Une découverte stupéfixante - 4

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Ils quittèrent le dortoir et cela sembla apaiser les autres élèves. Ils s'en allèrent aussi, disparaissant dans les couloirs mal éclairés en chuchotant. Quelqu'un murmura « Sauveur » et on se mit à rire dans le couloir. Harry essaya de repérer un éclair de cheveux blonds mais ne vit rien.

Ron frissonna tandis qu'ils marchaient dans le couloir.

« Il fait si froid ici. Et sombre. C'est déprimant. Si c'était moi, j'aurais sûrement envie de faire apparaître quelques bougies.

— McGonagall a raison, tu sais, dit Hermione. C'est franchement improbable qu'un première année ait accidentellement fait quelque chose de si puiss... »

Elle s'interrompit quand ils atteignirent la salle commune. Les sourcils froncés, elle regardait en direction de la cheminée. Harry suivit son regard et trouva Malefoy assis sur l'un des fauteuils en cuir vert près du feu. Il fixait Harry d'un air plus hautain que jamais dans la semi-pénombre.

En dehors de lui, la salle commune était vide ; Harry remarqua une autre porte à l'autre bout de la salle qui devait mener aux dortoirs des filles. Elle était fermée ; les filles n'étaient même pas au courant de ce qui s'était passé.

« Allez-y, dit-il à Ron et Hermione. Je vous rattrape dans une minute. »

Ils échangèrent un regard sombre, mais partirent même si c'était visiblement à contrecœur. Harry savait déjà qu'ils l'attendraient à la sortie, et écouteraient peut-être à travers la porte.
Malefoy observa leur échange en silence. Quand Harry arriva devant lui, il remarqua que ses cheveux avaient l'air en désordre, emmêlés, ce qui était bizarre pour Malefoy. Ça adoucissait ses traits et le faisait paraître plus jeune qu'il n'était. Mais sa peau, colorée par la lueur verte des lampes, avait un teint cireux.

« Il faut vraiment que tout soit vert ici ? » demanda Harry.

Malefoy ignora son commentaire et se leva, l'air assez stressé.

« Je vais juste te dire un truc et puis tu peux partir. J'ai pas envie que tu passes toute la journée de demain à me suivre partout pour essayer de m'interroger, alors voilà ta réponse : je n'ai pas mis le feu au dortoir. »

Harry cligna des yeux.

« Je n'ai jamais pensé que tu l'avais fait », dit-il franchement.

Malefoy renifla.

« C'est ça. Alors pourquoi tu as envoyé Granger pour t'assurer que je finisse pas le boulot avec Peterson ? »

Je l'ai envoyée pour qu'elle te protège. Il sembla à Harry que c'était mieux de ne pas le dire à haute voix.

« Ça ne m'est même pas venu à l'esprit que tu aies fait ça. Surtout pas avec, ben... du feu. »

Malefoy grimaça et détourna le regard.

« Cela dit... »

Harry fronça les sourcils.

« Pourquoi est-ce que j'aurais pensé que tu voulais du mal à Peterson ? Pourquoi lui, en particulier ? »

Malefoy lui jeta un regard.

« Bien sûr. Parce que tu ne sais pas pourquoi. »

Sa voix était ironique ; à l'évidence il pensait que Harry en savait plus sur le première année que ce qu'il en disait.

« Il t'a donné un coup de pied en public, lui aussi ? » demanda Harry.

Malefoy resta à le fixer.

« Merlin. Tu n'es même pas... »

Il se passa une main dans les cheveux, en redressant les pointes.

« Je ferais aussi bien de te dire. »

Il était encore plus en colère maintenant, se rendant compte qu'il n'aurait pas dû parler de Peterson.

« Les Peterson sont une vieille famille de Sang Pur mais le père de Jamie – le gamin – est un Cracmol, et sa mère est une Moldue. Ça en fait presque un... Né de Moldu. »

Malefoy haussa les épaules.

« Il ne s'est pas bien adapté. Il n'aurait jamais dû être réparti à Serpentard. »

Harry se rappela du jeune préfet de Serpentard qui s'était moqué en disant que Peterson avait peur de tout. Il ne s'est pas bien adapté. Ce qui voulait dire qu'une partie des autres élèves le tyrannisait. A une époque, Harry aurait facilement accusé Malefoy de faire partie des persécuteurs ; à une époque, Malefoy en aurait été un, mais le Malefoy qui se tenait devant lui semblait... trop préoccupé pour s'embêter avec ça.
Harry devait être resté silencieux trop longtemps car Malefoy perdit patience :

« Voilà, Potter. Un mobile. Qu'on te sert sur un plateau d'argent. Je suppose que maintenant tu penses que je l'ai vraiment fait. Et bien je vais le redire parce que tu es plutôt lent et que j'ai pitié : je ne l'ai pas fait. »

Harry sentit que ses lèvres étaient sur le point de s'étirer en un sourire.

« Ben, si tu l'avais fait, ça voudrait dire que tu es plus désaxé que je ne pensais. Considérant le fait que tu as ressenti le besoin de me faire remarquer que tu avais un mobile. »

Malefoy n'apprécia visiblement pas le commentaire.

« Ce n'est pas de ma faute si tu es merdique comme Auror et qu'il faut que je fasse le boulot à ta place.

— Oh ? Alors comme ça tu veux aider ? Parce que tu peux. Tu as dit que le gamin ne s'est pas bien adapté. Je suppose que ça veut dire que les autres élèves... »

L'ont tyrannisé, pensa-t-il sans le dire. Affirmer ça risquait de forcer Malefoy à vouloir défendre sa Maison et ses élèves. Comment un Serpentard dirait-il ça ?

« N'ont pas beaucoup d'affection pour lui, finit-il. Tu peux me dire qui ? »

Malefoy se mit sur la défensive malgré tout.

« Comment je saurais ? Je passe pas mon temps à surveiller les première année. De toute façon, qu'est-ce que ça change ? Il y avait d'autres première année dans la pièce. Tous des Sang Pur. Si quelqu'un avait voulu se débarrasser de Peterson, il l'aurait fait à l'écart des autres. Il ne les aurait pas mis en danger. L'un d'eux est le petit frère de Zabini. Faudrait être débile pour vouloir lui faire du mal. »

Harry était franchement surpris. Le garçon que Zabini avait dans les bras quand Harry avait fait irruption dans la salle commune devait être son frère, alors. Zabini avait eu l'air si calme et avait utilisé des remarques sarcastiques plutôt que des réponses claires. Son attitude avait calmé Harry. Mais Zabini avait dû être en train de paniquer comme un fou. Il s'était précipité à l'infirmerie plus vite que tous les autres. Maudits Serpentard. Est-ce que le froid des cachots avait gelé leur sang et leurs muscles, les rendant incapable de réagir comme des gens normaux ? Malefoy avait toujours été plus facile à provoquer, se mettant vite en colère, il était celui qui se faisait remarquer.

« Peut-être que tu devrais me donner une liste d'élèves débiles, alors ? » suggéra Harry.

La mâchoire de Malefoy se crispa.

« Je ne vais pas faire de liste pour toi. »

Harry s'en serait douté.

« Dis-moi, Malefoy, si tu penses que c'est un si mauvais mobile, pourquoi est-ce que tu l'as seulement évoqué ?

— Parce que tu n'es pas rationnel et que tu n'aurais pas compris qu'il est illogique de supposer que quelqu'un ait voulu se débarrasser de Peterson tout en risquant la vie des autres élèves.

— Oh, je sais pas. J'ai connu quelqu'un prêt à tout pour avoir ce qu'il voulait, et qui ne se souciait pas des gens qui pouvaient être blessés ou mourir à cause de ça. »

Les joues de Drago se colorèrent brusquement. Sa voix était basse quand il dit :

« Si tu parles de moi...

— Je parle de Voldemort, dit Harry. C'est lui qui disait que la pureté du sang était si importante et qu'il était si attaché aux Sang Purs, mais je crois me rappeler que quand ça l'arrangeait, il n'avait pas de problème à oublier que le sang pur était sacré. Ça ne lui posait pas de problème de le répandre. »

Harry réfléchit une seconde.

« Cela dit, il était plutôt débile, je te l'accorde. »

Malefoy détourna le regard à nouveau. Il semblait avoir du mal à regarder Harry dans les yeux trop longtemps d'affilée. Ce qui était étrange. Ça ne lui avait jamais posé de problème avant.

« Je t'assure que... »

L'espace d'un instant, Harry fut certain que Malefoy allait dire le nom de Voldemort. Ses lèvres commencèrent même à former un V, mais apparemment il changea d'avis au dernier moment. Mais le simple fait de voir Malefoy essayer de dire le nom, voulant le dire, mit du baume au cœur de Harry, même s'il ne savait pas vraiment pourquoi. Il toussa pour cacher un sourire involontaire.  

« Il ne manque à personne par ici. »

« Peut-être, dit-il. Mais est-ce que tu peux affirmer qu'aucun élève ici ne pense que Voldemort avait de bonnes idées ? »

Malefoy eut soudain l'air fatigué.

« Je ne sais pas. Je ne peux pas t'aider, Potter. »

Il se passa à nouveau la main dans les cheveux, cette fois pour les peigner de façon à ce qu'ils restent en place.

« Tu peux. »

Et tu le feras. Harry était en train d'élaborer un plan. Plutôt vague pour le moment. Il ne savait pas trop comment le mettre en place, mais il avait eu ça en tête depuis qu'il avait rassemblé l'Armée de Dumbledore. Mais ce n'était pas le bon moment pour en parler.

« C'est juste que tu ne veux pas. »

Malefoy ne démentit pas. Il ne dit rien du tout et Harry en conclut que la conversation était terminée.

« Ne laisse pas McGonagall te trouver ici, ne put-il s'empêcher de dire avant de prendre la direction de la porte.

— Potter ! » appela Malefoy.

Harry se retourna, les sourcils levés. Malefoy avait de nouveau un visage fermé.

« Pour ton information, dit-il, je peux pas supporter le vert. »

Harry hocha la tête, perplexe, se demandant si c'était pour la couleur de ses yeux ou bien si Malefoy pensait à l'Avada Kedavra.

« Je m'en rappellerai quand je choisirai ton cadeau de Noël », dit-il en sortant. 

Ron et Hermione étaient exactement là où Harry pensait qu'ils seraient : pile devant la porte. 

« Alors tu penses que l'un des élèves de Serpentard a essayé de tuer le petit Peterson ? demanda Hermione sans se donner la peine de faire comme s'ils n'avaient pas écouté sa conversation avec Malefoy.

— Je crois que je commence à manquer de théories plausibles », dit Harry tristement.

S'il y avait une chose dont il était sûr, c'est qu'il y avait trop d'accidents à Poudlard cette année.


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