
La chaleur de son souffle fit frissonner Harry. Il se dégagea et hurla. Le mouvement trop vif avait envoyé un éclair de douleur dans son épaule. Il poussa un juron et plaqua son bras gauche contre son torse, le maintenant de son autre bras.
« Je crois que je me suis déboîté l'épaule. »
Malefoy le regardait fixement. Il se pencha par-dessus la balustrade, contempla les escaliers innombrables qui s'étendaient sous eux, et reporta rapidement son regard sur Harry.
« Tu devrais aller à l'infirmerie, dit-il finalement d'une voix inégale.
— Je ne sais même pas à quel étage on est. »
Harry regarda autour d'eux. Quatrième ? Cinquième, peut-être.
« Qu'est-ce qui s'est passé, bordel ? »
Malefoy ne répondit pas tout de suite. Il semblait avoir du mal à trouver ses mots. Il était toujours appuyé contre la balustrade, visiblement peu désireux de la lâcher.
On devrait sortir des escaliers. Ils avaient l'air normaux, maintenant, comme si rien ne s'était passé.
« Peut-être qu'ils étaient troublés, dit Malefoy.
— Ouais. »
Ils étaient troublants mais ils n'étaient pas supposés être troublés. Ils refusaient de vous emmener jusqu'à la classe de Métamorphose les vendredis, apparemment persuadés que vous deviez aller à la volière à la place. Ils s'impatientaient quand vous restiez un peu trop longtemps dans un couloir à parler à un ami, et ils repartaient à l'autre bout l'air de rien. Mais quand vous montiez dessus, par contre, ils étaient censés ne plus bouger.
« On est au cinquième étage, dit soudain Malefoy en regardant autour d'eux. Il faut... qu'on descende. »
Il regardait les escaliers. C'était clairement le dernier chemin qu'il avait envie d'emprunter, mais c'était aussi le seul. Le palier où ils se tenaient était relié à un couloir à gauche, et à un autre escalier à droite.
« L'infirmerie est par là, dit Malefoy en pointant vers la droite. »
C'était vrai. Au début de l'année, l'infirmerie avait été transférée au premier étage à nouveau et semblait décidée à rester là. Harry observa le visage pâle de Malefoy.
« Il est peu probable que les escaliers bougent à nouveau, dit-il avec une assurance qu'il était loin de ressentir. »
Malefoy haussa les épaules et finit par lâcher – lentement, ne put s'empêcher de remarquer Harry – la rambarde. Il avança vers Harry, le bras tendu, comme s'il avait voulu donner sa main à Harry, mais il sembla changer d'avis et se poussa de côté à la place.
« Tu n'as pas l'air bien, Potter. On devrait se dépêcher. »
Harry se serait étonné du fait que Malefoy semblait soudainement s'inquiéter pour lui, mais quelque chose attira son regard. Le couloir qui partait du palier était mal éclairé et plein d'ombres. Un tas sombre était au sol, à l'autre bout, immobile et silencieux. Harry avait d'abord cru que c'était une ombre, mais un petit bout de blanc le força à mieux regarder.
« Est-ce que c'est... »
Il plissa les yeux.
« Est-ce que c'est une basket ?
— Quoi ? entendit-il Malefoy demander. »
La lumière changea, éclairant le passage. C'était bien une basket. Le cœur de Harry manqua un battement.
« Il y a quelqu'un là-bas. »
Quelqu'un était affalé sur le sol. C'était clairement un corps.
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À vot' service - HPDM
Fanfiction\FIC TERMINÉE/ Des escaliers qui bougent tous seuls, un étudiant plongé dans un coma mystérieux, une silhouette sinistre qui rôde près de la Salle Commune de Poufsouffle... Cette année qui devait être de tout repos s'annonce plus mouvementée que pr...