Patrouilles 6

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Harry faisait de son mieux pour ne pas avoir l'air accusateur. C'était lui qui avait mis fin à leur relation. Elle avait le droit de l'éviter. Mais savoir ça n'aidait pas des masses. Elle lui manquait. La façon dont elle le réconfortait avec des paroles douces et aussi ses coups dans l'épaule et ses regards mauvais quand il faisait l'idiot lui manquaient.

Ginny enfonça ses mains dans ses poches et donna un coup de pied dans le tapis, lui rappelant fortement Ron. Elle se laissa retomber dans le fauteuil avec un soupir.

« Ça va, Harry, ça va. Ou ça ira. J'ai juste... »

Elle lui offrit un regard franc.

« C'est fini. Je le sais. Et j'ai laissé tomber. Pour de bon cette fois. »

Elle baissa la voix.

« C'est juste plus facile de s'en rappeler quand t'es pas dans les parages. »

L'estomac de Harry se tordit.

« Oh. Bien sûr. D'accord. »

Il aurait voulu pouvoir arranger les choses, mais il avait essayé ça par le passé et ça n'avait pas marché. Sa relation avec Ginny avait commencé comme des étincelles flamboyantes. Harry avait été plein d'espoir. Mais après, d'une façon ou d'une autre, les étincelles étaient mortes. Ça c'était transformé en une couverture bien épaisse dans laquelle vous pouviez vous enrouler et vous sentir bien et en sécurité, mais qui n'était jamais assez chaude. Il n'y avait pas de feu pour rougir ses joues et l'embraser jusqu'aux orteils. Harry s'était dit que c'était suffisant, que c'était mieux que rien, mais ensuite il avait réalisé que Ginny méritait mieux. Elle méritait le feu, elle aussi.

Bien sûr, ça avait été une erreur de dire ça à Ginny. Surtout la partie sur elle qui était une couverture. Et aussi de lui dire qu'elle méritait mieux.

« Si tu veux rompre avec moi, Harry, alors romps avec moi, avait-elle dit. Mais je t'interdis d'oser me dire que c'est pour mon bien. Je décide de ce qui est bon pour moi. »

Les semaines après leur rupture avaient été difficiles. Au moins, elle lui parlait de nouveau, et était gentille même si distante. Ça aurait dû être assez. Plus qu'il n'aurait été en droit de l'espérer.

Tout à coup, Ginny lui donna un coup dans le genou, si fort que Harry craignit qu'elle n'ait démoli sa rotule. Il la regarda avec surprise. Elle était debout.

« Bon sang, Harry, tu t'entraînes devant ton miroir tous les jours à faire ce regard de chiot battu ? Viens, alors. On va jouer au Quidditch.

— Heu, c'est bon. Vraiment. »

Harry se frotta le genou.

« Je pensais juste... Ça n'a pas d'importance. »

Ginny croisa les bras et tapa du pied avec impatience.

« Non. Tu l'as demandé. Maintenant on va jouer au Quidditch. Tu gardes les buts et moi je te jette des Souaffles dessus.

— Tu veux dire dans les buts. Tu jettes des Souaffles dans les buts.

— Tu crois ? »

Harry secoua la tête et se leva. Ginny visait très bien, ce qui voulait dire que si elle voulait mettre le Souaffle dans la tête d'Harry, c'était là qu'il atterrirait. Néanmoins, c'était toujours mieux que de fixer son devoir de Potions.

Ils prirent leurs capes et leurs balais et sortirent. La conversation tourna autour du Quidditch et du match du lendemain, et Harry oublia vite ses pensées moroses.

Quand ils ouvrirent la grande porte, en plus de l'air froid et de la neige, ils se trouvèrent nez à nez avec Drago Malefoy. des Des flocons de neige fondaient dans ses cheveux blonds, balayés par le vent, à peine visibles dans les mèches pâles. Ses joues étaient colorées, ses lèvres rouges, et sa moue prononcée. Il marmonna un juron et se fraya un passage entre eux, bousculant Ginny et la faisant presque tomber en arrière. Ginny leva un sourcil perplexe en le regardant s'éloigner.

« Je crois qu'il commence à bien nous aimer.

— Clairement. Il a même touché nos vêtements.

— Nos sales vêtements de traîtres à nos sangs. »

Avec un rire, ils sortirent dans le froid. Harry ne pouvait s'empêcher de se demander ce que Malefoy faisait dehors. Il avait volé, à l'évidence, mais le fait qu'il ait été seul était intéressant. Cela dit, maintenant que Harry y pensait, Malefoy était seul la plupart du temps.

Le paysage dehors était beau, tout était blanc et tranquille, avec la neige vierge qui recouvrait les rochers et la vieille herbe jaune. Harry oublia tout ce qui concernait Malefoy et les élèves attaqués quand il prit son envol. Je devrais voler plus souvent. Il se promit de le faire. Tout avait l'air plus petit vu d'en haut : le château, le lac, ses soucis.

Ginny et lui passèrent le reste de l'après-midi à jouer au Quidditch et à faire des courses autour du terrain. Ginny ne lui avait pas lancé de Souaffle dans la tête, mais elle avait marqué plus de buts qu'il ne l'aurait voulu. Il y avait eu un moment gênant quand il avait dit « Bon sang, il fait froid ! » et qu'elle avait répondu « tu voudrais bien une couverture, là, hein ? » et puis un Souaffle l'avait atteint en pleine poitrine et lui avait coupé le souffle.

Mais tandis qu'ils reprenaient le chemin du château, épuisés et gelé, Ginny avait l'air beaucoup plus heureuse et détendue.

Ils manquèrent le dîner, mais Hermione avait des sandwichs pour eux quand ils arrivèrent dans la salle commune.

« On est passé par les cuisines, dit Hermione. Et j'en ai profité pour demander aux elfes s'ils avaient remarqué quelque chose d'étrange. Comme de la nourriture qui disparaîtrait, ce genre de choses.

— Je croyais qu'on n'avait plus de nouvelles du Vampire de Poufsouffle, dit Ginny.

— Moui, mais bon, j'ai pensé que ça ferait pas de mal de demander.

— Et ? intervint Harry.

— Si de la nourriture a disparu, ils ne l'ont pas remarqué. Mais ils m'ont parlé d'autre chose. »

Hermione se mordit la lèvre et regarda Ron.

« Vas-y, dis-lui. »

Harry retint sa respiration.

« Et bien, heu, je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire, mais... ils disent qu'ils ont généralement du mal à nettoyer et ranger les salles, particulièrement la salle des trophées, parce que Peeves vient tout le temps et fiche le bordel. Mais dernièrement, ça a arrêté de se produire. Et c'est là que j'ai, que nous avons réfléchi, et on a parlé à pas mal d'élèves et de fantômes et... personne n'a vu Peeves depuis un moment. Et ça ne lui ressemble pas du tout. C'est comme s'il avait... disparu.

— Peeves ? »

Harry fronça les sourcils.

« Qu'est-ce que tu es en train de dire ? Que quelqu'un l'a enlevé ? Détruit ? Personne n'est capable de se débarrasser de Peeves. Même Dumbledore ne le pouvait pas.

— Je sais, dit Hermione. Mais avec l'Armée de Dumbledore qui parcourt tous les couloirs chaque nuit, on aurait dû le voir. Ou les fantômes ! Sir Nicholas garde toujours un œil sur lui, et le Baron Sanglant aussi. Mais ils ne l'ont pas vu non plus.

— C'est... »

Harry ne savait pas quoi en penser. Peeves faisait partie de l'école. Il était indestructible. Enervant et carrément insupportable, mais toujours fidèle à Poudlard. Il s'était battu à leurs côtés lors de la bataille.

« ...perturbant.

— Vraiment ? grimaça Ron. Je ne l'ai jamais vraiment aimé, je dois dire.

— Oui, personne ne l'aimait, mais ce n'est pas le problème, dit Hermione. Il est à Poudlard depuis que l'école a été fondée. Comment a-t-il pu disparaître comme ça ?

— Peut-être qu'il va revenir, dit Ginny. Peut-être que quelqu'un lui a piqué son chapeau et qu'il boude.

— Peut-être », dit Harry.

Mais cette nuit-là, il n'arriva pas à dormir. Tellement de choses familières avaient disparu. La Salle sur Demande, la Carte, et maintenant Peeves. Harry se retourna dans son lit, ses pensées tournant en boucle jusqu'à ce qu'il bascule finalement dans un sommeil agité.  

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