Une découverte stupéfixante - 5

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« J'ai une théorie, dit Harry alors qu'ils descendaient prendre leur petit-déjeuner le lendemain matin.

— Une qui soit plausible ? demanda Hermione.

— Ça concerne Malefoy ? » ajouta Ron.

Non et oui, pensa Harry, mais il résolut qu'il ne valait mieux pas répondre et plutôt leur exposer sa théorie à la place.

« Pendant sept ans on a tous dormi dans les mêmes dortoirs, pas vrai ? »

Ron et Hermione le regardèrent sans comprendre.

« Je veux dire, se dépêcha-t-il d'expliquer, quand on est arrivé, on nous a attribué à un dortoir et on y a dormi pendant sept ans – enfin, six dans notre cas – et c'est juste l'étiquette avec le nom de l'année qui changeait sur la porte. Je suppose que c'est la même chose dans les autres maisons.

— Heu, j'imagine... dit Hermione.

— Et cette année, les elfes de maison ont dû jeter des Sortilèges d'Extension dans la tour pour qu'on puisse tous rentrer. On n'est plus dans notre dortoir d'origine parce qu'il y a une rotation et qu'ils avaient besoin de celui-là. Une fois que les septième année partent, le dortoir est réattribué aux première année à la rentrée suivante. »

Hermione le fixa et puis gémit.

« C'est bien à propos de Malefoy.

— Comment ça ? demanda Ron.

— Et bien, dit Harry, si c'est aussi comme ça que ça marche à Serpentard, alors ça veut dire que le dortoir qui a brûlé la nuit dernière est celui où Drago Malefoy a dormi pendant sept ans.

— Alors... »

Ron se gratta le dessus du crâne.

« Tu penses que Malefoy y est émotionnellement attaché. Et que dans un moment de fureur aveugle il s'est dit "Si je ne peux pas y dormir, alors vous non plus ! BRÛLE ! BRÛLE !" » hurla Ron avant d'éclater d'un rire machiavélique.

Harry lui lança un regard mauvais mais il dut se mordre la lèvre pour ne pas sourire. Hermione renifla.

« Non, il pense que quelqu'un a essayé d'assassiner Malefoy. C'est pas ça ?

— Mais c'est logique, non ? argumenta Harry. Les Carrow, par exemple, doivent savoir où était l'ancien dortoir de Drago mais ne doivent pas être au courant des Sortilèges d'Extension. Alors s'ils voulaient le tuer, ils auraient pensé qu'il est toujours dans son ancien dortoir.

— Non, ce n'est pas logique, Harry, dit Ron. Je veux dire, laissons tomber comment ils seraient rentrés dans les cachots des Serpentard, ou le château en lui-même, partons du principe qu'ils y soient parvenus. Et puis quoi ? Ils arrivent dans le dortoir, ne se préoccupent pas du fait que Malefoy et ses camarades ont apparemment rétréci et ont la taille de première année minus, et décident de faire apparaître tout un tas de bougies en espérant que peut-être ça va mettre le feu, au lieu d'utiliser du Feudeymon qui aurait vraiment fait le boulot.

— Mais ils auraient pu jeter un Imperius à quelqu'un ! Un élève. Pas le faire eux-mêmes.

— Et ils lui auraient dit : "Brûle le troisième dortoir sur la droite," plutôt que "Tue Drago Malefoy" ? Les Mangemorts ne savent peut-être pas où Malefoy dort cette année, mais les élèves oui. »

Harry s'arrêta de marcher.

« C'est pas faux. Mais ça veut seulement dire que la personne sous Imperius n'était pas un élève de Serpentard.

— Ou un élève tout court, ou quiconque dans le château, puisqu'ils sauraient tous que Malefoy n'est pas dans son ancien dortoir. Et tu l'as dit toi-même, il y a des étiquettes sur les portes.

— Mais pourquoi est-ce qu'ils auraient parlé de ça ? Si les Mangemorts pensaient qu'ils savaient où trouver Malefoy, ils auraient donné des indications à la personne sous Imperius. Ils n'auraient pas demandé à quelqu'un qui n'a jamais été dans les cachots des Serpentard s'il savait où Malefoy dort. »

Ron secoua la tête.

« Mais pourquoi s'embêter avec les cachots au départ ? Et l'incendie ? S'ils ont jeté un Imperius à quelqu'un, alors cette personne pouvait juste jeter un Avada à Malefoy dans un couloir comme ça.

— Peut-être qu'ils voulaient que ça ait l'air d'un accident. Ou bien ils voulaient juste l'intimider. Un incendie, avec Malefoy, ça marcherait bien.

— Toi, tu sais ça. Eux ? Tu crois que Malefoy a parlé de ce qui s'est passé dans la Salle sur
Demande à quelqu'un ?

— Peut-être. Lestrange est toujours en liberté, et il fait pratiquement partie de sa famille. De toute façon, un incendie, ça ferait peur à n'importe qui.

— Mais Harry, intervint Hermione, pourquoi est-ce qu'ils s'embêteraient avec Malefoy ? Si Tommy Wright était la cible et que Malefoy a vu quelque chose et qu'ils ont essayé de se débarrasser de lui pour cette raison, comme tu disais, pourquoi est-ce qu'ils recommenceraient maintenant, des semaines après, alors qu'il n'a rien dit du tout.

— Mais ça ne veut pas dire qu'il ne le fera pas. Pourquoi prendre ce risque ?

— Je pense qu'ils se préoccupent plus de ne pas se faire prendre plutôt que des éventuelles preuves contre eux. Après tout, il y a déjà des tonnes de preuves contre eux ! Le Magenmagot a de quoi les enfermer à perpétuité, pour leurs autres crimes. »

Harry se rembrunit un peu.

« C'est vrai, dut-il admettre. Mais si on apprend qu'ils ont attaqué le petit-fils d'Ardenton, ça veut dire que la brigade « Coup de Poing » risque encore plus d'essayer de les tuer direct plutôt que de les attraper. »

Ron haussa les épaules.

« Wof. C'est déjà ce qu'on leur a suggéré de faire à la base.

— Ces Mangemorts n'ont pas grand-chose à perdre, ajouta Hermione. Je veux dire, si Malefoy a vu quelque chose quand Tommy a été attaqué et qu'ils étaient toujours dans le château et en avaient l'occasion, oui, pourquoi pas se débarrasser de lui ? Mais revenir pour ça maintenant ? Pourquoi ? »

Harry soupira.

« Peut-être que je ne regarde simplement pas les choses de la bonne perspective. Peut-être que Malefoy était la cible depuis le départ. Peut-être qu'il sait quelque chose ou qu'il a fait quelque chose... ou qu'on le force à faire quelque chose. De nouveau.

— Ou bien la personne qui a attaqué Tommy est partie depuis longtemps et hier c'était un accident ? demanda Ron avec espoir.

— Et Peeves ? contrattaqua Harry. Il n'a toujours pas réapparu, si ?

— Mais comment ça pourrait être relié ?

— Comment ça pourrait ne pas l'être ? En quelques semaines, un élève a été attaqué, Malefoy et moi avons failli mourir dans les escaliers, Peeves a disparu, et maintenant cinq élèves ont failli mourir brûlés vifs. Si Lavande n'était pas arrivée, ils auraient été carbonisés. Six élèves en trois semaines ! Huit si tu comptes Malefoy et moi. Neuf personnes si on compte les poltergeists. Qui sont indestructibles, soit dit en passant. Mais j'imagine qu'on n'est pas obligé de compter Peeves vu qu'on a jamais trouvé son corps. »

Deux élèves passèrent devant eux, leur jetant un regard bizarre, et Harry réalisa qu'il était en train de crier. Et qu'il avait peut-être l'air vaguement hystérique. Ron et Hermione semblaient le penser. Ils avaient échangé un regard et depuis étaient complètement immobiles.

« Je ne m'imagine pas des trucs. »

Harry trouvait nécessaire de le souligner. Est-ce qu'il s'imaginait des trucs ? Etait-il possible que toutes ces choses dont il venait de faire la liste n'aient rien à voir entre elles ? Elles en avaient l'air, c'était sûr. Et s'il était en train de devenir fou et cherchait quelque chose qui n'existait pas ? Et il avait entraîné ses amis, Malefoy, l'A.D et même McGonagall dans sa folie.

« Harry, dit Hermione d'une voix douce. Je suis d'accord que tout ça est très étrange, mais peut-être qu'on s'attendait juste à ce que tout se passe sans aucun accroc et ça ne se passe pas comme ça. Il y a toujours des Mangemorts en liberté, et peut-être qu'ils ont trouvé un moyen d'entrer dans le château. Il y a toujours des élèves qui détestent les Nés de Moldus. Comme tu l'as dit, ce n'est pas terminé. Et c'est une bonne chose qu'on ait relancé l'Armée de Dumbledore, parce que les élèves étaient trop détendus, à agir comme si rien de grave ne pouvait leur arriver. Et ce qui s'est passé hier montre à quel point on avait tous tort de penser ça.
Et je n'ai pas d'explication pour Peeves. J'ai essayé la bibliothèque, mais les poltergeists sont très rares et il n'y a pas grand-chose d'écrit sur eux. Je suis d'accord que c'est très bizarre qu'il ait disparu, mais je pense juste... Je crois que tu as trop envie de tout connecter et qu'il y ait juste un puissant Mage noir derrière tout ça. Un que tu pourrais attraper et détruire et ensuite tout irait mieux. Mais je ne crois juste pas que ça soit ce qui se passe, là. »

Ça faisait mal. Surtout parce que ce qu'Hermione disait semblait trop proche de la réalité. Est-ce qu'il faisait vraiment ça ? Est-ce qu'il était juste à la recherche d'un nouveau Voldemort ? J'avance vraiment à reculons.

Ron regardait ses pieds et on avait l'impression que c'était à eux qu'il parlait quand il dit :

« Et tu te concentres trop sur Malefoy. »

Harry dut faire une moue car Hermione se dépêcha d'ajouter :

« Cela dit, je suis d'accord que c'est bizarre qu'il ait été dans le château pile quand Tommy a été attaqué. S'il sait quelque chose, ça pourrait aider Pomfresh à le soigner. S'il a entendu l'incantation ou vu la couleur du sort, ça pourrait vraiment aider. »

Harry avait l'impression qu'Hermione était en train de dire :

« C'est pas grave, Harry, tu peux continuer à harceler Malefoy si ça te fait plaisir. Ça sert à quelque chose, ce n'est pas du tout un comportement de maniaque. »

« Et on devrait faire quelque chose pour ce pauvre petit Peterson, dit Ron.

— Oui, s'exclama Hermione. Si les autres le martyrisent et que les préfets en font partie, c'est horrible. »

Tu vois, tu vois, lui disaient ses amis, tu vois comme tu peux être utile ? Même s'il n'y a plus de Voldemort à combattre. Tu peux toujours avoir ta petite armée et sauver des gens.

Ça part d'une bonne intention
, se dit Harry, en essayant de ne pas se sentir énervé. Et tu es probablement dingue.

« D'accord, Harry ? »

Ron l'observait ; ses pieds ne devaient plus être si intéressants. Harry hocha la tête.

« Ouais. C'est un problème. On devrait se concentrer là-dessus. »

Le plan qu'il avait concocté la veille dans son lit partait en fumée. Il avait voulu proposer d'inviter Malefoy à rejoindre l'A.D, mais il ne pouvait plus parler de Malefoy maintenant. Il n'était même pas sûr d'avoir un jour le courage d'en parler à Malefoy. C'était pas très probable que Malefoy accepte de faire partie d'un groupe que Harry dirigeait, et c'était carrément ridicule d'imaginer qu'il puisse vouloir faire partie d'un truc qui s'appelait l'Armée de Dumbledore. Ce n'était qu'un rêve à la con. Il avait pensé que peut-être Zabini voudrait venir aussi, avec son frère qui avait failli mourir brûlé.

Ça aurait pu être bon pour eux, les Serpentard, l'école. Davantage de buts communs, moins de division. Et peut-être que si Harry faisait montre d'un peu de confiance envers Malefoy, Malefoy lui ferait confiance en retour et serait plus à même de lui dire les choses qu'il gardait probablement secrètes pour l'instant.

Cela dit, si Harry était honnête avec lui-même, il lui fallait bien admettre qu'il aurait sûrement plus de chances de réussite en le forçant simplement à boire du Veritaserum. Ce qui était une option qu'il n'avait pas encore exclue.

Pendant le reste du trajet ils discutèrent des meilleurs moyens de protéger Peterson – à part alerter McGonagall du problème, bien sûr. Ils décidèrent que l'un d'entre eux pouvait aller parler au gamin et lui donner un Gallion de l'A.D. comme ça il pourrait les prévenir si quelqu'un essayait de s'en prendre à lui.

« S'il est dans les cachots, il pourrait nous envoyer le mot de passe, dit Hermione.

— Il faudra qu'on demande la permission à McGonagall. Et à Slughorn », fit remarquer Harry.

Les mots de passe des Maisons étaient un sujet sensible. Ça ne se faisait simplement pas de donner votre mot de passe à quelqu'un. Sauf peut-être à votre petit ami, mais même ça, c'était mal vu.

Hermione lui sourit.

« Je suis sûre que McGonagall sera d'accord si c'est toi qui lui demandes, Harry.

— Heu, ça veut dire quoi, ça ?

— Oh, allez, vieux, sourit Ron. Elle est d'accord avec tout ce que tu proposes. »

Harry était scandalisé.

« C'est pas vrai !

— Elle a juste beaucoup de tendresse pour toi, dit Hermione. Et elle a confiance en ton jugement. Ce qui est le cas de la plupart des gens, tu sais. »

Harry eut un soupir offensé.

« Sauf vous deux, visiblement. Vous n'avez que dédain pour mes théories soigneusement élaborées. »

Ron renifla.

« Bah oui, tu vois, la plupart des gens ne te connaissent pas, vieux. »

Harry ne put s'empêcher de rire un peu.

« Crétin. »    

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