À vot' service - HPDM

Le dernier vœu - 9

Harry n'en croyait pas ses oreilles. Il secoua la tête et essaya de parler. Cela lui prit un moment.

« Ce n'est pas vrai, Malefoy. Personne ne me contrôle. »

Malefoy sourit un peu. Un drôle de sourire, triste et condescendant à la fois.

« Est-ce que tu as franchi le portail ?

— Quoi ?

— Tout à l'heure, quand tu es revenu, est-ce que tu avais quitté le territoire de Poudlard et que tu es revenu, ou bien est-ce que tu n'es jamais parti ? »

Harry ouvrit la bouche pour répondre mais réalisa ensuite que ça serait peut-être mieux de ne pas dire la vérité.

Au revoir, Potter.

Malefoy faisait vraiment ses adieux. Il lui avait dit au revoir parce qu'il pensait qu'une fois que Harry aurait quitté le parc, le vœu de Malefoy serait annulé et Harry réaliserait qu'il n'avait jamais voulu être avec lui. 

Harry avait gardé le silence trop longtemps.

« C'est bien ce que je pensais, dit Malefoy. J'ai souhaité que tu reviennes.

— Non ! »

Harry courut jusqu'à lui et le secoua par le bras. 

« Ne sois pas ridicule ! Je ne suis sous le contrôle de personne. Ça ne marche pas comme ça. Il y a des choses que la Salle ne peut pas te donner, des choses qu'on ne peut pas obtenir par magie.

— Et comment tu sais ça, Potter ? On ne connait rien au fonctionnement de cette magie. Et est-ce que la Salle n'a pas donné Harper à Parvati Patil ? Elle souhaitait qu'il soit là, et il était là, tu l'as dit toi-même.

— Mais ils devaient le vouloir tous les deux ! Et Harper n'était pas dans son état normal, il avait le cerveau en vrac, facile à manipuler. Ce n'est pas le cas avec moi. Je sais ce que je ressens, ce que je veux. »

Sauf qu'il ne savait pas ce qu'il ressentait et qu'il n'était pas sûr de ce qu'il voulait. Quelques fois, il ne savait pas s'il avait davantage envie de ficher un coup de poing à Malefoy ou de l'embrasser. De l'attirer plus près ou de le repousser.

C'était trop perturbant, trop insensé, trop nouveau. Mais c'était réel. Ce n'était pas l'indifférence bienheureuse de l'Imperius ou la certitude obsédante d'une potion d'amour. C'était un beau bordel, frustrant, merveilleux et effrayant. Bien au-delà des capacités de compréhension de la Salle, quel que soit son degré de conscience. 

Malefoy sourit à nouveau.

« Une bien belle histoire. »

Et puis il repoussa Harry, s'arracha à sa prise.

« Ça n'a plus d'importance, maintenant, de toute façon. On va mourir ici.

— Ne dis pas ça ! 

— C'est vrai ! Et ce n'est pas tout. Tu ne comprends donc pas, Potter ? »

Le visage de Malefoy se tordit.

« Je t'ai tué. Tu es ici à cause de moi. J'ai souhaité que tu sois là.

— Je suis là parce que c'est un truc que je fais, tu te rappelles ? Je me jette dans des incendies.

— Non. Non, j'aurais pu souhaiter te faire sortir. Je devrais le faire maintenant, mais je n'y arrive pas. J'ai essayé, je n'y arrive pas.

— De me faire sortir ? »

Harry le fixa. De nous faire sortir. Il voulait sûrement dire, souhaiter de nous faire sortir. 

« Pourquoi es-tu là ? Pourquoi es-tu resté ?

— Je ne suis pas resté. J'étais déjà dans le parc – et puis, et puis j'y étais plus. Ça n'arrête pas d'arriver. Tout le temps. Je me suis de nouveau retrouvé devant la Salle. J'ai essayé de partir, mais elle n'arrêtait pas de me ramener. Alors j'ai laissé tomber. J'ai arrêté de me battre. Elle veut me tuer ; tu le sais. On ne peut pas l'arrêter. »

Harry avait dit ça aussi ; il l'avait cru. Mais il avait changé d'avis.

« Elle veut te tuer, hein ? Mais tu viens juste de me dire que la Salle te donnait ce que tu désirais le plus, ce qui, d'après toi, est moi. Si elle veut te tuer, pourquoi est-ce qu'elle ferait ça ? Ça ne rime à rien, Malefoy.

— C'est juste une autre façon de me punir, je suppose. Peut-être qu'elle est simplement cruelle. »

Non, elle est gentille. 

« Te punir pour quoi, exactement ?

— Oh oui, qu'est-ce que ça pourrait bien être ? renifla Malefoy. Est-ce que ça fait partie de mon vœu ? Te rendre amnésique ? J'ai failli tuer deux personnes, j'ai mis Madame Rosmerta sous Imperius pendant des mois, j'ai fait rentrer les Mangemort dans Poudlard et c'est de ma faute si la Salle a brûlé et que Crabbe est mort. Tu ne comprends pas ? La magie ne m'aime pas beaucoup. Pour tout dire, y a pas mal de Serpentard qu'elle n'aime pas trop.

— Non, Drago, ce n'est pas vrai. La magie ne fait que servir. La plupart du temps, elle a surtout servi l'A.D.. Elle a écouté leurs pensées, lu dans leurs esprits. »

Et si Parvati avait voulu quelqu'un d'autre ? Quelqu'un qui n'aurait pas été un Serpentard dont les parents étaient des sympathisants de Voldemort ? Est-ce qu'Anthony Goldstein aurait été si zélé à souhaiter sa mort ? Et peut-être que ce n'était pas juste Goldstein. Le reste de l'Armée de Dumbledore n'avait jamais apprécié Harper. Tout le monde savait qu'il était un de ces Serpentard-là, ceux qui marmonnaient « Sang de Bourbe » dans leurs barbes. Il y avait tous ces sentiments négatifs qui le concernaient. La magie n'avait fait qu'écouter. 

« Et elle n'a jamais eu l'intention de faire du mal à Peterson. Elle ne faisait que lui donner ce qu'il voulait. Elle ne fait que te donner ce que tu veux, Drago. »

Harry en était sûr maintenant. C'était pour ça que la classe de Métamorphose avait pris feu ; c'était le vœu de Malefoy. Il avait été torturé et l'avait supporté, sans jamais essayer de leur échapper. Il aurait pu, pourtant, parce que Drago avait raison sur un point : c'était lui que la magie de la Salle connaissait le mieux. Il y avait passé tellement de temps, et cette année aussi. La Salle avait l'habitude d'entendre ses pensées. Il était attiré par la Salle et la Salle était attirée par lui. S'il l'avait voulu, il aurait pu interrompre la torture quand Pritchard et les autres l'avaient attaqué. Malefoy avait dit que lui aussi avait souhaité que Pritchard et ses sous-fifres disparaissent, mais est-ce que ça avait été avant ou après que le feu ait commencé ? 

S'il l'avait souhaité, il aurait pu transplaner à l'infirmerie pendant qu'il était étendu sur le terrain de Quidditch. Mais au lieu de ça, c'était le vœu de Malefoy qui avait aidé le vœu de Smith à se réaliser. Malefoy avait dû se sentir coupable cette nuit-là. Il ne pouvait pas savoir que son père agissait sur les ordres du Ministère. Lucius ne pouvait pas lui dire, ce n'était pas le genre d'informations qu'on envoyait dans une lettre. Drago devait avoir cru Smith ; il devait avoir cru que son père essayait de ramener Voldemort. Ça avait dû le faire se sentir vraiment mal. 

Et les escaliers, ceux qui avaient bougé sous leurs pieds ce dimanche ; ça aurait pu être Malefoy aussi. Qu'est-ce qu'il avait en tête à ce moment-là ? Harry se rappelait avoir dit Ça ferait plaisir à ton père de savoir qu'on passe des moments privilégiés ensemble, non ? et Malefoy avait eu l'air choqué. Est-ce qu'il avait eu honte de son père encore une fois ? Qu'il avait été malheureux qu'on veuille le forcer à devenir ami avec quelqu'un qui ne voulait pas. Qu'il avait eu peur que Harry sache précisément ce qu'il ressentait pour lui ? À quel point il le désirait ? Est-ce qu'il avait souhaité que la terre s'effondre et l'avale ?

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Alors, qui a raison à votre avis ? Harry ou Drago ? 
Bon weekend et à lundi ! ^^