Marques et cicatrices - 1

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© Lavender and Parvati, par Meabhdeloughry.


Il était près de minuit quand Harry prit le chemin du bureau de McGonagall. Il avait rôdé devant la porte de l'infirmerie jusque-là, espérant que Mme Pomfresh allait leur dire que Harper était juste stupéfixé ou sous l'emprise d'un sort, qu'il y avait toujours de l'espoir pour lui. Ça n'arriva pas ; le décès fut déclaré immédiatement.

Quand Harry y arriva, l'entrée de la tour de la directrice s'ouvrit devant lui. Lavande Brown en émergea, les yeux rouges et gonflés. Elle avait l'air assez en colère.

« Est-ce que ça...? commença Harry. »

Mais Lavande le dépassa sans s'arrêter et s'enfonça dans le couloir. Harry faillit la suivre mais changea d'avis et monta l'escalier en colimaçon à la place.

McGonagall n'eut pas l'air surprise de le voir, mais ça n'eut pas non plus l'air de lui faire plaisir.

« Vous devriez retourner à votre tour, Potter. Il est très tard. »

Elle ne lui proposa même pas de chaise, visiblement très pressée de se débarrasser de lui. Harry s'arrêta devant son bureau.

« Professeur, je pense que nous devrions fermer l'école. »

Elle lui lança un regard aigu, les sourcils relevés. Harry eut l'impression qu'elle n'était pas franchement ravie par sa suggestion.

« Nous devrions ? »

Elle appuya légèrement sur le nous et Harry se mordit la lèvre, mais il ne fit pas marche arrière.

« Vous l'avez dit vous-même, Professeur, les élèves sont en danger. Et maintenant, l'un d'eux est mort. Rien de ce qu'on a fait n'a changé quoi que ce soit. Je me rends compte que si nous... je veux dire, si l'école est fermée, il est possible qu'on ne comprenne jamais ce qui s'est passé, mais le jeu n'en vaut pas la chandelle. Combien d'autres morts avant qu'on comprenne ? Combien d'autres accidents...

— D'après Miss Brown, ceci n'était pas un accident, l'interrompit McGonagall. Et pour une fois il semble que ce tragique incident, au moins, n'est pas lié à ce qui est arrivé avant. »

Harry dut avoir l'air sceptique car McGonagall soupira et ajouta :

« Apparemment, il y a un élève qui a exprimé le désir de voir Harper mort plusieurs fois par le passé. Miss Brown m'a dit l'avoir entendu exprimer des menaces de mort à l'encontre de Harper elle-même. Dites-moi, Harry, qu'est-ce que vous savez d'Anthony Goldstein ? Il fait partie de l'Armée de Dumbledore, n'est-ce pas ? Est-ce que vous le pensez capable de quelque chose comme ça ? »

Harry cligna des yeux. C'est tendance en ce moment de baiser des Serpentard. C'était ce qu'Anthony leur avait hurlé à lui et Malefoy dans les escaliers tout à l'heure. Anthony était jaloux d'un Serpentard qu'il accusait Parvati de voir. Ça aurait pu être Harper. Mais Harry pensait que Harper était avec Lavande... C'est alors qu'il se rappela : c'était Parvati, pas Lavande, qui avait pleuré après le match contre Serpentard où Harper avait été terriblement blessé.

Mais rien de tout cela n'avait d'importance. Harry plongea la main dans sa poche et en sortit une baguette qu'il plaça sur le bureau de McGonagall.

« Et bien il y a une chose que je sais sur Anthony Goldstein : c'est qu'il n'avait pas de baguette ce soir. C'est la sienne, ça ; je l'ai désarmé un peu plus tôt dans la soirée. »

McGonagall fronça les sourcils en regardant la baguette.

« Pourquoi l'avoir désarmé ?

— Eh ben... Il se disputait avec Parvati, et ensuite il a menacé Malefoy, alors j'ai...

— Il a menacé Drago Malefoy également ?

— Oui, mais...

— Et bien il semble qu'il soit assez instable. Et Miss Patil est sa petite amie, si je comprends bien ?

— Oui. Enfin, non, ils viennent de rompre.

— Ce soir ? Juste avant que Harper ne meure ? »

Elle fit un petit bruit impatient.

« Harry, Miss Brown m'a présenté sa théorie de façon plutôt passionnée mais, pour être parfaitement franche, je n'étais pas vraiment convaincue. Mais il semble que vous veniez juste de la confirmer.

— Mais j'avais sa baguette.

— Pas besoin de baguette pour pousser quelqu'un d'une tour. Et Mr Harper n'était malheureusement pas en état de se défendre.

— Mais pourquoi Goldstein partirait à la recherche de Harper sans sa baguette ? Et comment est-ce qu'il se serait retrouvé sur la tour d'astronomie exactement en même temps que Harper ? Et Lavande dit qu'elle avait ramené Harper à sa salle commune quelques minutes avant sa mort. Comment Harper a fait pour se retrouver là si vite ?

— Je pense que vous, Harry, plus que quiconque, savez que l'on peut se déplacer très vite dans le château si l'on connaît les bons passages secrets. Et je suppose que vous savez que la tour d'astronomie est un lieu plutôt prisé pour les rendez-vous à minuit. »

C'était vrai. Harry avait été surpris d'apprendre que des élèves allaient toujours s'embrasser là-haut la nuit, malgré la mort de Dumbledore. L'endroit semblait encore plus populaire qu'avant. Ce qui, quand on y réfléchissait, était logique : les élèves étaient toujours attirés par les endroits inquiétants au passé terrible.

Théoriquement, il était possible qu'Anthony se soit dit que Parvati avait peut-être rendez-vous avec Harper là-haut. Peut-être que c'était vrai. Et l'on trouvait souvent Harper en train de rôder dans tout le château ; ils n'avaient jamais réussi à comprendre comment il faisait. Il était possible qu'il utilise des passages secrets connus de lui seul.

« Je vais parler à Mr Goldstein et à Miss Patil, dit McGonagall. En attendant, essayons de ne pas vouloir systématiquement tout relier. »

Harry faillit lui demander si elle avait parlé à Hermione. Mais il comprenait les inquiétudes de McGonagall ; c'étaient les siennes également. Je crois que tu as trop envie de tout connecter et qu'il y ait juste un puissant Mage noir derrière tout ça. Un que tu pourrais attraper et détruire et ensuite tout irait mieux. Harry ne pouvait pas oublier ça. Et plus il pensait, plus il se rendait compte que tous ces incidents ne pouvaient pas avoir été causés par une seule personne. De toutes ses théories absurdes, c'était celle qui était la moins logique.

McGonagall mit fin à l'entretien et Harry partit, plus confus encore qu'avant. Il dormit mal cette nuit-là. Il regrettait de ne pas avoir mentionné son aventure avec le Vampire de Poufsouffle à McGonagall, mais il se dit qu'elle l'aurait encore moins pris au sérieux s'il avait osé en parler. En plus de ça, la personne encapuchonnée n'avait pas vraiment essayé de faire du mal à Malefoy ou à lui. Tout ce qu'elle avait fait était leur envoyer quelques Stupéfix.

C'était déjà le matin quand Harry s'endormit enfin. Il rêva qu'il tenait quelque chose très fort contre sa poitrine. La main de Malefoy, réalisa-t-il avec horreur. Mais quand il baissa les yeux, il vit que la main était toute brûlée, noire comme du charbon.

« Non ! cria-t-il dans son sommeil. Non ! Je t'ai sauvé ! Tu n'as pas brûlé ! »

La main échappa à sa prise et Harry la chercha dans l'obscurité. Elle est morte, pensa-t-il. Elle est partie. Et puis le rêve changea d'un coup ; il faisait jour, il y avait du soleil et Malefoy était là, il souriait à Harry, vivant, pas brûlé. Ils étaient en hauteur, dans un endroit froid. La tour d'astronomie, comprit Harry. Et Malefoy se tenait au bord. Il rit et se pencha en arrière, étendit les bras et tomba.

Harry se réveilla en criant.

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