Le vampire de Pouffsouffle - 4

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  Quand il finit par se lever, la journée s'écoula avec une lenteur insupportable. Ils n'avaient pas cours, et personne n'était d'humeur à étudier. Même pas Hermione. Le pire était que comme tout le monde parlait de ce qui était arrivé à Greyback et de l'incendie, il entendit les gens prononcer le nom de Malefoy si souvent qu'il commençait à se dire qu'il était en train de devenir fou et que c'étaient ses propres pensées qu'il entendait dans tout le château. 

Il ne pouvait pas s'arrêter de penser à Malefoy. Il lui avait envoyé un message pendant le petit-déjeuner, vu que Malefoy ne s'y était pas montré, pour lui demander si tout allait bien. Son Gallion avait aussitôt chauffé et les mots Très bien s'y étaient inscrits. Même s'il était content que Malefoy aille bien, plus il le regardait, plus le message lui semblait sec. Il avait réessayé, plusieurs fois au cours de la journée, et Malefoy avait répondu à chaque fois, mais avec des messages tels que « bien », « très bien, Potter », et enfin « Fous-moi la paix ». Peut-être que Malefoy aurait bien voulu rajouter quelque chose de pas très poli comme « putain » ou « bordel », mais à cause de la limite de quatre mots il ne pouvait pas.

Harry s'en voulait juste un peu. Il ne s'était pas franchement attendu à ce que Malefoy fasse irruption dans la Grande Salle, se précipite vers Harry et se montre super amical, mais il ne s'était pas non plus attendu à ce qu'il ait l'air si agacé envers lui. Il aurait sans doute dû. Juste parce que lui ne regrettait pas ce qui s'était passé la veille ne voulait pas dire que c'était la même chose pour Malefoy. Harry s'était senti un peu mieux quand il avait entendu que Pomfresh l'avait laissé sortir de l'infirmerie – il aurait pu passer lui-même à l'infirmerie, mais il avait peur de croiser Mme Pomfresh. Si Malefoy était sur pied, il y avait de bonnes chances que Harry le voie à neuf heures pour leur patrouille. Ce qui était bête, c'est que Harry avait prévu de faire un truc ce soir et qu'il lui faudrait abandonner Malefoy et le laisser aux soins de Ron et Hermione, mais il était décidé à ne pas mettre son plan à exécution avant d'avoir eu l'occasion de parler à Malefoy, même juste un peu. 

Il avait l'impression que neuf heures ne viendrait jamais. Quand ce fut enfin l'heure, il courut carrément jusqu'aux cachots. Sous peu, les sœurs Greengrass sortirent de leur salle commune, suivies de près par Zabini, mais pendant un long moment, il n'y eut pas de signe de Malefoy. Sa montre disait que Malefoy n'avait que cinq minutes de retard, mais ça ne pouvait pas être vrai. Sûrement pas. 

Malefoy finit par sortir, faisant la tête avant même de voir Harry. Quand il l'aperçut, son visage ne fit que s'assombrir. Harry était tenté de lui sauter dessus et de l'embrasser, mais Malefoy dit :

« Goyle a disparu. »

Alors Harry refréna sa pulsion. 

« Tu es inquiet ? demanda-t-il.

― Bien sûr que je suis inquiet, aboya Malefoy. C'est un pauvre idiot et Merlin seul sait ce qu'il est en train de fabriquer. Et je lui avais clairement dit de rester ici après neuf heures. D'habitude il écoute.

― D'accord, se hâta de répondre Harry. On va le retrouver. »

Il jeta un coup d'œil discret à sa montre ; il avait encore un peu de temps, mais il n'avait pas prévu de le passer à chercher Goyle. C'était inquiétant, cela dit. Deux jours auparavant, quand un élève manquait à l'appel, ils le retrouvaient à embrasser son copain ou sa copine dans un placard. Les choses n'étaient plus aussi simples. 

« On devrait essayer les cuisines, dit Malefoy. Même s'il est toujours trop violent avec cette poire et qu'elle ne le laisse jamais rentrer. Je ne sais même pas pourquoi il essaie. »

Harry hocha la tête et ils prirent le chemin des cuisines. Ce n'était pas loin et Harry n'eut pas le temps de décider comment commencer la conversation. Le silence semblait très bien convenir à Malefoy. Harry fronça les sourcils pendant que Malefoy chatouillait la poire. La poignée de porte apparut aussitôt et Malefoy essaya d'ouvrir la porte mais sans succès.

« C'est bizarre, dit-il. C'est fermé à clé. Ce n'est jamais fermé à clé. »

Tandis que Malefoy sortait sa baguette pour essayer d'ouvrir la porte avec de la magie, Harry réfléchit au fait que c'était peut-être fermé à clé à cause de ce qui s'était passé ce matin. Peut-être que les elfes de maison ne voulaient pas que d'autres élèves les surprennent en train de se reposer. Ce qui était ridicule, vraiment ; ils avaient raison, le château était impeccable. Ils faisaient leur travail merveilleusement bien. 

« Si c'est fermé c'est qu'il n'est pas là, dit Harry comme Malefoy commençait à s'énerver. »

Si c'était les elfes qui avaient fermé la porte, elle serait dure à ouvrir. 

« Ou bien tu penses qu'ils l'ont kidnappé ? »

Malefoy se retourna, les sourcils toujours froncés. Harry s'attendait à ce qu'il se mette à crier, mais il soupira avec résignation et rangea sa baguette.

« On pourrait essayer la bibliothèque, suggéra Harry.

― La bibliothèque ? s'étouffa Malefoy.

― Tu as dit qu'il avait acheté des potions d'Intelligence. Il doit être inquiet pour ses ASPICs. Peut-être qu'il voulait étudier au calme. »

Malefoy n'avait pas l'air convaincu mais il grommela quelque chose et prit le chemin des escaliers. Harry en déduisit qu'il avait accepté son idée. 

Ils étaient arrivés à l'escalier principal quand Harry ne put juste plus le supporter.

« Alors on va pas du tout se rouler de patins ? demanda-t-il. »

Malefoy se figea, les yeux écarquillés.

« Pardon ?

― Tu es en colère contre moi ? »

Harry se rapprocha.

« Pourquoi ? Parce que Pomfresh nous a trouvés ? Est-ce qu'elle a dit quelque chose ? »

Malefoy le regardait toujours fixement, silencieux, choqué.

Tu es réel. Est-ce que Malefoy avait changé d'avis ?

Harry lui toucha le bras doucement.

« Je suis réel, tu te rappelles ? »

Il se sentait stupide de dire ça, mais le visage de Malefoy s'éclaira.

« Bien sûr que tu l'es, dit-il avec un effort visible pour paraître nonchalant. Je sais bien. »

La seconde suivante, ils s'embrassaient. Les mains de Malefoy avaient retrouvé ses cheveux, ses lèvres étaient fermes et chaudes contre celles de Harry, sa langue se frayait un chemin dans sa bouche ; Harry était tellement soulagé qu'il en avait le vertige. Il avait eu envie de ça toute la journée ; il avait commencé à se dire que ça ne viendrait jamais. 

« Beurk, dit quelqu'un.

― On est en avance ? demanda une autre voix. »  

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