Marques et cicatrices - 6

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  Il rentra au château en marchant, n'osant pas voler. Sa tristesse le mettait en colère, sa colère le rendait triste. C'était un cercle vicieux dont il n'arrivait pas à sortir. 

Quand il arriva devant le portrait de la Grosse Dame, il s'arrêta et se força à reprendre une contenance normale. Les gens ne peuvent pas deviner que tu as roulé des patins à Drago Malefoy (et que tu t'es frotté contre lui) sur le terrain de Quidditch. Il faut juste ne pas avoir l'air coupable.

« Eh bien, eh bien, en voilà un beau suçon. »

Harry sursauta et leva les yeux pour voir la Grosse Dame qui lui souriait. Il tira hâtivement son écharpe jusqu'à son menton. 

« Ah ! Les amours secrètes ! C'était le bon temps, s'écria-t-elle, les yeux humides. Mais sois prudent, mon chéri. L'amour rend aveugle, et la nuit dernière... »

Elle se pencha en avant.

« Il a coûté la vie d'un jeune homme.

— Pommes au vinaigre, marmonna Harry.

— Je t'aurais prévenu, répondit la Grosse Dame avant que le portrait ne s'ouvre. »

Il y avait plein de monde dans la salle commune mais il était presque neuf heures et la plupart des membres de l'A.D. devait être en train de vérifier les dortoirs. Mais Ginny était assise à la fenêtre et Harry alla immédiatement jusqu'à sa table. 

« Ginny, dit-il. »

Elle sursauta et ferma aussitôt le livre qu'elle était en train de lire, et se débrouilla pour en cacher la couverture de sa main. 

« Heu, désolé. Je voulais pas te faire sursauter. »

Visiblement, elle était en train de lire quelque chose de privé ; il aurait pu attendre, ou peut-être monter d'abord à son dortoir et changer de caleçon. 

« Pas de problème. »

Elle lui fit un sourire forcé avant de froncer les sourcils.

« Ça va ?

— Oui, dit-il en hochant la tête. Je voulais juste te demander... on pourrait échanger nos tours ? Je voudrais parler avec Lavande ce soir. »

Cela n'eut pas l'air de lui faire plaisir.

« Quoi ? Pourquoi ?

— Je veux lui parler, c'est tout. »

Au moins c'était vrai. Il voulait aussi terriblement éviter Malefoy.

« Et ben, va lui parler, et puis passe chercher Malefoy après.

— S'il te plaît, Ginny. »

Harry fit de son mieux pour avoir l'air aussi pathétique que possible. Ginny étrécit les yeux.

« Sérieusement, Harry.

— Je sais que je te demande une grosse faveur. Patrouiller avec Malefoy ne sera pas facile. Mais s'il te plaît, juste pour ce soir. Tu auras ce que tu veux en échange, dis-moi quoi. »

Ginny renifla.

« Tu sais que tu me dois toujours un Gallion pour le pari ? »

Merde.

« Désolé. J'ai oublié. Je peux aller le chercher tout de suite.

— C'est bon, laisse tomber. Je voulais juste que tu comprennes... »

Elle soupira.

« Allez, d'accord. Mais je veux quelque chose en échange. »

Harry fut si soulagé qu'il aurait pu en danser, malgré son caleçon mouillé.

« Tout ce que tu veux.

— Tout ce que je veux ? Bien. Ce que je veux c'est que tu arrêtes de me demander des faveurs. Et que tu arrêtes de... pleurnicher si bien que je me retrouve à te faire des faveurs. Arrête, d'accord. Pour un an, au moins. »

Harry grimaça.

« Je... D'accord.

— Je suis sérieuse.

— D'accord. Juré. »

Elle l'observa, d'un air soupçonneux.

« Et je veux ton Eclair de Feu. »

Harry se figea, franchement choqué, et Ginny explosa de rire. 

« Oh, la gueule ! hurla-t-elle. »

Il lui fallut un moment pour se calmer.

« Enfin, je blague à moitié, hein. »

Harry se remettait de son choc. Il grommela :

« Alors tu n'en veux que la moitié ?

— Nan, je veux juste l'emprunter de temps en temps. »

Harry se força à hocher la tête et à dire :

« Pas de problème. »

Même à ses propres oreilles, ça manquait un peu de naturel. Ginny soupira.

« Pas souvent et je serai très prudente, promis.

— Ouais, ok. Mais...ne le crashe pas contre un arbre. Délibérément. »

Elle leva les yeux au ciel. 

« Non. Et je l'utiliserai pas non plus pour chasser les vampires la nuit.

— Heu, pardon ? »

Ginny laissa errer son regard sur son cou avant de revenir à ses yeux. Harry se dépêcha de lui passer l'Eclair de Feu.

« Tiens, tu peux le prendre maintenant. Comme ça tu pourras aller voler demain matin. »

Elle le prit, les sourcils levés. Harry lui fit un signe de tête et prit la fuite. 

Il monta à son dortoir et y fit apparaître un miroir pour examiner son cou. Ce n'était pas étonnant que la Grosse Dame et Ginny aient remarqué : Malefoy l'avait massacré. Plusieurs marques violettes couvraient sa peau, jusqu'à son oreille. Il se rappelait de façon très nette  Malefoy en train de l'embrasser dans le cou, mais il ne pensait pas que ça laisserait autant de marques. 

Je devrais les faire disparaître, pensa-t-il en les caressant à la place. Il reprit rapidement ses esprits et pressa le bout de sa baguette sur son cou.

« Episkey, dit-il. »

Les marques disparurent. 

Ensuite il courut à la salle de bain pour prendre une douche rapide, se changea et fit rapidement son tour des dortoirs avant de redescendre dans la salle commune.

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