Auror Potter - 4

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Elle frotta ses mains avec anxiété.

« Est-ce que vous avez entendu parler d'Oswald Ardenton ? »

Harry secoua la tête, surpris par le changement de sujet.

« Oh, attendez. »

Un déclic se fit dans sa tête.

« Je l'ai vu aux procès. Et j'ai entendu parler de lui dans les journaux. Il fait partie du Magenmagot. »

Harry ne s'en rappelait que parce qu'Ardenton avait été très opiniâtre et demandé la plus forte sentence pour tous les Mangemorts. Il avait été très mécontent que les Malefoy soient libérés. Et c'est lui qui avait suggéré de créer une brigade d'intervention spéciale « Coup de Poing » pour retrouver les Mangemorts qui couraient toujours. La brigade « Coup de Poing » était célèbre pour interpréter « mort ou vif » comme « mort de préférence ». Ils avaient déjà tué Rabastan Lestrange.

« Alors vous savez qu'il n'a aucune sympathie pour quiconque a été le supporter de Voldemort. Pour le dire gentiment. Par ailleurs, c'est le grand-père de Tommy Wright.

— Oh. Alors... vous pensez que quelqu'un a essayé de tuer Tommy à cause d'Ardenton ?

— Je ne sais que penser. L'un ou l'autre de vous aurait pu être la cible, et l'autre se trouvait simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Une chose est sûre : au moins un Mage Noir s'est infiltré dans le château et a attaqué un élève. Le maléfice jeté à Tommy n'est pas un truc de gamin. Je n'ai jamais vu Poppy ne pas réussir à établir de diagnostique jusqu'à maintenant. »

Ce n'était pas Malefoy, alors. Pourtant...

« Est-ce qu'il y aura une enquête ? Est-ce que les Aurors ont un suspect ? »

Harry en avait un. Pas mal de Mangemorts avaient disparu après la bataille. C'était le chaos et les Aurors avaient fait une erreur. Quand le corps brisé de Fenrir Greyback avait été trouvé, sa mort semblait imminente. Il était dans un état catastrophique. Mais le loup-garou était plus résistant que ce qu'on aurait pu imaginer. Il s'était échappé et avait emmené plusieurs Mangemorts avec lui. Deux Aurors avaient perdu la vie.

Un Mangemort en particulier inquiétait Harry. On disait que Rodolphus Lestrange était devenu fou après la mort de sa femme. Il avait déjà assassiné une sorcière qui avait eu le malheur de le reconnaître dans l'Allée des Embrumes et était le suspect numéro un dans deux meurtres de moldus. Il avait été aperçu à Londres juste un mois auparavant, après qu'il ait souffert un autre coup – la perte de son frère.

Les Lestrange s'étaient fait hardis. Et maintenant l'un d'eux était mort et le grand-père de Tommy Wright en était indirectement responsable. Si Rodolphus avait vraiment lancé un maléfice à Tommy et que Malefoy l'avait vu dans le château, que ferait Malefoy ? Rodolphus n'était pas de son sang, mais il était de sa famille. Et il en savait probablement plus sur les Malefoy que n'importe qui d'autre. Le dénoncer n'aurait pas été facile. Lestrange aurait pu lui faire du chantage pour forcer Malefoy à l'aider.

« Il n'y aura pas d'enquête, j'en ai peur. »

Le dépit dans la voix de McGonagall était palpable.

« Le Conseil d'Administration soutient qu'il arrive que des élèves tombent dans les escaliers et que Tommy Wright devrait être examiné par des experts à Ste Mangouste. Comme si Poppy n'était pas une meilleure Guérisseuse qu'eux tous fichus ensemble, tempêta-t-elle. Au moins Oswald Ardenton est raisonnable. Il était ici ce matin et il pense aussi que Tommy devrait rester ici.

— Il ne peut pas faire quelque chose ? Ou bien Kingsley ?

— Ils ne peuvent pas faire grand-chose tant que le Conseil d'Administration soutient que c'est juste moi qui délire. Et ils ne veulent pas créer la panique. Kingsley peut s'arranger pour vous mettre en sécurité... »

Harry ouvrit la bouche pour protester mais McGonagall poursuivit :

« Et bien sûr nous avons tous conclu que vous n'accepteriez jamais. »

Elle lui jeta un regard dédaigneux.

« Ce qu'il nous faut c'est des Aurors sur le terrain de l'école pour protéger les élèves, mais on ne les aura jamais sans preuve que des intrus ont pénétré ici. Même Kingsley ne peut pas aider ; il ne peut pas justifier de mettre des Aurors ici alors que ses effectifs sont si réduits. On a perdu trop de gens dans cette guerre. »

Harry réfléchit un instant. Il pouvait comprendre que le manque de preuves rendait toute action difficile. Il était courant que des élèves de Poudlard se blessent ou reçoivent des sorts perdus voire des maléfices. On n'appelait pas des Aurors pour ce genre de choses. Il leur fallait des preuves. Ou un témoin.

« Et si quelqu'un avait vu un Mangemort dans le château ? Là ils nous enverraient des Aurors, n'est-ce pas ? »

McGonagall lui jeta un regard aigu.

« J'espère que vous n'êtes pas en train de suggérer que nous mentions ?

— Non, bien sûr que non ! se hâta de répondre Harry. C'est juste... c'est juste que je crois que Malefoy a peut-être vu quelque chose.

— Il en a parlé ?

— Non. »

Harry s'agita sur sa chaise.

« Mais avant qu'on ne trouve Tommy, j'ai vu Malefoy au septième étage. On aurait dit qu'il essayait d'échapper à quelque chose. Ou quelqu'un. Il était terrifié. »

McGonagall l'observa.

« Et puis-je demander ce que vous faisiez dans le château pendant le match ? Je vous ai vu partir tout au début.

Harry aurait voulu ne pas avoir à expliquer ça, particulièrement à McGonagall. Il avait peur qu'elle n'en déduise, comme Ron et Hermione, qu'il était obsédé par Malefoy. Il n'avait plus vraiment le choix, cela dit, maintenant qu'elle avait posé la question.

« J'ai remarqué que Malefoy n'était pas au match, et j'ai trouvé ça bizarre, alors j'ai voulu le retrouver. »

Le front de McGonagall se plissa davantage.

« Vous soupçonniez Malefoy de quelque chose avant que tout ça n'arrive ?

— Et bien en fait, juste avant le match, Goyle se battait avec Tommy Wright dans le Grand Hall. Malefoy s'en est mêlé et Tommy lui a donné un coup de pied et s'est enfui. Quand je n'ai réussi à trouver ni Malefoy ni Tommy dans les gradins, j'ai pensé que peut-être Malefoy voulait lui faire payer le fait d'avoir été humilié devant tout le monde. »

McGonagall ne l'accusa pas d'être obsédé. Elle avait surtout l'air surprise.

« Mais alors... vous pensez que Drago Malefoy lui a jeté le maléfice ?

— Non, plus maintenant. Malefoy était sur les escaliers quand ils ont bougé. S'il les avait ensorcelés, il les aurait sûrement évités.

— Non. Vous avez mal compris, Harry. Les escaliers n'étaient pas enchantés ainsi. Si c'était le cas, nous le saurions. La seule façon de les faire bouger était de vraiment les pousser magiquement. Avec un Sortilège Repoussant, par exemple. Très puissant. Cela veut dire qu'il y avait quelqu'un avec vous, caché.

— Alors... Malefoy était celui qui se tenait au bord du vide. Ce devait être lui la cible. Soit il a vu quelqu'un, soit il l'a aidé à rentrer dans le château et cette personne aura voulu éliminer un témoin.

— Vous pensez qu'il aurait fait rentrer un Mangemort dans l'école ? Je sais qu'il l'a fait par le passé, mais vous avez parlé en sa faveur à son procès. »

Harry sentit l'aiguillon de la culpabilité. Ça avait été l'argument de Malefoy également. Et ce n'était pas faux.

« Parce que si vous pensez que Drago Malefoy est un danger, ajouta-t-elle, je suis tout à fait prête à le faire renvoyer.

— Non ! protesta Harry aussitôt. Non... Franchement, professeur, je ne sais pas ce qu'il pourrait faire ou pas. Là où on en est, il pourrait partir dans un sens comme dans l'autre. J'ai parlé en sa faveur, comme vous dites, parce que je pensais qu'il méritait qu'on lui laisse une chance, une chance qu'il n'avait pas eue auparavant. Et je pense que même si il avait aidé un Mangemort à rentrer dans le château, ce serait parce qu'il y a été contraint. Il a été entouré par ces gens toute sa vie. Il sait de quoi ils sont capables. Il est possible qu'il ait juste eu peur. Ou qu'on l'ait forcé, qu'on lui ait fait du chantage. Je ne crois pas qu'on devrait le renvoyer ; je crois qu'on devrait l'aider. »

McGonagall se frotta les tempes.

« Est-ce que ce sont vos mots ou ceux de Dumbledore ? »

Harry cligna des yeux.

« Les miens ! »

Il jeta un coup d'œil à son portrait mais Dumbledore était ostensiblement absorbé par la contemplation de ses cuticules.

« Mais bon, je suppose que le Professeur Dumbledore serait d'accord avec moi.

— En effet. »

McGonagall soupira, mais son regard était plein d'affection. Harry détourna les yeux. Il ne savait pas si cette affection était dirigée vers lui ou s'il lui rappelait juste Dumbledore. Dans un cas comme dans l'autre, ça lui serrait le cœur.

« Très bien, alors, dit-elle, et Harry osa relever la tête. Je parlerai à Mr Malefoy. »

Harry hocha la tête. Il savait que ce ne serait pas poli de faire remarquer que Malefoy ne dirait probablement rien. Cela dut se voir sur son visage, cependant, parce que McGonagall ajouta :

« Ça vaut la peine d'essayer. J'ai aussi envoyé un hibou à ces experts à Ste Mangouste pour qu'ils parlent avec Poppy. J'espère qu'une fois qu'ils auront reconnu qu'ils ne peuvent pas plus qu'elle émettre un diagnostique concernant Mr Wright, le Conseil d'Administration sera plus disposé à m'écouter. En attendant... »

McGonagall lui jeta un regard sévère et Harry sut ce qu'elle s'apprêtait à dire.

« Je compte sur vous pour être prudent. Nous ne savons pas si la personne qui était ici a obtenu ce qu'elle voulait ou si elle reviendra. Peut-être n'étiez-vous pas la cible cette fois-ci, mais il y a à coup sûr des Mages Noirs en liberté qui aimeraient vous savoir mort. Je préférerais ne pas avoir à dire ça à un élève, mais je suis sûre que vous en avez conscience de toute façon. J'aurais voulu... j'aurais voulu que vous puissiez avoir au moins une année en paix. »

Elle avait vraiment l'air triste. Harry haussa les épaules.

« Je m'ennuierais sûrement. »

Son regard était sévère mais sa bouche frémit.

« Allez, ça suffit maintenant, dit-elle. Vous devriez être en train de réviser. Le monde sorcier manque d'Aurors. Mais rappelez-vous que vous n'en êtes pas encore un, d'accord.

— Je serai prudent, dit Harry. »

Il se leva en souriant. Il hésita un moment mais ne put s'en empêcher :

« Vous savez, Professeur, ce n'était pas la peine de m'envoyer la réponse à votre énigme. Sincèrement. »

McGonagall grogna.

« Mes excuses, Potter, dit-elle solennellement. »

Harry aperçut Dumbledore dont les yeux bleus pétillaient et ajouta avec un sourire :

« Même si je tiens à dire que « Amour » aurait marché aussi. »

McGonagall pinça les lèvres ; on aurait dit qu'elle essayait de retenir un sourire.

« En ce cas je contrerais en disant que l'amour est une forme de magie. »

Harry se mit à rire.

« Bien vu. »

Alors qu'il marchait vers la porte il entendit Dumbledore dire :

« Oh, Minerva, je ne savais pas que vous étiez une telle romantique. »

Harry sortit en souriant. Un élève avait été victime d'un maléfice, et c'était quelque chose d'horrible, mais une petite part d'Harry ne pouvait s'empêcher de se sentir heureux. Et utile, à nouveau. Tandis qu'il descendait les escaliers, il ne put s'empêcher de penser que c'était une bonne chose qu'il soit revenu à Poudlard.

Je pourrais bien capturer quelques Mangemorts après tout.

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