Le vampire de Pouffsouffle - 1

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Image d'entête : © AncientKing

  « Harry, attends ! »

Le cri d'Hermione ne servit qu'à le faire accélérer.

« Et, vieux, ça te gênerait de ralentir ? hurla Ron. On a passé toute la nuit sur le sol, putain. »

Cela le fit s'arrêter. Il se retourna et grimaça.

« Désolé, dit-il, penaud. »

Son réveil brutal n'était rien en comparaison de la nuit que Ron et Hermione avaient passée, qui avait dû être terriblement inconfortable. Et ils étaient restés à la porte de l'infirmerie pour lui. Au moins, Harry avait dormi dans un lit. Un lit bien tiède, avec un Malefoy bien tiède enroulé autour de lui. 

« Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Hermione quand elle le rattrapa. »

Ils avaient tous les deux l'air fatigués et n'étaient pas coiffés, et le sentiment de culpabilité de Harry se fit plus fort. 

Il grimaça et se força à hausser les épaules.

« Pomfresh m'a trouvé et m'a fichu dehors. Elle était un peu énervée, c'est tout. »

Dit comme ça, ça n'avait pas l'air du genre de trucs qui lui ferait quitter l'infirmerie en trombe, il s'en rendait compte, mais il n'avait pas très envie de tout leur raconter. C'était un raclement de gorge qui l'avait réveillé et il avait ouvert les yeux pour voir Mme Pomfresh au pied du lit, les sourcils froncés devant la scène qui s'offrait à elle. Dire que Harry avait été gêné d'être découvert tout nu dans le lit de Malefoy était franchement un euphémisme. Ce qui s'était passé ensuite était plutôt flou. Harry avait été tellement pressé de s'habiller pour éviter le sermon chuchoté de Pomfresh qu'il était ébahi d'avoir réussi à retrouver toutes ses fringues, ou de ne pas s'être retrouvé à enfiler son caleçon autour de son cou. En plus de ça, Pomfresh avait réussi à le faire se sentir atrocement coupable en lui rappelant que Malefoy était à l'infirmerie parce qu'il avait été frappé de nombreuses fois du sortilège Doloris et qu'il avait grand besoin d'une bonne nuit de sommeil.

Ron et Hermione échangèrent un regard. S'ils avaient compris ce qui s'était réellement passé, ils eurent la grâce de ne pas faire de commentaires.

« On devrait retourner à la tour, dit Harry. Il est encore tôt. Vous devriez dormir un peu.

― Trop tard pour dormir, trop tôt pour le petit-déj, soupira Ron. »

Hermione s'éclaircit la gorge.

« En d'autres mots, il veut qu'on descende aux cuisines prendre un snack avant de remonter à la tour pour une sieste.

― Eh bien, dit Ron avec désinvolture. Si tu insistes... »

Harry hocha la tête.

« Ouais, d'accord. »

Ce qu'il voulait par-dessus tout, c'était monter dans son dortoir et enfouir sa tête dans son oreiller. Avec un peu de chance, il mourrait étouffé.

Ron avait l'air content et Hermione résignée. Cependant elle ajouta : 

« Ça ne me ferait pas de mal de manger un morceau. »

Ils firent demi-tour et prirent le chemin du rez-de-chaussée. Ron et Hermione bâillaient et se tenaient le dos. Harry regrettait de ne pas avoir réalisé que Pomfresh pouvait rentrer dans l'infirmerie par son bureau, qui devait avoir une autre entrée, sans doute connectée à ses appartements. Il s'appesantissait aussi sur le fait que le coussin souillé que Malefoy avait calé sous ses hanches était toujours sur le sol au pied du lit. Et le fait que Mme Pomfresh avait refusé de lui laisser un peu d'intimité pendant qu'il s'habillait. Il aurait pu réveiller Drago et lui dire au-revoir ; Malefoy avait dormi pendant que Pomfresh récitait sa tirade à voix basse. Le bienheureux avait totalement échappé à l'embarras de la situation. 

Une poire en train de gigoter et glousser – Ron venait juste de la chatouiller – tira Harry de ses sombres pensées. La poire se transforma en une poignée de porte verte et les trois amis rentrèrent à l'intérieur.

Il faisait noir dans le couloir, mais encore plus noir dans les cuisines. Harry, Ron et Hermione hésitèrent et puis avancèrent avec précaution, regardant autour d'eux dans un silence inquiétant.

« Regardez ! s'exclama Hermione. » 

Elle montrait du doigt l'énorme four de brique qui était la seule source de lumière de la pièce. La lumière diffuse éclairait une centaine de petits corps, empilés les uns sur les autres en un gros tas. On aurait dit que quelqu'un avait rassemblé tous les elfes de maison de Poudlard et les avait balancés sur le sol avant de les balayer pour en faire une pile bien nette. 

« Bon sang ! s'écria Ron. Vous croyez que quelqu'un les a assassinés ? »

Il n'en fallait pas plus que ce cri. Les elfes se relevèrent d'un coup, certains attrapant au hasard des casseroles et des poêles, d'autres faisant claquer leurs doigts pour allumer la pièce ; d'autres encore transplanèrent, apparaissant çà et là avec des « pops » sonores, si vite qu'il était impossible de suivre ce qui se passait. En quelques secondes, la pièce se retrouva brillamment éclairée, le four se mit à flamber et de la farine à flotter dans l'air, créant une espèce de brouillard, tandis que les elfes se mettaient à confectionner du pain et des biscuits avec une célérité et une vigueur effrayantes. 

Trois elfes apparurent devant Harry, Ron et Hermione, et celui qui avait le plus long nez leur fit une courbette princière et demanda :

« Comment pouvons-nous vous servir ? »

Hermione parla avant que Harry puisse ouvrir la bouche :

« Nous sommes désolés, dit-elle. Nous ne voulions pas vous déranger. 

― On ne dérange pas un elfe de maison, dit l'elfe avec indignation.

― Oui, enfin, je voulais dire, vous étiez en train de dormir...

― Un elfe de maison ne dort pas, s'écria l'elfe. Les elfes, heu, se reposaient. Brièvement.

― D'accord. Ben, tant mieux. »

Hermione lui sourit ; l'elfe fronça les sourcils.

« Je pensais que vous nettoyiez le château chaque nuit.

― Ron ! »

Hermione se retourna pour lui jeter un regard mauvais. 

« Ils ont le droit de dormir ! Je veux dire, de se reposer, se hâta-t-elle de rectifier. 

― Bien sûr, acquiesça Ron. Je pensais juste...

― Le château est très propre, s'écria l'elfe. Le château est impeccable ! »

Les deux autres elfes lui firent écho en hochant la tête avec sérieux :

« Impeccable.

― Les elfes de maison ont trouvé un peu de temps pour se reposer. Brièvement, insista l'elfe.

― Génial, intervint Harry avant que cela ne se transforme en débat. On se demandait juste si on pourrait avoir des sandwiches.

― Les elfes de maison ont toujours des sandwiches ! lui assura l'elfe, avant d'ajouter : heu, si vous attendez ... »

Il jeta un regard furtif vers les elfes qui faisaient du pain.

« Brièvement ? suggéra Ron. »

Les elfes firent une sorte de grimace et prirent congé. 

« On est arrivés trop tôt, dit Hermione. On ferait mieux d'y aller.

― Ils se sentiraient insultés, contra Ron. »

Hermione lui jeta un regard mauvais. Elle pensait sûrement que Ron se souciait davantage de ses sandwiches que des sentiments des elfes. Elle avait probablement raison, mais Ron aussi. S'ils partaient maintenant, cela voudrait dire que les elfes n'avaient pas réussi à les servir et cela les rendrait malheureux. Ils risquaient même de vouloir repasser leurs oreilles. 

Ils n'eurent pas besoin d'attendre longtemps. L'elfe au long nez revint avec une assiette pleine de sandwiches au jambon brûlants. Le pain chaud avait une odeur si délicieuse que l'estomac de Harry se mit à grogner. 


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